Dans notre société hyperconnectée, la cybersécurité devient aussi vitale que l’accès à l’eau ou à l’électricité. Selon Olivier Arous, CEO d’OGO Security, cette réalité soulève une question fondamentale : pourquoi la protection numérique reste-t-elle un privilège ? Son analyse révèle une fracture invisible qui divise citoyens et entreprises face aux cybermenaces et à la cybercriminalité. Cette inégalité d’accès à la cyber-résilience menace notre démocratie numérique. Comment transformer la cybersécurité en droit universel grâce à des solutions de cyber-protection automatisées et accessibles à tous ?
Sommaire :
- Pourquoi la cybersécurité concerne-t-elle désormais chaque citoyen ?
- Comment la fracture numérique aggrave-t-elle les inégalités de protection ?
- Quelles solutions pour démocratiser l’accès à la cybersécurité ?
- La cybersécurité peut-elle devenir un pilier démocratique ?
À retenir
- Les cyber-attaques et incidents de sécurité visent désormais toutes les structures, quelle que soit leur taille
- Une inégalité croissante sépare ceux qui peuvent se protéger des menaces informatiques et les autres
- L’IA et la cyber-défense permettent de créer des protections automatiques et accessibles
- La sécurité des systèmes d’information conditionne le bon fonctionnement des services publics
- La protection contre les cyberrisques doit devenir une infrastructure essentielle
Pourquoi la cybersécurité concerne-t-elle désormais chaque citoyen ?
La cybersécurité, un enjeu pour tous
La cybersécurité n’est plus l’affaire des seules grandes entreprises. Elle concerne désormais toutes les structures, y compris les TPE et PME. Selon l’ANSSI, les cyberattaques visant ces petites entreprises ont bondi de 400% entre 2020 et 2024.
Chaque pan de notre quotidien repose aujourd’hui sur des systèmes numériques : achats en ligne, banque, télétravail, santé ou encore déclarations fiscales. Depuis la pandémie, cette dépendance s’est intensifiée. Elle expose tous les acteurs aux risques de piratage et de fuites de données.
D’après le rapport 2024 de Cybersecurity Ventures, les pertes liées à la cybercriminalité atteindront 10 500 milliards de dollars par an d’ici 2025. Un chiffre vertigineux qui confirme que la sécurité numériqueest devenue une urgence globale.
L’universalisation des menaces informatiques
Les cybercriminels ne ciblent plus uniquement les grandes entreprises. Comme le rappelle Olivier Arous, CEO d’OGO Security, tous les profils sont désormais visés. Une simple boulangerie connectée, un cabinet vétérinaire équipé d’un logiciel de gestion ou une école primaire utilisant un système administratif peuvent subir les mêmes attaques sophistiquées qu’une multinationale.
Les motivations des hackers varient. L’appât du gain domine, avec les ransomwares. Ils représentant 41% des attaques selon l’IBM Security X-Force Threat Intelligence Index 2024. Mais, d’autres logiques sont à l’œuvre : espionnage, idéologie, ou sabotage.
Les secteurs les plus fragiles ? La santé et l’éducation, en première ligne. Les incidents y ont bondi de 88% et 56% respectivement, d’après le dernier rapport de Check Point Research. Cette explosion des menaces met en lumière un paradoxe inquiétant : l’exposition est universelle, mais la protection reste inégalitaire. Les plus petites structures manquent souvent des ressources pour se défendre efficacement. Pourtant, elles sont tout aussi vulnérables.
Comment la fracture numérique aggrave-t-elle les inégalités de protection ?
Une nouvelle inégalité se dessine. Elle ne concerne plus seulement l’accès à Internet ou aux outils numériques. Elle touche la cybersécurité. C’est ce qu’Olivier Arous appelle une “fracture numérique invisible”. Cette fracture ne se voit pas, mais elle est bien réelle. Elle se manifeste à plusieurs niveaux critiques : accès aux solutions de protection, formation des équipes, ou encore capacité à réagir en cas d’attaque.
L’asymétrie des moyens de défense
Les écarts sont flagrants. Les grandes organisations investissent massivement dans la cybersécurité. Selon l’étude Gartner 2024, elles y consacrent en moyenne 5,6% de leur budget IT, soit plusieurs millions d’euros par an. Ainsi, elles disposent d’équipes dédiées, de technologies avancées (SIEM, SOAR) et de centres de sécurité (SOC) opérationnels 24h/24. Leur défense est structurée, leur réactivité optimisée.
À l’inverse, les petites structures – TPE, associations, collectivités locales de moins de 10 000 habitants – avancent souvent sans filet. Peu ou pas de ressources. Aucun expert en interne. Des outils inadaptés à leur taille ou à leur réalité. La fracture est donc profonde, et ses conséquences sont lourdes pour la résilience numérique du pays.
Les chiffres de l’inégalité
Selon l’Observatoire de la cybersécurité des TPE-PME 2024 :
- 67% des TPE n’ont aucune solution de cybersécurité
- 89% ne disposent pas de personnel formé aux enjeux cyber
- Le budget moyen cybersécurité représente moins de 0,5% du chiffre d’affaires
Cette asymétrie crée des vulnérabilités systémiques qui compromettent l’ensemble de l’écosystème numérique. En cela, elle transforme les petites structures en “maillons faibles” de la chaîne de sécurité collective.
Les conséquences socio-économiques
Cette disparité transforme la cybersécurité en privilège social et économique. Les citoyens et organisations les mieux dotés bénéficient d’une protection renforcée. Tandis que les autres exposent involontairement leurs données, leurs outils et parfois leurs clients à des risques majeurs.
