Immobilier Auvergne-Rhône-Alpes : entre prudence et blocages persistants. Selon l’étude 2024 de Procivis et Harris Interactive, menée auprès de 1 169 habitants, les résidents de la région se montrent plus réservés que la moyenne nationale face au marché immobilier. Seuls 29% estiment que c’est le bon moment pour acheter, contre 30% au niveau national. Comment cette situation affecte-t-elle les projets des ménages ? Et, quelles réponses concrètes émergent face à la crise du logement en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Sommaire
- Pourquoi les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes hésitent-ils à investir dans l’immobilier ?
- Comment le budget logement pèse-t-il sur les ménages de la région ?
- Quels dispositifs d’aide connaissent les habitants de la région ?
- Pourquoi la construction suscite-t-elle autant de réticences ?
- Quelles spécificités caractérisent les deux Savoies dans l’immobilier Auvergne-Rhône-Alpes ?
- Quelles solutions pour dynamiser le marché régional ?
À retenir
- Seulement 32% des habitants souhaitent déménager contre 35% nationalement, révélant une stagnation du marché résidentiel
- 63% anticipent une dégradation du niveau de vie, 41% pour leur situation personnelle, freinant l’investissement locatif
- Budget logement élevé : 640€ en moyenne, supérieur aux régions limitrophes sauf PACA, pesant sur l’accession à la propriété
- 15 000 demandes de logements sociaux en Savoie, plus de 70% des DPE classés E, F, G, impactant le parc immobilier
- 27% estiment qu’il faut arrêter de construire dans leur commune, aggravant la crise du logement
Pourquoi les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes hésitent-ils à investir dans l’immobilier ?
Immobilier en Auvergne-Rhône-Alpes : un paradoxe d’attractivité
L’étude Procivis-Harris Interactive de juin 2025 met en lumière un paradoxe étonnant. La région Auvergne-Rhône-Alpes bénéficie d’une forte attractivité territoriale. Pourtant, les habitants y passent moins à l’action que la moyenne nationale. Certes, 55% consultent des annonces, ce qui témoigne d’un réel intérêt. Mais, ensuite, les chiffres chutent :
- 31% réalisent une simulation de crédit (contre 32% en France),
- 29% visitent un bien (contre 30%),
- 28% prennent contact avec un professionnel (contre 32% au niveau national).
Ces résultats marquent tous un recul par rapport à 2023. Ils illustrent une forme d’attentisme croissant dans un marché pourtant dynamique sur le papier.
Inquiétudes croissantes et repli des projets en Auvergne-Rhône-Alpes
En Auvergne-Rhône-Alpes, les habitants expriment davantage d’inquiétudes que dans le reste du pays. Ainsi, 63% redoutent une dégradation du niveau de vie général, contre 62% au niveau national. Surtout, 41% anticipent une détérioration de leur propre situation, soit un point de plus que la moyenne française.
Dans ce contexte, 49% des résidents privilégient l’épargne de précaution au détriment de l’investissement immobilier. Un chiffre supérieur à la moyenne nationale (46%), qui témoigne d’un réflexe de protection face à l’incertitude. Conséquence directe, le désir d’accession à la propriété s’effrite. Seuls 57% souhaitent devenir propriétaires de leur résidence principale, contre 60% au niveau national.
Par ailleurs, les projets de déménagement diminuent. Ils ne concernent plus que 32% des habitants, contre 35% en France, et même 34% en 2023 dans la région. Ce repli généralisé confirme le ralentissement du marché résidentiel en Auvergne-Rhône-Alpes.
Comment le budget logement pèse-t-il sur les ménages de la région ?
Des charges importantes dans un contexte régional spécifique
Le budget logement moyen en Auvergne-Rhône-Alpes atteint 640 €, selon l’enquête Procivis 2024. À titre de comparaison, ce montant dépasse nettement celui des régions voisines :
- Nouvelle-Aquitaine : 612 €
- Centre-Val de Loire : 559 €
- Bourgogne-Franche-Comté : 605 €
Seule exception notable : la région PACA, avec un budget moyen plus élevé, à 715 €.
Aujourd’hui, 80% des habitants jugent cette dépense “importante”. En comparaison, ils n’étaient que 72% à exprimer cette inquiétude en 2020. Même si ce chiffre reste stable par rapport au pic de 81% atteint en 2023, la tendance globale est à la hausse. Autrement dit, la charge logement devient un enjeu de plus en plus central dans les arbitrages budgétaires des ménages.
Un budget sous tension, mais une forte appétence pour l’efficacité énergétique
Cette hausse du budget logement s’inscrit dans un contexte national de hausse des prix post-Covid. Elle est particulièrement marquée dans les régions attractives comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, où le pouvoir d’achat immobilier se dégrade.
Pourtant, 77% des habitants de la région se déclarent prêts à augmenter leur budget pour acquérir un logement économe en énergie. Cette disposition révèle une sensibilité environnementale croissante, malgré les contraintes financières. Elle traduit aussi une recherche active de performance énergétique, devenue un critère décisif dans les projets immobiliers.
Quels dispositifs d’aide connaissent les habitants de la région ?
Une connaissance approfondie, mais une éligibilité limitée
Les résidents affichent une excellente connaissance des dispositifs d’aide à l’accession selon l’étude Harris Interactive :
- Prêt à taux zéro (PTZ) : 86% de notoriété, avec 19% d’éligibles et 37% de non-éligibles identifiés
- MaPrimeRénov’ : 82% de notoriété, 28% d’éligibles, 31% de non-éligibles
- Loi Pinel : 78% de notoriété, 19% d’éligibles, 26% de non-éligibles
- Éco-prêt à taux zéro : 65% de notoriété, 17% d’éligibles, 36% de non-éligibles
Les habitants de la région disposent d’une bonne connaissance de leur éligibilité aux aides publiques. Cependant, cette information ne suffit pas. Beaucoup se heurtent à des restrictions d’accès qui limitent leur capacité à concrétiser un projet immobilier en Auvergne-Rhône-Alpes.
