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Gestion Comptable

Le traitement comptable des impayés en copropriété : méthodes et enjeux

Le traitement comptable des impayés en copropriété : méthodes et enjeux

Les impayés en copropriété constituent un véritable défi pour les syndics et les copropriétaires. Au-delà de la simple problématique financière, leur impact s’étend aux équilibres budgétaires, aux décisions en assemblée générale (AG) et à la relation de confiance entre les acteurs de l’immeuble. Comment ces impayés sont-ils traités en comptabilité ? Quels outils permettent d’en assurer le suivi et quelles sont les obligations légales des syndics ? Plongée au cœur du traitement comptable des impayés en copropriété, avec les conseils d’experts en la matière.

Sommaire :

Un cadre légal et comptable bien défini

Le traitement comptable des impayés en copropriété repose sur une structure législative et réglementaire claire. Celle-ci est indispensable à une gestion rigoureuse des finances d’un immeuble. Trois textes majeurs encadrent cette gestion :

Un traitement comptable des impayés en copropriété

Loi du 10 juillet 1965 : le socle juridique

Cette loi constitue la pierre angulaire du statut des copropriétés. Elle établit l’obligation de chaque copropriétaire à contribuer aux charges de l’immeuble, proportionnellement à ses tantièmes. Notons que l’article 42 de cette loi a notamment réduit la prescription des créances impayées de 10 ans à 5 ans. C’est un changement majeur qui souligne l’importance d’un suivi régulier et d’actions rapides pour recouvrer les dettes.

“Si aucune action n’est engagée dans ce délai, le juge rejettera les créances échues, entraînant leur perte définitive” explique Patrice Manilève, président de TeamCopro.

Décret du 17 mars 1967 : les obligations comptables du syndic

Ce décret n°67-223 du 17 mars 1967 vient compléter la loi n°65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis. En effet, il précise les obligations du syndic en matière de comptabilité et d’information du conseil syndical.

  • Tenir une comptabilité d’engagement permettant de refléter les créances à leur date d’exigibilité.
  • Informer le conseil syndical de l’état des créances lors des assemblées générales (AG).

Ces dispositions visent à assurer une gestion transparente et rigoureuse des finances de la copropriété. Ainsi, elle permet au conseil syndical de suivre l’état des créances et des dettes, et de s’assurer de la bonne tenue des comptes par le syndic.

Toutefois, une lacune subsiste : “Dans 70 % des procès-verbaux d’AG que nous analysons, il n’est fait aucune mention explicite des impayés, même lorsqu’ils sont évoqués oralement”, souligne Patrice Manilève.

Bonnes pratiques :

  • Demander systématiquement la mise à jour des créances échues lors de chaque AG.
  • Exiger une copie écrite des rapports de situation d’impayés pour éviter l’oubli ou la négligence.

Règlement ANC n°2014-03 : une normalisation des comptes

L’Autorité des Normes Comptables (ANC) a édicté ce règlement afin d’uniformiser les pratiques de comptabilisation des impayés en copropriété.

Les points clés du règlement :

  • Créances échues. Elles sont inscrites au débit des comptes 45 (copropriétaires débiteurs).
  • Transfert en créances douteuses. Les impayés jugés irrécouvrables passent au compte 459 (clients douteux).
  • Provision pour créances douteuses. Ainsi une dotation par un débit du compte 68 et un crédit du compte 491, reflétant la perte potentielle.

Ce cadre permet d’anticiper les difficultés et d’éviter des surprises au moment des clôtures d’exercice.

Méthodes de traitement comptable des impayés en copropriété

Le traitement comptable des impayés en copropriété repose sur des mécanismes comptables précis. Ils sont dictés par l’Autorité des Normes Comptables (ANC) et appliqués par les syndics de copropriété. Deux grandes approches existent pour traduire ces dettes en comptabilité : le maintien sur les comptes individuels des copropriétaires et le transfert en créances douteuses.

Ces méthodes ne sont pas neutres. Comme l’explique Patrice Manilève :
“Le choix de la méthode dépend souvent de la taille de la copropriété et de son historique financier. Certaines copropriétés préfèrent isoler les impayés pour éviter de perturber la lecture des comptes courants.”

