Fin 2024, le patrimoine des ménages français atteint 14 953 milliards d’euros, soit une hausse de 0,7% par rapport à 2023, selon l’INSEE dans sa publication Insee Première n°2081 de novembre 2025. Cette progression, bien que modeste, témoigne d’une situation contrastée. D’un côté, les actifs financiers des ménages progressent grâce au regain d’intérêt pour l’assurance-vie et les placements en actions. De l’autre, le patrimoine immobilier recule sous l’effet de la baisse des prix du foncier. Comment les Français gèrent-ils leur richesse dans ce contexte économique incertain ? Quels placements privilégient-ils pour préserver leur patrimoine ?
Sommaire :
- Le patrimoine des ménages représente-t-il toujours la principale richesse nationale ?
- Pourquoi le patrimoine immobilier des ménages diminue-t-il en 2024 ?
- Comment les ménages réorientent-ils leur patrimoine financier ?
- Quels placements financiers privilégient les ménages français ?
- Quelle est la situation de l’endettement des ménages ?
À retenir – Le patrimoine des ménages français en 2024
- 14 953 milliards d’euros : le patrimoine des ménages progresse de 0,7% en 2024 et représente 76,5% de la richesse nationale.
- L’immobilier recule : la valeur des terrains bâtis chute de 3,2%, pesant sur le patrimoine non financier des ménages (-0,6%).
- L’épargne financière se réoriente : l’assurance-vie (+3,6%) et les droits à pension (+6,4%) connaissent un regain d’intérêt marqué.
- Le crédit immobilier stagne : les flux nets de crédits tombent à 3 milliards d’euros contre 23 milliards en 2023.
- Un patrimoine financier net solide : les ménages restent le seul secteur avec un patrimoine financier net positif de 4 986 milliards d’euros.
Le patrimoine des ménages représente-t-il toujours la principale richesse nationale ?
Le poids prépondérant des ménages dans la richesse française
Le patrimoine des ménages constitue la colonne vertébrale de la richesse française. En 2024, il s’élève à 14 953 milliards d’euros. Par conséquent, il représente 76,5% du patrimoine économique national, selon les données officielles de l’Insee Première n°2081 publiée en novembre 2025. De plus, le patrimoine des ménages équivaut désormais à 8,2 fois leur revenu disponible net. Ce ratio reflète l’accumulation de richesse sur plusieurs générations.
La répartition entre patrimoine financier et non financier
Les ménages détiennent pour moitié (50,8% exactement) le patrimoine non financier de la nation. Cela représente 9 967 milliards d’euros sur un total national de 19 627 milliards d’euros. Cette composition révèle une préférence historique pour l’immobilier. En effet, celui-ci est traditionnellement considéré comme une valeur refuge.

Toutefois, l’année 2024 marque un tournant décisif. D’une part, le patrimoine financier apporte une contribution positive de +1,1 point. D’autre part, on observe une légère érosion de la valeur immobilière avec une contribution de -0,4 point. Ce basculement témoigne d’un changement dans les comportements patrimoniaux des Français.
Un ralentissement de l’enrichissement des ménages français
L’INSEE précise que cette hausse de 0,7% en 2024 fait suite à une progression de 0,6% en 2023. Ces taux de croissance modérés contrastent nettement avec les années fastes d’avant 2022. En effet, ils soulignent un ralentissement significatif de l’enrichissement des ménages.
À titre de comparaison, sur la période 2012-2022, le patrimoine des ménages progressait en moyenne de 3,8% par an. Ce rythme est bien supérieur aux évolutions récentes. Cette décélération s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, la hausse des taux d’intérêt a pesé sur le marché. D’autre part, l’inflation persistante a rogné le pouvoir d’achat. Enfin, le ralentissement du marché immobilier a limité les plus-values potentielles.
Pourquoi le patrimoine immobilier des ménages diminue-t-il en 2024 ?
La baisse continue de la valeur du foncier
L’immobilier représente les deux tiers du patrimoine des ménages. Il est essentiellement constitué de logements et de terrains. En 2024, cette composante enregistre une baisse de 0,6%. Ce recul fait suite à une diminution de 3,0% en 2023. Ainsi, le patrimoine des ménages subit l’impact du ralentissement du marché immobilier français.
La valeur des logements et des terrains sous-jacents représente 87,1% des actifs non financiers des ménages. Cela correspond à 9 084 milliards d’euros. Or, cette valeur diminue de 0,8% en 2024. Cette baisse s’explique principalement par le recul de la valeur des terrains bâtis. En effet, ceux-ci chutent de 3,2%. Cette diminution intervient après une dégringolade de 8,9% en 2023. Les terrains bâtis représentent à eux seuls 4 043 milliards d’euros du patrimoine des ménages.
La dichotomie entre le bâti et le foncier
Le foncier concentre l’essentiel des moins-values immobilières. En revanche, la valeur des constructions progresse de 1,2% en 2024. Les logements des ménages sont évalués à 4 807 milliards d’euros. Ils enregistrent ainsi une hausse de 1,3%. Cette augmentation fait suite à une progression de 3,0% en 2023. Cette dichotomie entre le bâti et le foncier est caractéristique des périodes de ralentissement immobilier. En effet, lors des ajustements de marché, la valeur des terrains est plus volatile que celle des constructions. Par conséquent, le foncier subit plus fortement les variations du marché.
