“Les Français et l’immobilier”, sondage OpinionWay pour Laforêt, vise à explorer et décrypter l’attitude des Français face aux projets immobiliers. La récente crise économique a complexifié l’accès au crédit immobilier. Or, cette situation freine particulièrement les emprunteurs au dossier moins robuste, exacerbée par la hausse des taux d’intérêt. En conséquence, les projets immobiliers des Français rencontrent des freins. Cependant, malgré ces obstacles, une détermination croissante à concrétiser les projets immobiliers se fait sentir, surtout chez les jeunes. Parallèlement, l’intérêt pour l’acquisition de “passoires thermiques”, interdites à la location, mais prometteuses après rénovation, s’accroît. Cette tendance offre une voie alternative dans le marché immobilier actuel.
Impact de la crise économique sur l’accès au crédit immobilier
Renforcement des conditions de prêt par les banques et répercussions sur les Français
La crise économique actuelle a conduit les banques à renforcer leurs conditions d’acceptation de prêt. D’après les récentes statistiques de la Banque de France, on constate une baisse significative de l’octroi de nouveaux crédits. Puisqu’il recule de plus de 41% sur un an ! Dans ce cadre difficile, environ 60% des Français perçoivent les critères actuels comme un obstacle majeur. D’ailleurs, ils sont convaincus que les banques rejetteraient leur demande de crédit immobilier (58%). Et, cela les dissuaderait de se lancer dans un achat (56%).
> Consulter notre article sur : “Etude Foncia : quelle évolution du marché immobilier ancien en 2023 ?”
Impact sur les potentiels Primo-Accédants et les ménages aux finances fragiles
Pour les primo-accédants, qui ne possèdent pas encore de bien immobilier, les conditions de crédit actuelles représentent un frein important. En effet, deux tiers d’entre eux (66%) s’attendent à un refus catégorique des banques. C’est pourquoi, plus de la moitié (59%) se sentiraient découragés à l’idée d’accéder à la propriété pour cette raison.
De même, la situation est particulièrement pessimiste pour les Français aux finances plus précaires. Parmi les catégories populaires, 66% s’attendent à un refus de leur demande par les banques. En comparaison, cette appréhension est moins marquée chez les catégories supérieures, où seulement 49% partagent cette inquiétude.
> Consulter notre article sur : “Marché immobilier de l’Ancien : les excès passés grippent l’engrenage”
Les français et l’immobilier : évolution des perceptions sur les taux d’intérêt
Aujourd’hui, un tiers des personnes interrogées (32%) déclare que les taux d’intérêt n’influenceraient pas leurs projets immobiliers. On observe ainsi une augmentation de 6 points depuis décembre 2022.
Cette tendance illustre comment, malgré une crise économique prolongée, la volonté des Français de réaliser leurs projets immobiliers s’intensifie. Ils surpassent progressivement les obstacles conjoncturels. Cependant, une majorité de Français considère toujours le niveau des taux comme un frein significatif. Ainsi, ils sont 64% à reconsidérer leur projet immobilier pour cette raison, une légère baisse par rapport à septembre 2023.
> Consulter notre article sur : “Pouvoir d’achat immobilier : bilan 2023 et prévisions 2024”
Attitude des jeunes adultes et des foyers à revenus modestes
Chez les 25-34 ans, l’importance accordée au niveau des taux diminue. Actuellement, 38% d’entre eux affirment qu’ils ne remettraient pas en question leur projet immobilier à cause des taux. Contre 31% en décembre 2022.
De plus, même les Français aux revenus les plus modestes semblent moins dissuadés par les taux d’intérêt. À présent, 38% des répondants avec un revenu familial inférieur à 2000 euros par mois ne reconsidéreraient pas leur projet immobilier pour cette raison. Ce qui représente une hausse de 3 points depuis septembre 2023 et de 6 points depuis décembre 2022.
