L’Agence Parisienne du Climat (APC) se mobilise pour accompagner les copropriétés à monter des projets de rénovation énergétique. Le chantier de la copropriété Du Guesclin, 105 logements, dans le 15ème en est l’illustration.
La copropriété Du Guesclin s’est entourée de toutes les compétences professionnelles depuis le conseiller de l’APC présent à toutes les phases du projet en passant par l’architecte, le bureau d’études et les entreprises RGE. C’est ce qui a notamment permis de dépasser le besoin urgent du simple ravalement pour intégrer un volet énergétique et architectural ambitieux au projet.
« Fidèle à son époque de construction des années 70, notre copropriété est une structure formée de béton et de brique recouverte de pâtes de verre et non isolée. On ressentait un inconfort thermique depuis longtemps : Humidités, murs craquelés, sensation de courants d’air… et par ailleurs on avait des charges énergétiques qui s’élevaient à 65.000€ par an ! Les premiers audits effectués étaient sans appel. L’Etat de la structure était très inquiétant et la thermographie de façade nous a montré qu’il y avait des importantes déperditions de chaleur et de nombreux ponts thermiques dans notre immeuble. Il fallait agir ! », Explique Mme Simille, Présidente du Conseil Syndical de la copropriété Du Guesclin.
L’audit énergétique a été réalisé en 2013 et le conseil syndical a retenu le scénario de travaux le plus performant permettant de passer de l’étiquette énergétique « E » à « C », de diviser par 3 les consommations énergétiques et de diminuer de plus de la moitié la facture d’énergie.
L’obligation de réaliser un audit énergétique avant 2017 a, en effet, incité le conseil syndical à approfondir la démarche en faveur d’une isolation extérieures et de la mise en place de mesures complémentaires d’économie d’énergie. Cet audit précisait la répartition des déperditions de chaleur et mettait en visibilité la nécessité d’intervenir sur différents postes.
La ventilation naturelle ne permettait pas de contrôler les pertes thermiques par renouvellement d’air et les fenêtres d’origine comportaient des joints en mauvais état, occasionnant des infiltrations d’air importantes. Aussi, les murs extérieurs et les ponts thermiques étaient sources de déperditions importantes du fait de l’absence d’isolant et de la grande surface de déperditions. Les menuiseries extérieures devaient être changées, afin de limiter les déperditions de chaleur au niveau des vitrages d’origine très peu performants.
Les déperditions thermiques secondaires avaient lieu à travers les parois intérieures (9%) et les planchers hauts (5%). Les parois intérieures n’étaient pas isolées et les paliers et couloirs étaient relativement grands et étendus. Par conséquent, cela occasionnait des pertes thermiques, plus faibles que les pertes vers l’extérieur.
En 2014 les travaux ont été votés pour un montant de 2.110.964,43€. Ils prévoient : l’isolation des façades et des toitures, le changement de toutes les fenêtres, et la reprise de la ventilation. Les travaux de rénovation visaient un résultat équivalent à celui obtenu par le label Bâtiment Basse Consommation énergétique rénovation (BBC rénovation 2009), à savoir une consommation maximum de 104 kWh / m2 / an en moyenne.
La rénovation BBC apporte un maximum de confort thermique et acoustique. De plus, les économies réalisées sur la facture énergétique sont considérables. En effet, celle-ci est en général divisée par 3 après travaux. Enfin, viser un scénario ambitieux est plus avantageux, car il serait moins rentable de réaliser des travaux en deux temps.
Par ailleurs, rénover son logement dans le but de le rendre BBC augmente considérablement la valeur patrimoniale du bien, puisqu’il garantit un confort thermique et des charges maîtrisées. Pour les copropriétaires bailleurs, il s’agit également d’un gain d’attractivité et de tranquillité : moins de charges, moins de risques d’impayés. Enfin, certaines aides financières sont disponibles que si le projet vise un scénario BBC. Il est donc intéressant d’envisager ce type de travaux pour accéder à un financement plus important.
Les travaux ont été entrepris avec le soutien de la Ville de la Paris, de l’ANAH dans le cadre du programme «Habiter Mieux», ainsi que de la Région Ile-de-France et de l’ADEME dans le cadre du dispositif «Copropriété Durable» et ont démarré en décembre 2015. Ces aides ont permis à la copropriété de se faire accompagner gratuitement par un conseiller, de viser la performance énergétique et d’embarquer même les plus modestes.
« J’ai découvert les aides « Habiter Mieux » et j’ai été agréablement surprise de savoir que je pouvais en bénéficier parce que même si je ne suis pas dans une situation précaire, j’ai quand même des revenus modestes et je ne pouvais pas engager ces dépenses toute seule. Sur les 9 copropriétaires qui ont sollicité l’aide, 7 ont même eu le droit à une avance sur les travaux. Sans cette aide, nous n’aurions pas pu payer le reste à charge, c’est un vrai coup d’accélérateur pour entrer dans le projet », commente Mme Briois, membre du conseil syndical de la copropriété.
La copropriété du Guesclin a été retenue en 2014 par l’ADEME et le Conseil Régional d’Ile-de-France pour obtenir une subvention, qui récompense les projets ambitieux de copropriété en BBC rénovation. Le montant attribué est de 200.000€ pour les travaux et de 60.000€ pour l’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage).
Une enquête sociale a été réalisée en 2014 pour identifier les aides possibles en faveur des personnes à faible revenu et la possibilité éventuelle de pouvoir bénéficier de l’aide régionale « Lutte contre la précarité énergétique et sociale ». 9 copropriétaires occupants ayant des revenus modestes à très modestes ont présenté leur dossier et ont bénéficié des aides du programme « Habiter Mieux ». La subvention totale s’élève à 187.000€. La copropriété présentait l’avantage de disposer d’un fonds de travaux de l’ordre de 700.000€.
9 personnes ont utilisé le prêt collectif proposé par Domofinance. Le taux est à 3.87% avec assurance comprise, sur une durée de 6 ans.
Le Crédit d’impôt pour la Transition énergétique (CITE 2016) qui permet aux ménages de réduire leur impôt sur le revenu d’une partie des dépenses occasionnées lors de travaux d’amélioration énergétique réalisés dans leur habitation principale a été estimé à 287.399,44€.
La réussite de l’opération Du Guesclin est de nature à convaincre d’autres copropriétés à s’engager qui rencontrent des problématiques similaires. D’autres copropriétés du quartier ont d’ailleurs sollicité l’intervention de Mme Simille à des réunions de conseils syndicaux, pour partager son expérience.
Un projet de rénovation réussi au sein d’un quartier à un effet d’entrainement indéniable sur d’autres copropriétés. 644 copropriétés soient environ 47.000 logements parisiens et 120 entreprises sont affiliées au dispositif CoachCopro®. « Nous travaillons à renforcer cette dynamique pour embarquer la métropole parisienne dans la rénovation du parc bâti », conclut Anne Girault, directrice de l’Agence Parisienne du Climat.