La pénurie de main-d’œuvre dans la construction devient un frein majeur pour le secteur du logement en France et dans le monde. Une étude récente menée par PlanRadar révèle que 80 % des entreprises de construction en France subissent une hausse des coûts. Ces augmentations sont accompagnées de retards importants, eux-mêmes accentués par un manque criant de personnel qualifié. Dans un contexte de crise, cette étude identifie les défis clés comme les incertitudes politiques et le coût élevé des matériaux. À cet effet, elle souligne les solutions qui s’offrent aux acteurs du secteur, notamment l’adoption de nouvelles technologies. Alors que les besoins en logement restent élevés, ces obstacles pourraient-ils être levés pour soutenir la relance de la construction ?
Sommaire :
- L’impact de la pénurie de main-d’œuvre dans la construction sur les coûts
- Des retards de projets en cascade
- Solutions envisagées : le rôle de la technologie pour combler le manque de personnel
- Les perspectives pour le secteur de la construction de logements
L’impact de la pénurie de main-d’œuvre dans la construction sur les coûts
La pénurie de main-d’œuvre dans la construction entraîne une inflation des coûts pour les entreprises du secteur. Près de 80 % des entreprises françaises interrogées dans le cadre de l’étude de PlanRadar confirment une hausse des coûts. Or, celle-ci est due principalement à l’augmentation des salaires et aux dépenses pour maintenir les projets actifs malgré la pénurie. Ce constat est partagé au niveau européen. Et, les chiffres annoncés sont impressionnants. Ainsi, 89 % des entreprises polonaises, 83 % des entreprises allemandes, et 80 % des entreprises britanniques rapportent également une forte augmentation des coûts liés au manque de personnel.
Face à cette situation, les entreprises n’ont souvent pas d’autre choix que de rehausser les salaires pour attirer les talents nécessaires. Cette stratégie, bien qu’indispensable, pèse lourdement sur leurs marges. À titre d’exemple, le cabinet McKinsey observe une augmentation des postes vacants dans le secteur de la construction en France. Ainsi, le nombre de postes non pourvus a été multiplié par cinq entre 2016 et le troisième trimestre 2023. En outre, cette rareté de la main-d’œuvre conduit certaines entreprises à recourir davantage aux sous-traitants ou aux travailleurs intérimaires.
De plus, la hausse des coûts des matériaux aggrave encore la situation. En France, 52 % des entreprises de construction identifient les coûts des matériaux comme un défi majeur. D’ailleurs, ce pourcentage atteint 89 % en Pologne et 70 % en Espagne. Les petites entreprises, moins équipées pour absorber de telles hausses, en subissent l’impact de façon disproportionnée. En cela, elles mettent en péril leur rentabilité.
Des retards de projets en cascade
La pénurie de main-d’œuvre dans la construction provoque également des retards importants dans l’exécution des projets. Selon les résultats de l’étude, 86 % des entreprises françaises interrogées déclarent faire face à des retards dus aux difficultés de recrutement. Ce qui dépasse la moyenne mondiale, située à 75 %. Ce ralentissement, combiné aux coûts élevés, crée un obstacle majeur pour la livraison rapide des logements. En conséquence, le secteur peine à répondre efficacement à une demande croissante en France.
Ces retards de projets entraînent des conséquences en chaîne pour l’ensemble du marché immobilier. En effet, la production de logements a chuté de 19,8 % en France entre avril 2023 et mars 2024. Ce déclin ne fait qu’exacerber la crise de l’offre. Alors que la demande en logements reste forte, la lenteur dans l’exécution des projets pèse lourdement sur la rentabilité des entreprises. Elle impacte aussi les consommateurs, car l’offre de logements peine à suivre le rythme de la demande.
De plus, certains professionnels soulignent que ces retards allongent indirectement la durée pendant laquelle les entreprises doivent mobiliser des ressources et du personnel. Ce qui ajoute une pression supplémentaire sur leurs finances.
Selon Álvaro Vega, Regional Manager chez PlanRadar, « la pénurie de main-d’œuvre et les retards entraînent une complexité accrue dans la gestion des projets, ce qui fragilise le secteur ».

Solutions envisagées : le rôle de la technologie pour combler le manque de personnel
Pour surmonter les défis liés à la pénurie de main-d’œuvre dans la construction, de nombreuses entreprises investissent dans les nouvelles technologies. L’étude de PlanRadar souligne que 65 % des constructeurs de logements considèrent les outils numériques essentiels. Des solutions comme les logiciels de gestion de projets et le BIM (Building Information Modeling) pourraient, selon eux, améliorer l’efficacité. Elles contribueraient ainsi à réduire les erreurs et à accroître la rentabilité.
En effet, ces solutions numériques permettent d’automatiser une partie du processus de construction. En cela, elles facilitent la communication entre les équipes et garantissent une meilleure gestion des ressources humaines et matérielles. Des plateformes comme PlanRadar offrent la possibilité de centraliser la documentation, le suivi et le reporting des projets, améliorant ainsi la productivité. 91 % des clients de PlanRadar ont déclaré observer une augmentation de la productivité grâce à l’utilisation de cette plateforme. De même, 90 % notent une réduction des reprises de travaux, une économie précieuse en contexte de pénurie.
Cependant, bien que l’adoption de ces outils soit reconnue comme essentielle, elle reste lente. Plus de 25 % des entreprises n’ont pas encore investi dans des logiciels de gestion de construction. Cet écart limite leur compétitivité et les rend moins résilientes face aux perturbations.
Sander van de Rijdt, PDG et cofondateur de PlanRadar, commente : « Les solutions technologiques représentent une voie prometteuse pour regagner en productivité et rentabilité, à condition de surmonter les obstacles à leur adoption ».
Les perspectives pour le secteur de la construction de logements
Malgré les obstacles, l’étude montre un certain optimisme parmi les professionnels de la construction. En effet, ces derniers cherchent activement des opportunités de croissance pour contrer la pénurie de main-d’œuvre. Environ 50 % des entreprises envisagent de nouveaux investissements dans les technologies et les innovations pour maintenir leur compétitivité malgré les défis structurels. Parallèlement, de nombreuses voix appellent à des changements politiques, notamment dans le domaine de l’immigration. L’objectif est d’attirer davantage de travailleurs qualifiés dans le secteur de la construction.
Les experts du secteur soulignent aussi la nécessité de revoir la réglementation pour encourager les jeunes et les travailleurs qualifiés à s’orienter vers le secteur de la construction. Par exemple, les programmes de formation professionnelle pourraient être élargis pour répondre plus efficacement aux besoins du secteur. Dans un contexte de tensions économiques et de taux d’intérêt élevés, la BCE et la Fed ont déjà amorcé une baisse des taux. Ce qui pourrait alléger les coûts de financement pour les entreprises et soutenir une reprise des investissements dans le logement.
Comme le souligne Sander van de Rijdt, « les entreprises ont aujourd’hui une occasion unique de se concentrer sur l’optimisation de leurs processus internes pour être prêtes au moment où la demande repartira ».
Ce recentrage sur l’efficacité pourrait donc devenir la clé d’une relance solide du secteur de la construction, dans un contexte où la demande en logement reste élevée malgré la crise.
Conclusion
La pénurie de main-d’œuvre dans la construction reste un défi de taille pour le secteur du logement, avec des effets directs sur les coûts et les délais. L’adoption accrue des nouvelles technologies et les ajustements politiques sont parmi les solutions envisagées pour permettre au secteur de retrouver son dynamisme. Alors que la demande en logement ne faiblit pas, ces stratégies pourraient-elles suffire pour relancer la construction en France et ailleurs ?