Les possibles conséquences sur le marché immobilier sont de plusieurs ordres. Dans un premier temps, une baisse de la devise britannique et donc de la demande des britanniques désireux d’acheter des biens immobiliers en France. Mais aussi une plus grande volatilité des marchés financiers qui pourrait profiter à l’immobilier, valeur refuge.
La baisse de la devise britannique, si elle devait se maintenir ou s’amplifier, entraînerait une baisse de pouvoir d’achat et donc de la demande des britanniques désireux d’acheter des biens immobiliers en France. Rappelons que les Britanniques sont les premiers investisseurs étrangers en France devant les Italiens.
« Une baisse de la demande britannique se ferait ressentir particulièrement dans les stations de ski des Alpes, dans les quartiers centraux de Paris, sur la Côte d’Azur, en Bretagne et dans certains départements du sud-ouest prisés par nos voisins d’outre-manche. Ils achètent des biens de valeur élevée, d’où un impact concentré sur l’immobilier haut de gamme », indique Sébastien de Lafond, président et cofondateur de MeilleursAgents.com.
Mais les conséquences du Brexit pourraient aller au-delà d’un retrait des Britanniques du marché immobilier Français. Si le Brexit devait entraîner une volatilité durable des marchés financiers, l’immobilier pourrait bénéficier, comme d’autres actifs considérés comme valeurs refuges d’un afflux d’investisseurs désireux de mettre leur patrimoine à l’abri dans un monde plus incertain.
Dix jours à peine après l’annonce du Brexit, que constatons-nous ? Les bourses ne se sont finalement pas effondrées (baisse de 4% du CAC 40, maintien du Footsie 100), la livre sterling ne baisse plus et les taux d’intérêt (notamment l’OAT à 10 ans inférieur à 0.2%) continuent leur chute.
Les premières estimations chez BoursedesCrédits sont en faveur d’un calme continu et positif sur les taux de crédits accordés aux particuliers. Selon Arsalain EL Kessir, président de BoursedesCrédits, « on note une nouvelle baisse chez certains de nos partenaires. Les emprunteurs ayant déjà obtenu des conditions de crédit immobilier jamais vues, devraient encore voir baisser les taux pratiqués par les banques. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir vis-à-vis de l’emprunt, les taux resteront stables jusqu’au mois de septembre, une fois que les banques sauront si leurs objectifs sont atteints ou pas ».
Cette baisse des taux de crédits immobiliers est assez logique: ce sont les taux des emprunts d’Etat qui dictent les conditions dans lesquelles les banques se refinancent. Si le taux des emprunts d’Etat baisse, elles empruntent moins cher auprès des banques centrales, et peuvent donc baisser les taux de crédits octroyés à leurs clients sans entamer leurs marges.
L’incertitude ainsi que les tensions économiques entraînées par ce Brexit, mettent en difficulté la remontée des taux de financement. Cette situation garantit encore quelques années de taux très bas, et peut-être même des records de taux immobiliers pas encore battus en France.
Notons toutefois que l’agence de notation S&P a dégradé la note de crédit de l’Union Européenne de AA+ à AA, signalant là une inquiétude sur l’évolution de la performance économique de la zone.
« Les banques vont avoir besoin de l’ensemble de l’année pour réaliser leurs objectifs. Même si la demande est actuellement dynamique avec un risque d’allongement des délais de traitement durant l’été, il n’y aura pas d’engorgement dans les banques comme l’année dernière. Pas de remontée de taux à l’horizon donc… Sous l’impact du Brexit, nous pourrions même assister à de nouvelles baisses de taux en septembre, car la baisse des taux d’emprunt d’Etat va donner de la latitude aux banques qui souhaitent baisser leurs taux pendant un mois traditionnellement riche en transactions immobilières. On pourrait alors descendre pour certains profils à un nouveau plancher à 1,10 ou 1% sur 20 ans », explique Jérôme Robin, président et fondateur de Vousfinancer.com.
Pour le marché immobilier français, cette nouvelle baisse des taux d’intérêt va à nouveau gonfler le pouvoir d’achat des acquéreurs et maintenir les prix dans les prochains mois.