Méthodes de traitement comptable des impayés en copropriété
Les deux principales méthodes de comptabilisation

Premier acte clé : la comptabilisation des appels de charges. Trimestriellement, le syndic comptabilise les appels prévisionnels au débit du compte “Copropriétaires” et au crédit du compte “Appels de charges”. Sur un exercice, les soldes doivent correspondre au budget voté. Les impayés se matérialisent par un solde débiteur du compte “Copropriétaires”.

Comme le relève Patrick Pollantru, “Cela démontre l’importance d’un suivi infra-annuel rigoureux. Chaque trimestre, chaque appel doit être analysé pour identifier les retards et enclencher rapidement les actions adéquates.”

1. Le maintien sur les comptes des copropriétaires (compte 45)

Cette méthode consiste à laisser les dettes impayées au débit du compte du copropriétaire débiteur (compte 450). Les créances non réglées apparaissent directement dans l’annexe 1 des documents comptables, sous la rubrique “créances copropriétaires”.

Exemple pratique :
Une copropriété de 100 lots affiche des impayés cumulés de 18 000 € à la clôture des comptes au 31 décembre. Ces créances restent inscrites au débit des comptes 450 – Copropriétaires.

“On peut visualiser ces impayés en consultant l’annexe 1 transmise avec la convocation d’assemblée générale” explique Patrice Manilève. “Cependant, cette méthode peut fausser la lecture des soldes, notamment si les dettes deviennent anciennes.”

2. Le transfert en créances douteuses (compte 459)

Lorsque les impayés deviennent significatifs ou paraissent difficilement recouvrables, le syndic peut les isoler en les transférant au compte 459 – Créances douteuses. En effet, cette méthode permet de dissocier les créances en souffrance des comptes courants des copropriétaires.

Mécanisme comptable :

  • Transfert des créances douteuses. Débit du compte 459 (créances douteuses).
    Crédit du compte 450 (copropriétaires débiteurs).
  • Provision pour créances douteuses. Débit du compte 68 (dotations aux provisions).
    Crédit du compte 491 (provision pour créances douteuses).

Exemple pratique : un impayé de 5 000 € datant de plus de trois ans est transféré en créances douteuses. L’écriture suivante est passée :

  • 459 – Créances douteuses (Débit)=5000€
  • 450 – Copropriétaires (Crédit)=5000€

“Cela permet de ne pas affecter directement les charges de copropriété tant qu’une décision de justice n’a pas été rendue”, précise Patrick Pollantru, juriste et contrôleur de comptes.

Comparaison des méthodes : quels enjeux ?

Le maintien sur les comptes individuels est souvent privilégié pour son côté pratique. Puisqu’il permet un suivi détaillé, débiteur par débiteur. Ainsi, il reflète fidèlement la réalité des créances échues. Cependant, cette méthode peut entraîner des distorsions dans les comptes si les impayés s’accumulent.

Quant au transfert en créances douteuses, il est recommandé dès que les dettes deviennent anciennes ou difficilement recouvrables. Cela permet une meilleure visibilité des charges courantes, mais complexifie la gestion comptable.

Patrice Manilève insiste sur la nécessité de suivre régulièrement les créances douteuses : “Il ne suffit pas de transférer des impayés en créances douteuses pour régler le problème. Chaque trimestre, le syndic doit réévaluer la situation et ajuster les provisions en conséquence.”

Par ailleurs, le conseil syndical joue un rôle de contrôle fondamental. En effet, les membres du conseil syndical doivent demander au syndic des états trimestriels des créances échues et des créances douteuses. Ce suivi permet d’anticiper et d’éviter les mauvaises surprises lors de la clôture annuelle. Anticiper, suivre et isoler les créances en souffrance sont les piliers d’une gestion saine des comptes de copropriété.

Calcul du taux d’impayés : un indicateur clé

Le calcul du taux d’impayés est un outil essentiel pour mesurer la santé financière d’une copropriété. Il reflète l’ampleur des dettes impayées par rapport aux appels de fonds émis sur une période donnée. Cet indicateur permet d’anticiper les difficultés et d’engager, si nécessaire, des actions correctives.

Patrice Manilève insiste sur l’importance de cet indicateur : “Le taux d’impayés est le premier signal d’alarme. Il permet de savoir si la copropriété est sur une pente dangereuse et d’agir avant qu’il ne soit trop tard.”

Comment se calcule le taux d’impayés ?

