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Travaux

Eco-conditionnalité : Opportunités ou contraintes pour les artisans du bâtiment ?

Eco-conditionnalité : Opportunités ou contraintes pour les artisans du bâtiment ?

Une fronde serait-elle en train de voir le jour contre le principe de l’éco-conditionnalité dans le bâtiment ? La question se pose au regard de l’importante évolution des opinions mesurées dans le baromètre Ipsos du CerFrance (cabinet de conseil et d’expertise comptable) à ce sujet.

Pour la majorité des artisans interrogés cette année, le principe de l’éco-conditionnalité et du RGE constitue une contrainte (43%), plus qu’une opportunité (26%) alors que 20% ne se prononcent pas. Cette opinion progresse de façon spectaculaire entre octobre 2013 et janvier 2015 (+25 points), alors que le sentiment qu’il ne s’agissait ni d’une contrainte, ni d’une opportunité prévalait encore en 2013 (49%). La contrainte est particulièrement mise en avant par les entreprises du secteur second œuvre technique (57%), les structures de trois à cinq salariés (50%) ainsi que celles qui ont vu leur activité diminuer en 2014 (49%).

« La mise en place du RGE en 2014 explique sans doute cette évolution. Certains professionnels du bâtiment semblent avoir le sentiment que l’éco-construction leur est imposée « par le haut », sans correspondre à une réelle attente du marché, bien au contraire », explique Vincent Dusseaux, Directeur d’études, Ipsos Public Affairs.

Les artisans considèrent que les demandes de leurs clients dans ce domaine sont stables ces deux dernières années (55%, -1) voire même en baisse pour une minorité croissante d’entre eux (20%, +10 par rapport à 2013). A l’opposé, seulement 18% des professionnels interrogés ont le sentiment que la demande a augmenté. Pour la profession, la faible demande de la part des acheteurs constitue encore aujourd’hui le premier obstacle au développement de l’éco-construction (53%, en hausse de 3 points).

A ce jour, 35% des artisans du bâtiment réalisent déjà des chantiers « éco-construction » et RGE et 23% d’entre eux pensent s’y mettre d’ici un ou deux ans (+2). Les entreprises de trois à cinq salariés sont les plus nombreuses à avoir franchi le cap : 55% ont déjà réalisé ce type de chantier. « La procrastination est une attitude toujours présente, mais moins fréquence chez les professionnels. 32% continuent d’attendre le plus longtemps possible avant d’effectuer ce type de chantier », commente Vincent Dusseaux.

Deuxième élément qui explique le changement d’attitude des artisans : la prise de conscience du fait que le respect des règles de l’éco-conditionnalité nécessite de leur part d’importants investissements. De plus en plus d’artisans (43%, +10) estiment que l’entrée en vigueur du dispositif implique des coûts élevés en matière de formation, de qualification et d’équipements. C’est tout particulièrement le cas pour les entreprises du second œuvre technique (57%) et les structures de trois à cinq salariés (48%). Cette progression s’accompagne d’un renforcement de l’idée selon laquelle il est difficile d’obtenir des aides financières suffisantes pour développer l’éco-construction (32% de citations +7 points).

Enfin, l’impact de l’éco-conditionnalité sur l’emploi dans le secteur est peu souligné par les artisans du bâtiment. Pour une très large majorité d’entre eux (75%), la mise en place du dispositif ne se traduira pas par de nouvelles embauches.

Méthodologie

Ipsos a réalisé pour le compte de CERFRANCE la cinquième vague du baromètre « Les artisans du bâtiment et l’éco-construction ». L’enquête a été réalisée par téléphone du 12 au 14 janvier 2015 auprès de 501 entreprises, constituant un échantillon représentatif des entreprises du bâtiment (gros œuvre, second œuvre technique, autre second œuvre) de 0 à 5 salariés.

Source : www.ipsos.fr

Manda R.

Manda R.

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