Chauffage, électricité, carburant : la consommation énergétique pèse sur le budget des ménages franciliens et notamment ceux de la grande couronne francilienne. La hausse du coût de l’énergie et la forte variabilité des prix ont entraîné la mise en place de stratégies d’adaptation : l’IAU (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme) s’est attaché à analyser ces stratégies.
En Île-de-France, 174.000 ménages connaissent des dépenses énergétiques deux fois supérieures à la moyenne des ménages franciliens à la fois pour le logement et le carburant. Résider hors de l’agglomération parisienne, être propriétaire, occuper une maison individuelle, se chauffer à l’électricité, avoir de modestes revenus, sont autant de déterminants qui augmentent la vulnérabilité énergétique des ménages.
Ainsi, 7,5% des ménages (360.300) sont considérés en situation de vulnérabilité énergétique selon le critère du taux d’effort énergétique. Ce taux est calculé d’après les dépenses énergétiques réelles des ménages rapportées à leurs revenus et obtenues à partir de l’Enquête nationale logement (ENL). Le seuil de vulnérabilité appliqué est de 10%. Il s’agit majoritairement de ménages aux revenus modestes.
L’effort énergétique touche particulièrement les occupants âgés du parc individuel, surtout s’ils sont chauffés au fioul, et les jeunes locataires en immeuble collectif chauffé à l’électricité. Dans les deux cas il s’agit de logements anciens.
L’enquête révèle que les ménages franciliens anticipent mal les dépenses de chauffage au moment de l’acquisition d’une maison. Des travaux a minima sont effectués sans évaluation globale des besoins, ni prise en compte du rapport investissements/économies sur le long terme : le chauffage est limité aux pièces à vivre, les radiateurs électriques parfois délaissés pour un poêle à pétrole ou du chauffage au bois, plus risqués en émissions de monoxyde de carbone.
Par ailleurs, près de 624.400 ménages ont déclaré avoir « souffert du froid au cours de l’hiver dernier pendant au moins 24 heures», à cause d’une installation de chauffage insuffisante, d’une limitation du chauffage en raison de son coût, ou de la mauvaise isolation du logement. Ils représentent 14% des foyers enquêtés.
156.000 ménages peuvent être considérés comme vulnérables vis-à-vis de leur mobilité professionnelle, et 289.000 au vue de leur mobilité quotidienne. Les ménages de la grande couronne (en particulier ceux de la Seine-et-Marne) sont très représentatifs de cette situation. Stratégies, arbitrages et compromis sont mis en place. On observe que les ménages âgés (+ de 60 ans) consacrent une part plus importante de leurs dépenses de consommation pour se chauffer. En revanche, la part des dépenses de carburant diminue avec l’âge, notamment au-delà de 60 ans (sortie de la vie active).
Toutefois les ménages, même modestes, restent attachés aux qualités de « l’habiter périurbain», rarement remises en question par le coût énergétique et les contraintes organisationnelles. Ces difficultés sont compensées par l’espace d’une maison et le confort psychologique que procure le statut de propriétaire occupant.
Le programme de l’Anah « Habiter mieux » vise à améliorer la performance énergétique de 300.000 propriétaires, modestes ou très modestes, d’ici 2017 en France. Les premières années ont montré combien le repérage des ménages concernés était compliqué. Depuis le 1er juin 2013, les plafonds ont été rehaussés, augmentant le nombre de ménages éligibles, et les aides majorées.
En outre, la mobilisation des acteurs locaux et l’appui des emplois d’avenir ont permis à ce programme d’atteindre sa vitesse de croisière. Il n’en reste pas moins que de nombreux ménages, ignorants des aides, ou dissuadés par leurs exigences, bricolent ou réhabilitent eux-mêmes leur logement. Une pratique en hausse constante qui, encadrée ou accompagnée, peut représenter un outil efficace de lutte contre la précarité énergétique. Aujourd’hui, en Île-de-France, les chantiers se situent majoritairement en zone dense et en collectif, avec l’intervention des compagnons bâtisseurs.
Cette pratique représente un axe d’amélioration possible de l’efficacité énergétique et donc de lutte contre une partie de la vulnérabilité énergétique. L’IAU îdF étudie ainsi les conditions d’un changement d’échelle de l’auto-réhabilitation accompagnée en Île-de-France, pour devenir un outil de l’amélioration énergétique de l’habitat individuel dans le périurbain francilien. Anah et SEM Energie sont des acteurs à ne pas négliger.
> Note Rapide n°678 Vulnérabilité énergétique : les pavillonnaires modestes sous tension
Source : www.iau-idf.fr