Le calcul repose sur une formule simple :
Comment se calcule le taux d’impayés ?

  • Numérateur (Créances échues). Il s’agit du montant total des dettes impayées par les copropriétaires à une date donnée (souvent au 31 décembre lors de la clôture de l’exercice). Les montants des créances apparaissent dans l’annexe comptable n°1 (État financier) sous la rubrique “créances copropriétaires”.
  • Dénominateur (Appels de fonds). Ce montant correspond à l’ensemble des appels de fonds émis sur les 12 mois précédents. Précisons que les montants d’appels de fonds figurent dans les procès-verbaux d’assemblée générale ou directement dans la balance comptable du syndic.

“Nous effectuons ce calcul à la clôture de chaque exercice. Mais il peut être réalisé à tout moment de l’année pour obtenir une photographie instantanée de la situation”, explique Patrice Manilève.

Prenons l’exemple d’une copropriété de 80 lots qui clôture ses comptes au 31 décembre 2024 :

  • Créances échues au 31 décembre : 20 000 €
  • Appels de fonds sur l’année 2024 : 150 000 €

calcul taux d'impayés en copropriété

Anticiper les seuils d’impayés pour éviter la cessation de paiement

Ainsi, un taux supérieur à 15 % dans une copropriété de plus de 200 lots ou à 25 % pour une copropriété de moins de 200 lots déclenche une alerte légale. Dans ce cas, un taux de 13 % est encore gérable. Mais, il montre que des retards commencent à s’accumuler. Or, dès que ce taux dépasse 15 %, il devient impératif d’intervenir.

“Les syndics sont tenus de présenter ces chiffres lors de l’assemblée générale annuelle, mais il est recommandé de demander ces données trimestriellement afin d’anticiper d’éventuels dérapages. Cela permet de suivre l’évolution des créances et d’agir rapidement en cas de hausse anormale du taux”, conseille Patrick Pollantru.

Seuils d’alerte : une exigence légale - traitement comptable des impayés en copropriété
Seuils d’alerte : une exigence légale

Lorsque ces seuils sont atteints ou dépassés, la loi impose au syndic d’informer le conseil syndical et de saisir le juge pour désigner un mandataire ad hoc. En effet, ces seuils ne sont pas arbitraires. Ils permettent de prévenir des situations où la copropriété pourrait se retrouver en cessation de paiement. Ce qui aurait alors des conséquences lourdes pour tous les copropriétaires.

Patrice Manilève constate que cette obligation est rarement respectée :
“Beaucoup de syndics évitent ces démarches judiciaires, pourtant obligatoires. Résultat : la situation s’aggrave, mettant en péril toute la copropriété.”

Le conseil syndical peut demander à tout moment au syndic de fournir une balance des soldes des copropriétaires. Cette vigilance évite souvent que les dettes s’accumulent de manière incontrôlée.

Exemples pratiques : de l’appel de charges à l’impayé

Le traitement comptable des impayés en copropriété suit un processus rigoureux qui reflète les réalités financières de l’immeuble. Chaque étape, de l’émission d’un appel de charges jusqu’à la constatation d’un impayé, fait l’objet d’écritures comptables précises, garantissant la transparence et le suivi des créances.

De l’appel de charges à la créance échue

Lorsqu’un appel de charges est émis, chaque copropriétaire reçoit une notification indiquant le montant à régler. L’appel de charges est comptabilisé au crédit du compte 70 (appels de fonds) et au débit du compte 450 (copropriétaires).

Exemple pratique :
Le 1er octobre 2024, une copropriété de 50 lots émet un appel de charges trimestriel de 20 000 €. Voici l’écriture comptable correspondante :

De l’appel de charges à la créance échue - traitement comptable des impayés en copropriété
Le syndic considère le copropriétaire comme débiteur dès que la date d’exigibilité de l’appel est dépassée, enregistrant ainsi la créance comme échue.

Constatation des impayés et suivi des créances

Si un copropriétaire ne règle pas l’appel de charges à la date prévue, l’impayé est maintenu sur le compte 450. En fin d’exercice, ce montant est comparé au total des appels de fonds émis pour déterminer le taux d’impayés.

Exemple concret :

  • Appels de fonds annuels : 80 000 €
  • Impayés cumulés au 31 décembre : 12 000 €

Taux d’impayés :
calcul du taux d'endettement de la copropriété
Ce calcul simple permet de mesurer rapidement si l’on dépasse les seuils critiques de 15 % ou 25 %, selon la taille de la copropriété.