L’impact des taux d’intérêt sur le crédit immobilier
Ce phénomène reflète le ralentissement du marché immobilier français. En effet, les taux d’intérêt élevés ont freiné l’accès au crédit immobilier. Par conséquent, la demande a diminué. Et, cela exerce une pression baissière sur les prix. Les flux nets de crédits à l’habitat s’élèvent à seulement 3 milliards d’euros en 2024. À titre de comparaison, ils atteignaient 23 milliards en 2023. Cela représente une division par près de 8. De fait, les ménages ont reporté ou annulé leurs projets d’acquisition.
Les premiers signes d’une reprise possible
Néanmoins, une note d’optimisme apparaît dans ce contexte morose. En effet, les taux de crédit baissent progressivement. Les crédits nouveaux à l’habitat hors renégociation affichent des taux de 3,3% en fin d’année. Or, ils dépassaient 4,0% en début d’année 2024. Cette détente progressive devrait encourager les ménages à reprendre leurs projets d’acquisition immobilière. Une possible reprise des transactions se profile à l’horizon. Ainsi, le patrimoine des ménages pourrait bénéficier d’un nouveau dynamisme immobilier.
Comment les ménages réorientent-ils leur patrimoine financier ?
Le patrimoine financier, nouveau moteur de croissance
Le patrimoine financier des ménages devient le moteur de croissance de leur richesse globale. En 2024, il contribue à hauteur de 1,1 point à la croissance du patrimoine des ménages. Cette contribution compense largement celle du patrimoine non financier qui est négative à -0,4 point. Par conséquent, cette performance marque un changement structurel dans la composition de la richesse des ménages français.
Le patrimoine financier net des ménages s’élève à 4 986 milliards d’euros en 2024. Il se compose de 7096 milliards d’actifs financiers. À cela s’opposent 2 112 milliards de crédits. Ainsi, le patrimoine financier représente un tiers de la richesse totale des ménages.
Une position unique parmi les secteurs institutionnels
Les ménages demeurent le seul secteur institutionnel dont le patrimoine financier net est structurellement positif. À l’inverse, les sociétés non financières affichent un patrimoine financier net négatif de -2 537 milliards d’euros. De même, les administrations publiques présentent un solde de -2 132 milliards d’euros. Cette situation témoigne de la capacité d’épargne exceptionnelle des ménages français. En outre, elle souligne leur rôle crucial de financeurs de l’économie. En effet, l’épargne des ménages alimente les besoins de financement des entreprises et de l’État.
Le retour en grâce de l’assurance-vie
L’assurance-vie connaît un regain d’intérêt marqué. Les encours d’assurance-vie des ménages atteignent 1 856 milliards d’euros. Ils progressent ainsi de 3,6% en 2024. Le mouvement amorcé en 2023 (+4,9%) se confirme donc avec une croissance soutenue.
Les Français redécouvrent ce placement pour plusieurs raisons. D’abord, ils cherchent à se protéger de la volatilité des marchés actions. Ensuite, ils recherchent des rendements garantis dans un contexte d’incertitude économique. De plus, l’assurance-vie bénéficie de nouveaux supports en unités de compte. Ceux-ci sont plus attractifs et diversifiés. Par ailleurs, les avantages fiscaux de l’assurance-vie restent un atout majeur pour le patrimoine des ménages.
L’essor des droits à pension par capitalisation
Les droits à pension des régimes par capitalisation progressent également de 6,4% en 2024. Ils atteignent ainsi 234 milliards d’euros. Ces droits représentent désormais 3,3% des actifs financiers des ménages (hors produits dérivés). Cette part s’élevait à 3,2% en 2023.
Cette hausse témoigne d’une préoccupation croissante pour la préparation de la retraite. En effet, plusieurs facteurs expliquent cet engouement. D’une part, la création des organismes de retraite professionnelle supplémentaire (ORPS) a dynamisé le secteur. D’autre part, la fin du régime transitoire fin 2022 a accéléré les transferts de portefeuilles. Les encours des droits à pension au sein des fonds de pension ont fortement augmenté. Cette croissance résulte du transfert des portefeuilles vers les ORPS. Par conséquent, le patrimoine des ménages en matière de retraite complémentaire se renforce.
Quels placements financiers privilégient les ménages français ?
L’attrait maintenu pour l’épargne réglementée
Les réallocations d’épargne observées en 2023 se poursuivent en 2024. Toutefois, elles sont moins marquées selon l’INSEE. Le numéraire et les dépôts augmentent de 1,4% en 2024. Cette hausse fait suite à une progression de 2,6% en 2023. Ils atteignent ainsi 2 108 milliards d’euros.
