Avec 26% des consommations finales d’énergie, les bâtiments résidentiels dépensent davantage d’énergie que les industries et presqu’autant que le secteur des transports. Également contributeurs de plus de 20% des émissions nationales de CO2, les bâtiments résidentiels constituent de fait un gisement important d’économies d’énergie, et donc de réduction de gaz à effet de serre.
Les résidences principales construites avant 1975 représentent 54% du parc, seules d’importantes rénovations permettront de réduire les consommations d’énergie de cette cible. Si l’on en juge des derniers chiffres de l’Ademe, rapportées au m2, les consommations des logements les plus anciens se situent près de 50% au-dessus de celles des logements récents.
Selon les diagnostics de performance énergétique (DPE) délivrés pour les logements construits en 2013, 86% des résidences principales neuves sont classés A ou B et consomment donc moins de 91 kWhep m2 pour le chauffage et l’eau chaude. Les autres appareils électriques représentant environ 17% de l’énergie des logements, la plupart des logements neufs consomment moins de 105 kWh/m2.
Concernant les types d’énergie les plus consommées, le gaz et l’électricité sont les deux principales sources. Du fait de l’augmentation du prix du fioul par rapport à celui du gaz et du moindre coût des chaudières à condensation au gaz par rapport aux chaudières à fioul, le fioul a été progressivement remplacé par le gaz comme énergie de chauffage.
Par ailleurs, les réseaux de chauffage urbains devraient poursuivre leur développement notamment grâce au Fonds Chaleur et aux nouvelles possibilités offertes par la loi pour la transition énergétique et la croissance verte (LTECV). Selon une étude du Syndicat National du Chauffage Urbain et de la Climatisation Urbaine (SNCU), plus de 500 réseaux de chauffage urbain en activité étaient recensés en 2013 dont 9% alimentaient des logements neufs.
Il est par ailleurs à noter que les progrès réalisés dans les technologies des chaudières, telles que les chaudières à condensation et les pompes à chaleur et l’amélioration de l’isolation des logements, ont permis de réduire sensiblement les consommations unitaires des logements principalement au niveau du chauffage, de l’eau chaude et de la cuisson.
Le chauffage est le poste de consommation d’énergie qui a plus fortement diminué : il représentait 66% de la consommation unitaire des appartements construits avant 1975 et 53% de celles postérieures à 1999 ; et a diminué de 42% en moyenne entre les appartements construits avant 1975 et après 1999. Globalement, les campagnes de rénovation ont permis de réduire sensiblement les consommations unitaires des logements à 180 kWh/m²/an environ en 2012.
Ce bilan doit cependant être nuancé par l’apparition de nouveaux usages et la croissance des consommations liées aux appareils électriques. Si par rapport à 1990, les consommations de chauffage par logement ont diminué de 33%, les consommations des appareils électriques ne concernant ni le chauffage, ni l’eau ni la cuisson, ont augmenté de plus de 40%. Ce phénomène s’explique par la progression de l’équipement en appareils électroménagers et TIC et plus récemment par la multitude d’équipements en mobilité fonctionnant sur batterie.
La mise en œuvre de techniques performantes d’un point de vue énergétique va réduire considérablement la consommation dans les bâtiments mais on ne peut pas compter que sur le progrès technique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. D’autres facteurs influencent la consommation énergétique réelle des bâtiments, comme la maintenance et les réglages par exemple.
Enfin, les usagers ont également une « part de responsabilité » dans ces surconsommations. En effet, comme le souligne Gaëtan BRISEPIERRE, sociologue spécialisé dans les questions d’énergie, d’environnement et d’habitat : « les utilisateurs importent souvent des usages ou des habitudes de leurs anciens bâtiments, or ces usages ne sont pas optimaux dans un bâtiment performant énergétiquement ».
Est-ce que le progrès ne résiderait pas avant tout dans le changement des comportements des usagers ?