Transfert des créances douteuses

Lorsque les impayés deviennent significatifs ou anciens, le syndic peut transférer ces dettes en créances douteuses (compte 459). Cette opération évite de fausser les comptes courants et met en évidence les créances à risque. En effet, cela permet d’éviter que les comptes annuels ne reflètent une situation faussement positive. Les copropriétés doivent identifier clairement les créances présentant un risque de non-recouvrement.

Exemple de transfert :
Un copropriétaire présente une dette de 4 500 € datant de plus d’un an. Cette créance est transférée en créances douteuses à la clôture de l’exercice :

Transfert des créances douteuses

Dotation aux provisions pour créances douteuses

Dans le cadre du traitement comptable des impayés de charges en copropriété, lorsqu’une créance est transférée en créances douteuses, il est souvent nécessaire de constituer une provision afin de couvrir une éventuelle perte. Cette provision est enregistrée par une dotation au compte 68 (dotations aux provisions) et créditée au compte 491 (provisions pour créances douteuses), assurant ainsi une gestion rigoureuse des impayés.

Exemple d’écriture comptable :

Ecritures comptables créances douteuses

Résolution : règlement ou perte définitive

Si la créance est finalement réglée, elle est retirée du compte 459 et l’écriture est inversée. En cas de perte (prescription ou décision judiciaire), le montant est transféré au compte 654 (charges exceptionnelles).

Exemple de perte après jugement :

Résolution : règlement ou perte définitive
Ainsi, lorsque le juge rejette une partie de la créance, elle est immédiatement transférée en charges. Et, cela affecte directement les finances de la copropriété.

Qui paie quoi ? Répartition des frais liés aux impayés

Le syndic répartit les coûts de recouvrement liés au traitement comptable des impayés en copropriété selon la nature des actions engagées et les responsabilités de chaque partie. Il impute directement certains frais au copropriétaire débiteur, tandis que d’autres pèsent temporairement sur la trésorerie du syndicat des copropriétaires. Cette situation exige une gestion comptable rigoureuse pour maintenir l’équilibre financier de la copropriété.

Patrice Manilève explique :
“Il est important de bien comprendre qui doit payer quoi dans une procédure d’impayé. Certains frais sont avancés par la copropriété et remboursés par le débiteur. Mais parfois ces remboursements tardent ou n’arrivent jamais.”

Frais de relance et mise en demeure : à la charge du débiteur

Les frais de relance et de mise en demeure sont systématiquement imputés au copropriétaire débiteur. Selon l’article 9.1 du contrat type de syndic, ces frais comprennent :

  • Lettre de relance simple.
  • Mise en demeure par recommandé.
  • Transmission du dossier à un avocat ou à un huissier.

C’est le cas, par exemple, si un copropriétaire en retard de paiement reçoit deux relances et une mise en demeure. Chaque relance coûte 40 € et la mise en demeure 80 €, soit un total de 160 € directement imputé à son compte (compte 450). Ainsi, Ces frais n’apparaissent pas dans les charges générales de la copropriété. Puisque le syndic les facture individuellement au copropriétaire concerné.

Frais d’huissier et d’avocat : avance par la copropriété

Lorsque la situation nécessite l’intervention d’un huissier ou d’un avocat, la copropriété prend d’abord en charge les frais correspondants. En effet, le syndic avance ces frais en utilisant la trésorerie du syndicat. La copropriété ne reçoit le remboursement qu’après la régularisation de la situation par le copropriétaire débiteur.

Si le débiteur ne régularise pas sa dette, ces frais restent définitivement à la charge de la copropriété. Cela entraîne un déséquilibre dans les comptes, puisque la trésorerie doit compenser cette perte. À terme, cette situation peut fragiliser l’ensemble de la copropriété, affectant la capacité à financer d’autres projets ou dépenses courantes.

Jugement et article 700 : remboursement partiel

Lorsqu’une procédure judiciaire est engagée, le juge peut, sur la base de l’article 700 du Code de procédure civile, condamner le débiteur à rembourser une partie des frais d’avocat à la copropriété.