Cette évolution reste tournée vers les livrets d’épargne réglementée. En particulier, le livret A et les dépôts à terme concentrent les flux. Selon le rapport annuel 2024 de la Banque de France sur l’épargne réglementée publié en juillet 2025, ces produits attirent pour plusieurs raisons. D’abord, leur rémunération reste attractive. Ensuite, leur liquidité immédiate séduit les épargnants. Le livret A a maintenu un taux de rémunération de 3% durant une grande partie de 2024. Ce taux compétitif explique l’afflux continu d’épargne vers ce support.
Les arbitrages vers des placements mieux rémunérés
En revanche, les dépôts à vue et les plans d’épargne-logement diminuent. Cette désaffection s’explique par une recherche de meilleure rémunération. En effet, les épargnants arbitrent leurs placements vers des supports plus rémunérateurs. Les dépôts à terme offrent désormais des rendements attractifs. Par conséquent, ils incitent les épargnants à bloquer leurs liquidités pour quelques mois. En échange, ils bénéficient d’un meilleur taux. Ainsi, le patrimoine des ménages se réoriente vers des placements plus rentables tout en conservant une certaine sécurité.
Une prudence accrue sur les marchés actions
Les placements des ménages en actions et parts de fonds d’investissement augmentent de 1,5% en 2024. Cette hausse fait suite à un rebond spectaculaire de 11,7% en 2023. Ces placements atteignent 2 155 milliards d’euros fin 2024. Néanmoins, cette modération reflète une certaine prudence. En effet, la volatilité boursière a été importante tout au long de l’année.
Au sein de cette catégorie, les actions et autres participations hors titres d’organismes de placement collectif (OPC) représentent 1 745 milliards d’euros. Parallèlement, les titres d’OPC s’élèvent à 409 milliards d’euros. Le patrimoine des ménages en produits financiers démontre ainsi une diversification croissante. Celle-ci se partage entre produits sécurisés et investissements plus dynamiques.
Quelle est la situation de l’endettement des ménages ?
La stagnation des crédits immobiliers
Les crédits des ménages restent stables en 2024, à 0,0%. Cette stabilité fait suite à une croissance de 1,1% en 2023. L’encours total s’élève à 2 112 milliards d’euros. Cette stagnation traduit le ralentissement marqué de la production de crédits immobiliers.
En effet, les taux d’intérêt élevés ont considérablement freiné l’accès au crédit. Par conséquent, ils ont limité les capacités d’achat immobilier des ménages français. Sur la période 2012-2022, les crédits des ménages progressaient en moyenne de 4,1% par an. Ce rythme est totalement rompu depuis deux ans. Cette rupture brutale illustre donc l’impact des politiques monétaires restrictives. Celles-ci ont été menées par la Banque centrale européenne pour lutter contre l’inflation.
La baisse progressive des taux d’intérêt
La production de crédits reste ralentie malgré la baisse progressive des taux. Les crédits nouveaux à l’habitat hors renégociation affichent des taux de 3,3% en fin d’année. Or, ils dépassaient 4,0% en début d’année 2024. Ces données proviennent de la Banque de France. Cette détente de près de 70 points de base au cours de l’année représente une amélioration significative. En effet, elle profite aux emprunteurs potentiels. Par conséquent, elle devrait stimuler progressivement la demande de crédits. Ainsi, le patrimoine des ménages pourrait bénéficier d’un nouveau cycle d’investissement immobilier.
Les perspectives d’une reprise du crédit immobilier
Cette détente progressive devrait encourager les ménages à investir à nouveau dans l’immobilier en 2025. En effet, les analystes anticipent une reprise graduelle du marché du crédit immobilier. Celle-ci sera soutenue par la baisse attendue des taux directeurs de la BCE. Le retour à des conditions de financement plus favorables pourrait relancer le marché immobilier. Par ailleurs, il soutiendrait également le patrimoine des ménages. Néanmoins, cette reprise dépendra de plusieurs facteurs. Premièrement, l’évolution de l’inflation jouera un rôle clé. Deuxièmement, la confiance des ménages devra se restaurer. Enfin, la stabilité économique globale restera déterminante.
Un ratio d’endettement sain et maîtrisé
Le patrimoine des ménages bénéficie de cette stabilité de l’endettement. Le ratio entre actifs financiers et passifs financiers demeure largement favorable. Les actifs s’élèvent à 7 096 milliards d’euros. En face, les passifs atteignent 2 112 milliards d’euros. Cela représente un rapport de 3,4 pour 1.

Cette situation assure une solidité financière globale aux ménages français. Elle contraste fortement avec celle des autres secteurs. En effet, les entreprises non financières affichent un patrimoine financier net négatif de -2 537 milliards d’euros. De même, les administrations publiques présentent un solde de -2 132 milliards d’euros.
Les crédits immobiliers représentent l’essentiel de l’endettement des ménages. Ils atteignent 1 768 milliards d’euros. Le reste, soit 342 milliards d’euros, correspond aux autres comptes à payer. Ceux-ci incluent notamment les crédits à la consommation. Par conséquent, cette structure d’endettement demeure saine et maîtrisée. Elle témoigne de la prudence des ménages français dans leur gestion financière.