Un paradoxe révélateur d’un décalage entre information et action.
Préférences d’habitat : vers plus de densité acceptée
Contrairement aux idées reçues, l’immobilier en Auvergne-Rhône-Alpes évolue vers une plus grande acceptation du collectif. Si 66% des habitants privilégient encore la maison individuelle (contre 71 % au niveau national), 28% choisissent désormais l’appartement, soit 4 points de plus qu’en moyenne française.
En parallèle, l’attrait pour la nature reste fort. 22% souhaitent s’installer en zone rurale, contre 20% au niveau national. Un chiffre qui confirme l’ancrage territorial et la quête d’un cadre de vie préservé.
Pourquoi la construction suscite-t-elle autant de réticences ?
Seulement 40% acceptent de nouvelles constructions contre 42% nationalement. Plus critique, 28% souhaitent davantage de constructions dans leur commune contre 29% en France, et 27% estiment qu’il faut arrêter, car il y a “déjà trop de bâtiments”.
“Cette position contraste dramatiquement avec les besoins criants : 15 000 demandes de logements sociaux en Savoie” selon Bérengère Servat, Directrice Générale du Groupe CIS.
Quelles spécificités caractérisent les deux Savoies dans l’immobilier Auvergne-Rhône-Alpes ?
Les deux Savoies concentrent toutes les contradictions de l’immobilier en Auvergne-Rhône-Alpes.
Bérengère Servat résume : “L’attractivité reste forte grâce à une qualité de vie exceptionnelle, un cadre naturel recherché et un dynamisme économique et étudiant, soutenu par la proximité avec la Suisse.”
Mais, le revers est lourd. Le marché subit une pénurie aiguë. En cause ? Une performance énergétique dégradée : plus de 70% des logements y sont classés E, F ou G selon les DPE.
Un frein majeur à la mise en location ou à la vente, surtout depuis le durcissement des règles contre les passoires thermiques.
Autre problème : la fuite des investisseurs, déjà observée à l’échelle nationale. Elle réduit l’offre locative, qu’elle soit privée ou sociale, accentuant la tension sur un marché déjà sous pression. Résultat : un cercle vicieux s’installe dans les deux Savoies.
Quelles solutions pour dynamiser le marché régional ?
Face à cette crise structurelle, Bérengère Servat préconise trois mesures urgentes :
- Instaurer un statut dédié aux bailleurs privés pour compenser la désaffection des investisseurs et relancer l’offre locative privée. Un complément indispensable au parc social saturé.
- Relancer la construction neuve grâce à une politique volontariste sur les permis de construire. Seule réponse quantitative à la pénurie de logements observée dans l’immobilier Auvergne-Rhône-Alpes.
- Soutenir la rénovation énergétique, adaptée aux spécificités de notre territoire et aux enjeux environnementaux. Une mesure particulièrement cruciale dans une région montagneuse où les contraintes climatiques sont importantes.
Ces mesures, “bien qu’insuffisantes à elles seules, constituent un socle essentiel pour dynamiser l’offre de logements – existants, neufs ou locatifs –, enrayer la hausse des prix et répondre aux besoins d’hébergement des Français”, conclut Bérengère Servat.
FAQ – Immobilier Auvergne-Rhône-Alpes
Les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes sont-ils satisfaits de leur logement ?
Les habitants de la région affichent une satisfaction légèrement inférieure à la moyenne nationale avec une note de 7,7/10 contre 7,8/10 au niveau français. Cette différence, bien que faible, s’accompagne d’un moindre désir de déménagement (32% contre 35% nationalement) et d’une vision plus pessimiste du marché immobilier local.
Quel est le budget logement moyen dans la région ?
Le budget logement moyen s’élève à 640€ en Auvergne-Rhône-Alpes, soit un montant supérieur à la plupart des régions limitrophes. Ce budget dépasse celui de la Nouvelle-Aquitaine (612€), du Centre-Val de Loire (559€) et de la Bourgogne-Franche-Comté (605€), mais reste inférieur à PACA (715€). 80% des habitants considèrent ce budget comme “important”.
Pourquoi les habitants hésitent-ils à investir dans l’immobilier ?
L’attentisme observé s’explique par plusieurs facteurs : 63% des habitants anticipent une dégradation du niveau de vie général, 41% craignent pour leur situation personnelle, et 49% préfèrent épargner plutôt qu’investir. Cette prudence se traduit par une baisse de toutes les démarches immobilières (simulations, visites, contacts) par rapport à 2023.
Quels sont les principaux défis de l’immobilier en Savoie ?
Les Savoies cumulent attractivité et tension immobilière extrême. Plus de 70% des diagnostics de performance énergétique (DPE) classent les logements en catégories E, F ou G, compliquant leur mise sur le marché. Avec 15 000 demandes de logements sociaux et une perte d’investisseurs privés, la région fait face à une pénurie critique malgré la proximité suisse et la qualité de vie.
Quelles solutions sont préconisées pour relancer le marché ?
Trois mesures urgentes sont recommandées par les experts : créer un statut dédié aux bailleurs privés pour relancer l’investissement locatif, adopter une politique volontariste sur les permis de construire pour augmenter l’offre, et soutenir massivement la rénovation énergétique adaptée aux spécificités territoriales. Ces actions coordonnées visent à enrayer la hausse des prix et répondre aux besoins de logement.