Cependant, Patrice Manilève met en garde :
“Les juges accordent rarement l’intégralité des frais engagés. Il est courant que seule une fraction des honoraires soit remboursée, laissant une partie à la charge de la copropriété.”

Diligences exceptionnelles : un point d’attention

Le syndic impute certains frais au copropriétaire débiteur lorsqu’il engage des diligences exceptionnelles. C’est le cas, lors de recherches complexes ou si pour des copropriétaires résidant à l’étranger.

Voici un cas concret. Lors d’une succession complexe impliquant un copropriétaire débiteur, le syndic engage des recherches prolongées. Elles génèrent des frais supplémentaires de 300 €. Ces frais sont facturés directement au copropriétaire concerné.

“Les diligences exceptionnelles doivent rester limitées. Il n’est pas acceptable d’imputer ce type de frais à l’ensemble des copropriétaires”, souligne Patrice Manilève.

Tableau récapitulatif des frais liés aux impayés
Tableau récapitulatif des frais liés aux impayés

La gestion des impayés ne s’arrête pas à la simple relance des copropriétaires. Chaque action génère des coûts que le syndic répartit avec précision pour ne pas alourdir injustement les charges de la copropriété.

Le rôle du conseil syndical : acteur de prévention

Le conseil syndical joue un rôle fondamental dans la prévention des impayés et le suivi des actions engagées par le syndic. À cet effet, il est l’organe qui veille à la bonne gestion des finances de la copropriété et assure un contrôle actif des créances. Attendre l’assemblée générale annuelle pour s’inquiéter des impayés est une erreur ! Le conseil syndical doit demander un état des dettes et créances échues tout au long de l’année.

Suivi régulier des créances et impayés

Le conseil syndical est encouragé à :

  • Demander des bilans trimestriels des créances.
  • Contrôler les relances engagées par le syndic et s’assurer qu’aucune prescription de créance n’intervienne faute d’action.
  • Vérifier l’état d’avancement des procédures engagées contre les copropriétaires débiteurs proches de la prescription légale de 5 ans.

Patrick Pollantru souligne :
Il ne faut pas attendre quatre ans et demi pour s’interroger sur une créance. Dès la première année d’impayé, la question doit être posée et suivie.

Absence de pouvoir d’intervention directe

Rappelons que le syndic engage les procédures de recouvrement sans l’autorisation du conseil syndical. Toutefois, le conseil syndical exerce une pression significative pour s’assurer que le syndic réalise effectivement ces démarches. En effet, Le syndic n’a pas besoin d’autorisation pour relancer un débiteur. Mais, il est préférable qu’il tienne informé le conseil syndical de l’avancée des procédures.

En pratique, le conseil syndical agit comme un organe de contrôle en demandant des comptes réguliers au syndic. De plus, il veille à consigner toutes les démarches dans les procès-verbaux.

Transparence et communication avec les copropriétaires

Un suivi rigoureux s’impose, car les syndics évoquent souvent de nombreux points sur les impayés oralement en assemblée générale sans les consigner dans les procès-verbaux.

“Je vois un point détaillé sur les impayés dans seulement 30 % des procès-verbaux d’assemblées générales. Dans 70 % des cas, ce suivi est fait oralement sans laisser de trace écrite”, témoigne Patrice Manilève.

Pour remédier à cela, le conseil syndical est encouragé à :

  • Demander la consignation des échanges sur les impayés dans les procès-verbaux d’AG.
  • Inscrire un point sur les créances dans l’ordre du jour de chaque assemblée générale.

Réagir avant les seuils d’alerte

Notons que le conseil syndical joue un rôle préventif crucial pour éviter d’atteindre les seuils d’alerte fixés par la loi (15 % pour les copropriétés de plus de 200 lots, 25 % pour celles de moins de 200 lots). Si vous voyez que les impayés augmentent, n’attendez pas que le syndic prenne l’initiative. Sollicitez-le pour engager des actions dès que possible.

Le conseil syndical, par son action de contrôle et de suivi, est un maillon essentiel de la gestion des impayés. Il ne se substitue pas au syndic, mais l’accompagne et l’oriente afin de garantir la pérennité financière de la copropriété.

“Les copropriétés où le conseil syndical est actif sont celles qui affichent les taux d’impayés les plus faibles. L’anticipation et la vigilance sont les clés d’une copropriété saine”, conclut Patrick Pollantru.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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