Ce qu’il faut retenir :
- Un quart des Français a dû annuler ou reporter des projets immobiliers à cause de la situation économique actuelle (23%).
- Parmi les non-propriétaires, un tiers regrette de ne pas avoir investi plus tôt dans l’immobilier (34%). Ils soulignent la perception de l’immobilier comme valeur refuge malgré un contexte de marché difficile.
- Les jeunes Français sont particulièrement impactés. Puisque 39% des moins de 35 ans ont dû annuler ou retarder leurs projets immobiliers. Et, cela comparé à seulement 12% des personnes de 50 ans et plus.
Les français et l’immobilier : Perspectives pour 2024
Pour 2024, le marché immobilier français n’affiche pas de signes de reprise significative. Les intentions d’achat restent stables par rapport à l’année précédente. En effet, 15% des Français envisagent d’acheter un bien immobilier, contre 14% en 2023. Notons que ces intentions d’achat sont principalement portées par les moins de 50 ans (23% contre 8% chez les plus âgés) et les parents (20% contre 13% chez les non-parents).
Effet limité des mesures gouvernementales
Les mesures gouvernementales récentes, telles que l’assouplissement des conditions d’accès au Prêt à Taux Zéro (PTZ), semblent avoir un impact limité sur la volonté des Français d’investir dans l’immobilier. Seuls 23% des Français se disent encouragés par ces mesures.
En parallèle, la FNAIM estime la baisse des ventes d’au moins 20% pour l’année 2023. Avec des acheteurs hésitants ou déçus par les banques, les vendeurs sont incités à ajuster leurs prix pour séduire. Aussi, un tiers des Français indique qu’ils seraient prêts à baisser le prix de vente de leur bien en 2024 pour attirer des acquéreurs (36%). Ce contexte marque une période de transition pour le marché immobilier, en attente d’une relance économique.
Quels sont les opportunités et défis en 2024 ?
Investissement dans les logements “Passoires Thermiques” face à un marché difficile
Dans un contexte de marché immobilier tendu et de pouvoir d’achat limité, les Français perçoivent l’investissement et la rénovation de “passoires thermiques” comme une opportunité notable. Cette tendance se renforce en raison de la hausse des prix de l’énergie et des réglementations plus strictes sur les performances énergétiques des logements. En effet, la majorité des sondés considère l’achat et la rénovation de ces logements comme une bonne stratégie d’investissement immobilier (52%).
Faible impact des JO 2024
L’approche des Jeux Olympiques de 2024 a un impact limité sur l’intérêt des Français pour l’immobilier locatif. Actuellement, seulement 9% des sondés sont motivés par cet événement pour investir dans la location. En particulier, les Français aux revenus inférieurs à 2000 euros par mois montrent un intérêt décroissant (12% se disent incités par les JO 2024).
Importance croissante du DPE
Par contre, 83% des personnes interrogées accordent une grande importance au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) lors de la consultation d’annonces immobilières. Malgré cela, plus d’un quart serait prêt à louer un logement avec un DPE défavorable si ce dernier répond à leurs autres critères (28%). Ce qui révèle un manque de connaissance persistant sur ce sujet.
Les Français plus aisés, en particulier ceux dont les revenus mensuels dépassent 3500 euros, envisagent plus volontiers de rénover des logements “passoires thermiques” (57%). De plus, la volonté de louer des biens avec un DPE négatif est plus prononcée dans les zones où le marché immobilier est tendu. Notamment en Île-de-France (35% contre 28% en province). Ce qui souligne les différences régionales dans les stratégies immobilières.
“Alors que 2024 commence avec quelques signaux positifs, comme le reflux de l’inflation et la stabilisation progressive des taux d’intérêt, l’absence de mesures de relance concrètes laisse présager un premier semestre en demi-teinte, dans la continuité des derniers mois. En effet, dans les conditions actuelles, il semble difficile d’envisager une véritable relance de l’accès au logement.” – Yann Jéhanno, Président du réseau Laforêt.