Honoraires de location gelés, marché sous tension : les agences immobilières tirent la sonnette d’alarme. Les professionnels de l’immobilier font face à une “triple peine” : stagnation des honoraires de location depuis dix ans, recul du marché locatif, et flambée des charges opérationnelles. Dans ce contexte critique, le Syndicat National des Professionnels Immobiliers (SNPI) interpelle le gouvernement sur l’urgence d’une revalorisation des frais d’agence. La ministre du Logement, Valérie Létard, s’est dite favorable à une révision des plafonds tarifaires. Mais, cette annonce suffira-t-elle à redresser un secteur au bord de l’asphyxie ?
Sommaire :
- Pourquoi les honoraires de location stagnent-ils depuis une décennie ?
- Comment la contraction du marché locatif aggrave-t-elle la situation ?
- Quelles charges supplémentaires pèsent sur les professionnels ?
- Quel impact sur la qualité du service locatif ?
- Quelles solutions propose le SNPI ?
À retenir
- Les honoraires de location sont bloqués depuis 10 ans malgré la loi ALUR prévoyant une révision annuelle des barèmes
- Le stock de logements disponibles a chuté de 22% à 33% selon les classes énergétiques DPE
- Les charges des professionnels explosent avec notamment 1350€ HT/an de formation obligatoire pour les négociateurs immobiliers
- Valérie Létard, ministre du Logement, se déclare favorable à une revalorisation des commissions d’agence
- Le SNPI réclame un mécanisme de révision automatique des plafonds et une indexation régulière
Pourquoi les honoraires de location stagnent-ils depuis une décennie ?
Le problème des honoraires de location remonte à la loi ALUR de 2014. Initialement, ce dispositif prévoyait une révision annuelle des plafonds pour maintenir l’équilibre entre pouvoir d’achat des locataires et viabilité économique des agences. Cependant, cette révision automatique n’a jamais été appliquée.
Le cadre réglementaire actuel
Le décret n° 2014-890 du 1er août 2014 encadre le plafonnement des honoraires de location imputables aux locataires. Selon les décisions du Conseil d’État des 20 décembre 2024 et 7 mai 2025, ce décret n’instaure aucun mécanisme de révision automatique. Plus grave encore, le Conseil a écarté toute erreur manifeste d’appréciation du ministre concernant son refus de procéder à cette révision.
L’impact des décisions administratives
Les demandes conjointes du SNPI, de la FNAIM et de l’UNIS ont été rejetées à deux reprises. Ces rejets créent un déséquilibre flagrant qui met les professionnels face à une situation économiquement intenable.
Comme le souligne Alain Duffoux, président du SNPI : “Nous refusons d’être les boucs émissaires d’une politique déconnectée. Il en va de la survie de nos structures, de la qualité du service rendu et de l’équilibre du marché locatif tout entier”.
Comment la contraction du marché locatif aggrave-t-elle la situation ?
Les récentes interdictions concernant les logements énergivores ont durement frappé le secteur. Selon le rapport de la Cour des comptes “La mise en œuvre du diagnostic de performance énergétique” publié en juin 2025, “le stock de biens à louer aurait chuté de 22 % pour les logements classés A à D entre mi-2021 et mi-2023, et de 33 % pour les logements classés F et G”.
En outre, cette diminution drastique de l’offre entraîne mécaniquement une baisse des honoraires de location perçus. Elle accentue la fragilité économique des agences immobilières. La raréfaction de l’offre locative crée un cercle vicieux où les professionnels voient leurs revenus diminuer alors que leurs charges augmentent.
Quelles charges supplémentaires pèsent sur les professionnels ?
Les professionnels de l’immobilier subissent une inflation continue touchant tous les postes :
- coûts administratifs,
- frais de fonctionnement,
- assurances,
- services externalisés.
Parallèlement, les exigences réglementaires deviennent de plus en plus strictes. Et, des investissements supplémentaires sont nécessaires pour maintenir la conformité.
De même, la formation continue pour le renouvellement de la carte professionnelle des agents immobiliers et des administrateurs de biens représente un coût annuel moyen de 1350 € HT pour une agence de taille moyenne avec trois collaborateurs. À cela s’ajoute le coût de la formation initiale des futurs collaborateurs habilités, dont le décret d’application est encore attendu.
Ces dépenses, indispensables au maintien de la qualité du service et à la conformité réglementaire, viennent alourdir les charges des professionnels sans aucune compensation par une revalorisation des honoraires de location.
Quel impact sur la qualité du service locatif ?
Présentées comme une “bonne nouvelle” pour les locataires, ces décisions occultent une réalité économique inquiétante. Si les frais à charge des locataires sont gelés, la qualité du service pourrait mécaniquement en pâtir. Moins de moyens pour les professionnels signifie à terme moins d’accompagnement, moins de disponibilité et une dégradation de l’expérience locative pour tous.
Ainsi, le gel prolongé des honoraires de location s’apparente à une dévalorisation du travail réalisé par les agences et leurs collaborateurs. À l’heure où le logement est au cœur des préoccupations sociétales, il devient impératif de préserver un tissu professionnel solide, formé et motivé. Personne ne sortira gagnant de cette situation. Les locataires risquent de subir une baisse de la qualité du service, tandis que les professionnels voient leur modèle économique remis en question.
Quelles solutions propose le SNPI ?
Lors d’une réunion consacrée à la rénovation énergétique et à la qualité du parc locatif privé, tenue le 22 mai dernier à l’hôtel de Roquelaure, Valérie Létard, ministre en charge du Logement, s’est déclarée favorable à une revalorisation des honoraires de location. Fort de ce soutien, le SNPI appelle le Gouvernement à adopter, dans les plus brefs délais, un texte prévoyant la révision des plafonds applicables aux honoraires de location. Ce texte devrait inclure :
- La fixation de nouveaux plafonds
- La mise en place d’un mécanisme de révision automatique
- Un calendrier de mise en œuvre rapide
Le SNPI et l’ensemble de ses membres appellent à la revalorisation des plafonds d’honoraires de location et à son automaticité. Cette revalorisation permettrait de restaurer l’équilibre économique du secteur et de garantir la pérennité des services aux locataires.