Le 4 décembre 2024, à Asunción, au Paraguay, une nouvelle page de l’histoire du patrimoine français s’est écrite. Les savoir-faire des couvreurs zingueurs parisiens et des ornemanistes ont été inscrits au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Cette reconnaissance met en lumière l’excellence de ces artisans qui façonnent les célèbres toits parisiens. Un symbole architectural admiré dans le monde entier. Plus qu’une distinction, ce label est une opportunité pour préserver ces métiers en voie de disparition, relever les défis de la transmission et répondre aux enjeux écologiques d’aujourd’hui.
Sommaire :
- L’inscription des couvreurs zingueurs à l’UNESCO : un symbole de fierté
- Des savoir-faire entre tradition et modernité
- Formation et transmission : des enjeux cruciaux pour l’avenir
- Un impact écologique qui s’inscrit dans la durabilité
L’inscription des couvreurs zingueurs à l’UNESCO : un symbole de fierté
Le classement des couvreurs zingueurs parisiens et des ornemanistes sur la liste indicative du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO est bien plus qu’une distinction. C’est une reconnaissance mondiale de métiers d’art essentiels à la préservation de l’identité parisienne.
Un contexte chargé de symboles
Cette inscription arrive dans un contexte chargé de symboles. En effet, elle coïncide avec la réouverture de Notre-Dame de Paris. Lors de cette restauration emblématique, les artisans ont joué un rôle crucial. Ils ont notamment participé à la reconstruction de la toiture et de la flèche, toutes deux détruites lors de l’incendie tragique survenu en 2019.
Un déficit inquiétant de talents
Edouard Bastien, président du GCCP (Syndicat des entreprises de génie climatique et de couverture plomberie), résume l’impact de cette consécration :
« Cette reconnaissance va permettre de mettre en lumière ces métiers d’art français et, surtout, de susciter des vocations, car il manque actuellement plus de 500 jeunes couvreurs à Paris et des milliers dans toute la France. »
Ce déficit est préoccupant. En 2023, un rapport du secteur a révélé une situation alarmante. En effet, il estimait qu’environ 10 000 postes de couvreurs zingueurs et ornemanistes restaient vacants à l’échelle nationale. Cette pénurie importante compromet non seulement la préservation des savoir-faire traditionnels, mais également l’entretien des monuments historiques, essentiels au patrimoine français.
Une opportunité pour valoriser des métiers méconnus
Par cette distinction, l’UNESCO offre une visibilité précieuse à ces métiers. En effet, les couvreurs zingueurs et les ornemanistes restent encore méconnus du grand public. Ces professions sont souvent perçues comme exigeantes, voire difficiles en raison des conditions de travail en hauteur et de la technicité requise.
Cependant, ces métiers sont bien plus que cela. Ils apportent une immense satisfaction à ceux qui les pratiquent. Les artisans parlent souvent d’une véritable fierté de contribuer à la préservation de monuments emblématiques et d’inscrire leur travail dans la durée. Cette reconnaissance internationale pourrait bien changer la perception de ces métiers et encourager une nouvelle génération à s’y intéresser.
Des savoir-faire entre tradition et modernité
Les toits de Paris, admirés pour leur élégance, sont indissociables des savoir-faire des couvreurs zingueurs et des ornemanistes. Ces métiers allient des techniques séculaires, comme le façonnage manuel du zinc ou la pose minutieuse des ardoises, à des solutions modernes répondant aux normes actuelles.
Chloé Iché, apprentie couvreuse, partage son expérience : “Quand vous êtes là-haut, sur un toit, vous ne pouvez pas tricher. C’est une formidable leçon de vie.”
Les couvreurs zingueurs jouent un rôle crucial dans la préservation des toits à la Mansart, typiques de l’architecture parisienne du XIXe siècle. Ces toits nécessitent une expertise particulière pour respecter leur esthétique, mais également leur durabilité.
L’innovation ne s’arrête pas là. Les ornemanistes repoussent les limites du savoir-faire en intégrant des matériaux recyclables et des techniques modernes, tout en reproduisant fidèlement des motifs anciens pour des monuments historiques.
Formation et transmission : des enjeux cruciaux pour l’avenir
La reconnaissance de l’UNESCO est un levier important pour encourager la transmission des savoir-faire des couvreurs zingueurs et ornemanistes. Cependant, le défi reste immense : le secteur manque cruellement de jeunes talents formés.
En cela, l’Eco Campus de Vitry-sur-Seine, inauguré en 2022, est devenu un modèle de formation en Europe. Ce centre ultra-moderne forme chaque année près de 500 apprenants, avec un accent particulier sur les pratiques écoresponsables.
Stéphane Colinet, Meilleur Ouvrier de France et formateur, met en avant le rôle essentiel de cet accompagnement : “En favorisant l’accompagnement, on peut aller très loin dans la réussite d’un jeune.”
Malgré ces initiatives, les besoins en main-d’œuvre restent criants, notamment en Île-de-France où 3 000 postes ne sont pas pourvus. Cette situation s’explique par le manque de visibilité de ces métiers, mais aussi par les préjugés persistants sur le travail manuel.
Susciter des vocations est une priorité pour le GCCP et ses partenaires. Ainsi, ils multiplient les campagnes de sensibilisation et les partenariats avec les écoles pour promouvoir ces métiers d’art auprès des jeunes générations.
Un impact écologique qui s’inscrit dans la durabilité
Outre leur rôle patrimonial, les couvreurs zingueurs et les ornemanistes se positionnent comme des acteurs clés de la transition écologique. En intégrant systématiquement des isolants sous les combles lors des rénovations, ces artisans permettent de réduire la consommation énergétique des bâtiments tout en améliorant le confort thermique des occupants.
Selon les données du GCCP, une toiture correctement isolée peut réduire les déperditions de chaleur d’un bâtiment de 30 %. Ces résultats s’inscrivent dans les objectifs des accords de Paris sur le climat.
Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement de Paris et initiatrice de la candidature à l’UNESCO, se félicite de cet aspect : “Derrière ces couvreurs, c’est toute une filière d’excellence, créatrice d’emplois et d’innovations, qui participe à la transition écologique.”
Conclusion
Les couvreurs zingueurs et ornemanistes ne sont pas seulement les gardiens des toits parisiens, ils incarnent aussi une vision moderne et durable de l’artisanat. Avec la reconnaissance de l’UNESCO, ces métiers d’art retrouvent la visibilité qu’ils méritent, tout en contribuant à relever les défis du XXIe siècle. Entre préservation du patrimoine et adaptation aux enjeux climatiques, ces artisans démontrent que tradition et innovation peuvent coexister harmonieusement.