Réalisée en mars 2025, l’enquête du Sofinscope en partenariat avec OpinionWay lève le voile sur une contradiction frappante. Les Français souhaitent massivement s’engager dans l’éco-rénovation, mais se heurtent à des obstacles financiers et pratiques qui freinent leurs projets. Alors que les factures d’énergie explosent – en hausse de 97 % depuis 2021 – le budget moyen alloué aux travaux d’éco-rénovation grimpe à 3 634 euros, signe d’une volonté d’agir. Pourtant, les aides sont jugées insuffisantes, la peur des arnaques reste vive, et l’accès à des professionnels fiables pose toujours problème. L’étude met en lumière une urgence énergétique et sociale : comment rendre l’éco-rénovation accessible à tous ?
Sommaire :
- Un budget énergie qui explose et motive l’éco-rénovation
- Des travaux d’éco-rénovation jugés nécessaires mais inaccessibles
- Des aides insuffisantes pour une éco-rénovation massive
- Un besoin d’accompagnement et de confiance pour passer à l’action
Un budget énergie qui explose et motive l’éco-rénovation
Des factures énergétiques en forte hausse
Les données du Sofinscope montrent une tendance lourde. En 2025, le budget mensuel moyen consacré à l’énergie atteint 272 €, contre 245 € en 2024, 229 € en 2023 et 138 € en 2021. Cela représente une hausse de 97 % en seulement quatre ans. Or, ce poids grandissant dans les dépenses courantes conduit les ménages à chercher des alternatives pour maîtriser leurs charges.
Ce phénomène est particulièrement préoccupant dans un contexte de retrait progressif du bouclier tarifaire. En effet, 41 % des Français expriment leur inquiétude quant à leur capacité à régler leurs prochaines factures. Ce qui traduit une vulnérabilité énergétique croissante au sein de la population.
Réduire ses factures, première motivation de l’éco-rénovation
Face à cette pression budgétaire, l’éco-rénovation apparaît comme une solution logique. En effet, 73 % des Français la voient comme un levier essentiel pour réduire leurs dépenses d’énergie. Cette motivation arrive largement en tête. À titre de comparaison, 51 % souhaitent avant tout améliorer le confort de leur logement. Ensuite, 35 % veulent prévenir l’usure de leur habitat. Enfin, 28 % agissent pour des raisons écologiques.
Fait notable : seuls 24 % des Français mentionnent l’augmentation de la valeur du bien ou la revente comme motivation, montrant que la logique économique de court terme prime sur celle du placement immobilier.
Des travaux d’éco-rénovation jugés nécessaires mais inaccessibles
Des ambitions freinées par le manque de moyens
L’écart entre les intentions et la capacité d’agir reste important. En 2025, 47 % des Français déclarent qu’ils aimeraient effectuer des travaux d’éco-rénovation, mais qu’ils n’en ont pas les moyens. Cette part était de 62 % en 2023, ce qui indique une amélioration relative, sans pour autant résoudre le problème de fond.
Par ailleurs, l’étude confirme une stabilisation des déclarations de besoin : 45 % des répondants estiment que des travaux sont nécessaires chez eux. C’est une proportion en légère baisse après un pic en 2024. Ce recul pourrait s’expliquer par une forme de renoncement plutôt que par une amélioration réelle des conditions de logement.
Un budget alloué toujours insuffisant
Le budget moyen envisagé pour une éco-rénovation en 2025 est de 3 634 €, en hausse par rapport aux 3 351 € de 2024 et aux 3 570 € de 2023. Cette augmentation, bien que notable (+8 %), reste insuffisante face aux coûts moyens observés. Par exemple, l’isolation thermique ou le remplacement d’un système de chauffage peuvent rapidement dépasser 10 000 €.
Ce décalage entre budget perçu et réalité explique le recours croissant à des financements extérieurs, mais aussi une forme de résignation à l’inaccessibilité des travaux les plus efficaces.
Des aides insuffisantes pour une éco-rénovation massive
Une dépendance toujours forte à MaPrimeRénov’
50 % des Français déclarent vouloir solliciter des aides gouvernementales comme MaPrimeRénov’ pour financer leurs projets. Toutefois, 64 % jugent que ces dispositifs ne suffisent pas à couvrir leurs besoins. Cette insatisfaction augmente dans un contexte où les budgets publics alloués à la rénovation ont été revus à la baisse début 2025.
L’évolution de cette perception est alarmante : la part des Français jugeant les aides “suffisantes” est passée de 39 % en 2024 à 34 % en 2025. Autrement dit, la défiance progresse malgré les campagnes d’information menées par les pouvoirs publics.
Le financement par crédit gagne du terrain
En réponse, les solutions de financement se diversifient :
- 31 % envisagent un paiement en plusieurs fois (+3 points),
- 42 % un prêt bancaire ou personnel (+8 points),
- 24 % un prêt à taux réduit spécifiquement orienté “rénovation verte”,
- 6 % seulement un crédit renouvelable, formule jugée plus risquée.
Les ménages montrent ainsi une préférence pour des montages financiers souples et sécurisés. Une offre intégrée, liant artisan de confiance et solution de financement, pourrait faire la différence.
Un besoin d’accompagnement et de confiance pour passer à l’action
Une forte méfiance envers les professionnels
Le déficit de confiance dans les artisans est massif : 75 % des Français déclarent avoir du mal à en trouver un de fiable, et 70 % craignent de se faire arnaquer. Ces deux chiffres montrent que l’obstacle n’est pas uniquement financier, mais aussi relationnel et émotionnel.
Ce climat de méfiance constitue un frein psychologique réel, renforcé par les nombreux témoignages d’abus ou d’entreprises non qualifiées dans les médias.
Un manque d’information structurel
Les chiffres confirment une méconnaissance généralisée :
- 65 % ne connaissent pas les aides auxquelles ils ont droit,
- 60 % ignorent les modalités techniques des travaux,
- 55 % ne sont pas informés sur les fraudes potentielles et les réflexes à adopter.
L’État, les collectivités et les acteurs du financement ont donc un rôle pédagogique à jouer. Les plateformes de rénovation énergétique, comme France Rénov’ tentent de répondre à ce besoin, mais restent encore peu connues.
« Les particuliers comme les professionnels ont besoin d’un accompagnement fiable pour s’orienter dans un univers complexe comme l’éco-rénovation. » – Franck Oniga, directeur général de Sofinco.
Les offres tout-en-un séduisent
Une solution “clé en main” intégrant travaux, conseil, artisans référencés et financement convaincrait 55 % des Français à accepter plus rapidement un devis. Ce modèle pourrait bien représenter l’avenir du secteur, en combinant sécurité, transparence et efficacité.
« Cette enquête confirme une double attente : agir pour réduire sa consommation, mais avec des solutions simples, fiables et adaptées aux contraintes financières. » – Franck Oniga.