Malgré de nombreuses incertitudes, l’activité de l’artisanat du bâtiment renoue avec la croissance au 3ème trimestre. On observe un rebond de +0,5% d’activité en volume. Pour autant sur l’ensemble de l’année 2020, l’activité des entreprises artisanales devrait être en baisse d’environ 10 %.
Un rebond de croissance sur tous les marchés pour l’artisanat du bâtiment
Cette reprise de l’activité dans l’artisanat du bâtiment est particulièrement visible dans l’activité de la construction neuve (+1%). Cela s’explique par un redémarrage des chantiers qui étaient arrêtés.
Toutefois, le nombre de mises en chantier recule de 6,8 % sur les douze derniers mois pour atteindre 380 300. Par ailleurs, le nombre de permis de construire fléchit de 11,7 % avec 390 900.
Les permis de construire sont passés sous la barre des 400 000 en juillet dernier, une situation inédite depuis cinq ans.
À première vue, ce repli du nombre de permis et de mise en chantiers résulte du confinement imposé par la crise sanitaire. À ce propos, l’instruction des demandes d’autorisations d’urbanisme a été considérablement perturbée.
De son côté, l’activité en entretien rénovation s’est également redressée pour atteindre le même niveau d’activité qu’au 3e trimestre 2019. Dans le même temps, les travaux d’Amélioration de Performance Énergétique du Logement progressent eux de 0,5 %.
L’évolution des prix, un indicateur suivi plus attentivement en période de crise
Au 2e trimestre 2020, les prix augmentent de + 0,9 % (par rapport au même trimestre l’année précédente). En parallèle, les coûts augmentent de + 0,9 % sur la même période. Les prix s’accélèrent légèrement dans les travaux de couverture (+2,2 %). À l’inverse, ils se replient pour les autres travaux de construction spécialisés (–0,1 %). De plus, ils ralentissent dans les travaux de menuiserie (+1,2 % après +1,4 %) et les travaux de plâtrerie (+1,5 % après +1,7 %).
“ L’hypothèse annuelle devrait enregistrer une baisse d’activité autour de -10 %, celle de l’emploi ne suivra pas la même courbe. C’est l’effet « TPE » : la petite entreprise est un modèle souple et agile qui permet de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs !” – Jean-Christophe Repon, Président de la Confédération de l’Artisanat du Bâtiment (CAPEB).
En effet, au cours du 2e trimestre, les prévisions de 15 000 à 30 000 emplois perdus sont aujourd’hui ramenées à 2000 voire 3000 emplois perdus. C’est le résultat cumulé de trois éléments :
- les mesures gouvernementales appropriées et rapides,
- la reprise des chantiers grâce au guide sanitaire édité par la filière,
- la confiance des ménages, qui, à l’issue du confinement, souhaitaient améliorer le confort de leur habitat.
Point sur l’artisanat du bâtiment suite à la crise sanitaire
Une grande partie des entreprises de l’artisanat du bâtiment ont pu bénéficier des aides de l’État. Ainsi, 8 % des entreprises de l’artisanat du bâtiment déclarent avoir bénéficié d’un Prêt Garanti de l’État. De même, 46 % déclarent avoir bénéficié du fonds de solidarité.
Si la reprise de l’activité de l’artisanat du bâtiment s’accentue, elle reste toutefois freinée par le retard de chantier pour 34 % des entreprises interrogées. Cependant, pour 16 % d’entre elles, le frein à la reprise vient du refus d’une partie de la clientèle privée d’engager des travaux. Enfin, il ne faut pas négliger les difficultés rencontrées en matière d’approvisionnement en matériaux et produits bâtiment.
La CAPEB reste en conséquence extrêmement vigilante. Les conséquences sociales et économiques provoquées par la crise sanitaire ne sont pas à écarter. De fait, la hausse du chômage et les comportements d’épargne de précaution des ménages pourraient notamment stopper net cette dynamique de reprise dans les mois à venir.
“ Ce rebond est un signal rassurant pour les chefs d’entreprises artisanales du bâtiment, qui n’ont pas cessé de se mobiliser pour poursuivre leur activité dans un contexte de crise totalement inédit.” – Jean-Christophe Repon.
Pourtant deux incertitudes majeures persistent : la crise sanitaire bien évidemment et l’impact réel du Plan de Relance. Ce plan étant tout particulièrement orienté vers la rénovation énergétique avec MaPrimeRénov, il est fondamental de simplifier le dispositif RGE. De même, il est important de fluidifier les dispositifs des CEE et de rendre les aides plus lisibles. Enfin, il faut accompagner les entreprises au quotidien dans le traitement de leurs dossiers.
“La massification espérée des travaux de rénovation énergétique des logements ne se fera pas sans nous.” – Jean-Christophe Repon.