Quelles solutions pour démocratiser l’accès à la cybersécurité ?
L’inversion de paradigme nécessaire
Pour faire de la cybersécurité un droit universel, Olivier Arous appelle à une rupture profonde avec l’approche actuelle. Il propose une révolution conceptuelle, loin des modèles classiques. Aujourd’hui, les solutions sont souvent complexes, techniques et coûteuses. Elles exigent « des installations lourdes, une surveillance constante, des ressources humaines formées » – tout ce qui fait défaut aux petites structures.
“Ce n’est pas aux utilisateurs de s’adapter à la cybersécurité, c’est à la cybersécurité de s’adapter à eux. Cette transformation implique de développer des solutions automatiques, autonomes et intelligentes, capables de détecter les comportements suspects sans perturber les usages légitimes,” explique Olivier Arous.
Les technologies habilitantes de l’IA
Les avancées en intelligence artificielle changent la donne. Combinées à l’analyse comportementale, elles rendent désormais possible une nouvelle génération de dispositifs de protection. Ces solutions ne requièrent ni installation complexe, ni surveillance humaine constante.
Ces systèmes utilisent des algorithmes de machine learning pour :
- Analyser les patterns de comportement normaux
- Détecter les anomalies en temps réel
- S’auto-configurer selon l’environnement
- Apprendre en continu des nouvelles menaces
L’approche “invisible, mais efficace”
Ces technologies permettent de créer des dispositifs qui se greffent directement sur les usages, analysent les flux, détectent les écarts. Ils garantissent une sécurité de haut niveau même aux structures dépourvues de service informatique ou de budget dédié, rendant la protection “accessible, sans coût caché, sans compétence requise”.
La cybersécurité peut-elle devenir un pilier démocratique ?
Penser la cybersécurité comme un droit, c’est aussi reconnaître qu’elle est une condition de la démocratie.
Impact sur les services publics essentiels
Les exemples concrets du document illustrent cette réalité :
- Santé : “Lorsqu’un hôpital est piraté, ce sont des soins qui sont différés”
- Administration : “Lorsqu’un site municipal est bloqué, ce sont des citoyens qui ne peuvent plus accéder à leurs démarches”
- Économie : “Lorsqu’une PME ferme à cause d’un ransomware, ce sont des employés et des familles qui en paient le prix”
Selon l’ANSSI, 739 collectivités territoriales françaises ont été victimes de cyberattaques en 2023, paralysant temporairement les services publics locaux.
Un enjeu de justice sociale et de souveraineté
Protéger le tissu numérique ne relève pas uniquement de la technologie. C’est avant tout un enjeu de justice sociale, de solidarité économique, et d’éthique publique. Dans un monde où la donnée est aussi vitale que l’eau ou l’électricité, l’accès égal à la protection numérique devient un droit fondamental. Il conditionne l’égalité des chances, la sécurité économique et la souveraineté technologique. Autrement dit, garantir la cybersécurité pour tous, c’est garantir un avenir numérique plus juste.
La conclusion d’Olivier Arous est sans appel : “Il est temps d’admettre que la cybersécurité n’est pas un service premium, mais une infrastructure essentielle.”
Cette reconnaissance implique de repenser fondamentalement les politiques publiques, les modèles économiques et l’organisation collective de la protection numérique pour construire une société numérique équitable et résiliente.
FAQ – Cybersécurité et droit fondamental
Pourquoi les petites entreprises sont-elles plus vulnérables aux cyberattaques ?
Les petites entreprises manquent de ressources dédiées à la cybersécurité : 67% des TPE n’ont aucune solution de protection, 89% ne disposent pas de personnel formé aux enjeux cyber, et leur budget cybersécurité représente moins de 0,5% de leur chiffre d’affaires. Contrairement aux grandes organisations qui investissent 5,6% de leur budget IT en sécurité, elles utilisent souvent des solutions inadaptées ou se contentent d’antivirus basiques.
Comment l’intelligence artificielle peut-elle démocratiser la cybersécurité ?
L’IA permet de créer des solutions automatiques qui s’adaptent aux utilisateurs plutôt que l’inverse. Ces systèmes analysent les comportements normaux, détectent les anomalies en temps réel et s’auto-configurent sans intervention humaine. Ils se greffent directement sur les usages existants, protègent sans installation complexe ni surveillance constante, rendant la cybersécurité accessible même aux structures sans expertise technique.
Quels sont les impacts concrets des cyberattaques sur les services publics ?
Les cyberattaques paralysent les services essentiels : les hôpitaux voient leurs soins différés (3-7 jours d’interruption moyenne), les mairies ne peuvent plus assurer les démarches administratives (5-15 jours), et les écoles subissent des perturbations pédagogiques. En 2023, 739 collectivités territoriales françaises ont été victimes d’attaques, démontrant l’impact direct sur la vie quotidienne des citoyens.
Que signifie considérer la cybersécurité comme un droit fondamental ?
Cela implique de garantir un accès égal à la protection numérique pour tous, indépendamment des moyens financiers ou techniques. Comme l’accès à la santé ou à l’éducation, la cybersécurité deviendrait une infrastructure essentielle, non un privilège. Cette approche nécessite de repenser les politiques publiques pour assurer l’égalité des chances dans une société numérique.
Comment réduire la fracture numérique en matière de sécurité ?
La solution passe par l’inversion du paradigme actuel : développer des technologies de protection invisibles, automatiques et accessibles à tous. Il faut abandonner les solutions complexes nécessitant une expertise technique pour privilégier des systèmes intelligents qui protègent sans contrainte. Cette démocratisation technologique permettrait de transformer la cybersécurité en véritable service public numérique.