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Santé

Qualité air intérieur : un enjeu majeur pour la santé respiratoire

Qualité air intérieur : un enjeu majeur pour la santé respiratoire

Une récente enquête menée par Murprotec et le RespiLab révèle des résultats alarmants sur la qualité de l’air intérieur. Alors que nous passons 80% de notre temps en espaces clos, l’air que nous y respirons s’avère bien plus dangereux qu’on ne le pense. L’étude, axée sur les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques et leurs aidants, met en lumière une prise de conscience générale. Et, par ailleurs, de graves lacunes en termes d’information et d’action. Face à ce constat, des solutions émergent pour sensibiliser et protéger la population contre cette menace invisible, mais bien réelle pour notre santé.

Sommaire :

La qualité air intérieur : une préoccupation croissante

Une prise de conscience généralisée

L’enquête Santé & Habitation, menée auprès de plus de 300 personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques et leurs proches aidants, révèle une prise de conscience quasi unanime. En effet, 97% des répondants estiment que la qualité air intérieur peut avoir un impact sur la santé. Cette sensibilisation se traduit par une inquiétude palpable. Ainsi, 86% des participants se déclarent préoccupés par le sujet, dont la moitié très préoccupés.

La qualité air intérieur : une préoccupation croissante

Ces chiffres reflètent une tendance croissante à l’échelle nationale. Selon une étude de l’ADEME publiée en 2023, 7 Français sur 10 se disent préoccupés par la qualité de l’air intérieur dans leur logement.

Des chiffres alarmants

Les résultats de l’étude font écho à des statistiques nationales préoccupantes. Selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), la pollution de l’air intérieur est responsable chaque année en France de plus de 20 000 décès prématurés et de plus de 28 000 nouveaux cas de maladies graves. De plus, le coût socio-économique de cette pollution est estimé à 19 milliards d’euros par an, selon un rapport de l’ANSES publié en 2014.

À l’occasion de la Journée nationale de la qualité de l’air, Edouard David, Responsable Engagement Sociétal de Murprotec souligne l’urgence d’agir face aux risques sanitaires liés à la pollution de l’air intérieur, il déclare :

“La qualité de l’air intérieur est un enjeu de santé publique trop souvent négligé. Notre enquête Santé & Habitat révèle un paradoxe alarmant : bien que conscients des risques, de nombreux Français restent démunis face aux solutions concrètes pour améliorer l’air qu’ils respirent chez eux. Il est crucial de sensibiliser et d’éduquer le grand public sur les gestes simples mais efficaces qui peuvent faire une réelle différence pour leur santé respiratoire au quotidien.”

Le paradoxe de la méconnaissance

Une fausse sensation de sécurité

Malgré la prise de conscience générale, l’enquête met en lumière un paradoxe inquiétant. 71% des personnes interrogées se sentent à l’abri chez elles, pensant que l’air intérieur de leur habitation n’est pas plus pollué que l’air extérieur. Or, cette perception erronée contraste fortement avec la réalité. En effet, selon l’OQAI (Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur), l’air intérieur est en fait 5 à 9 fois plus pollué que l’air extérieur.

La qualité air intérieur
Cette pollution provient de diverses sources :

  • matériaux de construction,
  • meubles,
  • produits d’entretien,
  • activités humaines (cuisine, tabagisme),
  • et par ailleurs de l’air extérieur qui s’infiltre.

Par exemple, le formaldéhyde, un polluant courant dans les logements, peut être émis par les meubles en bois aggloméré, les peintures ou les produits d’entretien.

Des connaissances limitées sur les polluants et les solutions

L’étude révèle également des lacunes importantes en termes de connaissances. Bien que 82% des répondants perçoivent l’humidité comme un polluant de l’air intérieur, 40% restent confus lorsqu’il s’agit d’identifier d’autres polluants. Plus préoccupant encore, 41% ne connaissent pas les solutions efficaces pour se protéger contre la pollution de l’air intérieur.

Parmi les solutions efficaces méconnues, on peut citer :

  • L’aération quotidienne du logement pendant au moins 10 minutes, même en hiver
  • L’entretien régulier des systèmes de ventilation
  • L’utilisation de matériaux et produits d’entretien à faible émission de polluants

Des solutions mal identifiées malgré une conscience des problèmes

Bien que 93% des répondants identifient correctement l’aération quotidienne comme une solution efficace, et 80% reconnaissent l’importance d’installer ou d’entretenir une VMC, 41% des personnes interrogées restent confuses quant aux solutions réellement efficaces pour améliorer la qualité de l’air intérieur.

Des solutions mal identifiées malgré une conscience des problèmes
En effet, 41% citent au moins une mauvaise recommandation, comme l’achat de purificateurs d’air électriques (28%) ou de plantes dites purifiantes (23%), dont l’efficacité a été remise en question par des études scientifiques. Plus inquiétant encore, 2% mentionnent l’utilisation de désodorisants comme les encens ou les bougies parfumées, qui peuvent en réalité aggraver la pollution intérieure. Ces résultats soulignent l’urgence d’une meilleure éducation du public sur les méthodes efficaces d’amélioration de la qualité de l’air intérieur, en mettant l’accent sur des solutions simples et éprouvées comme l’aération régulière et l’entretien des systèmes de ventilation.

L’humidité : un danger sous-estimé

Une problématique répandue

L’enquête met en évidence la prévalence des problèmes d’humidité dans les logements. 43% des répondants indiquent avoir déjà vécu dans un habitat présentant des signes d’humidité tels que moisissures, condensation ou salpêtre. Ce chiffre, bien que déjà élevé, pourrait être sous-estimé, car certains signes d’humidité peuvent passer inaperçus.

De plus, 87% des répondants identifient bien les signes d’un problème d’humidité : condensation, taches sur les murs, mauvaise odeur. Et, 82% perçoivent l’humidité comme un polluant de l’air intérieur.

L'humidité : un danger sous-estimé
Selon les chiffres de l’INSEE, 20,6% des logements en France présentent des signes visibles d’humidité.

Des conséquences sur la santé respiratoire

L’humidité excessive dans un logement n’est pas qu’un simple désagrément esthétique. Elle favorise le développement de moisissures et d’acariens reconnus comme des facteurs aggravants pour de nombreuses pathologies respiratoires. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) souligne que les environnements humides et moisis augmentent le risque d’asthme, de rhinites allergiques et d’autres problèmes respiratoires.

Un manque criant d’information et d’action sur la qualité de l’air intérieur

Des diagnostics rares malgré les risques

L’un des résultats les plus frappants de l’enquête concerne le manque d’action concrète face aux risques identifiés. Ainsi, 95% des personnes atteintes de pathologies respiratoires chroniques et leurs proches aidants n’ont jamais fait réaliser de diagnostic de la qualité air intérieur au sein de leur logement. Ce chiffre est d’autant plus alarmant que cette population est particulièrement vulnérable aux effets de la pollution intérieure.

Ce manque de diagnostic peut s’expliquer par plusieurs facteurs :

  • Le coût perçu de ces diagnostics
  • Le manque de connaissance sur l’existence de tels services
  • La sous-estimation des risques liés à la qualité de l’air intérieur

Pourtant, des solutions existent. Par exemple, certaines associations proposent des prêts de capteurs de qualité de l’air à faible coût. De plus, des Conseillers Médicaux en Environnement Intérieur (CMEI) peuvent intervenir sur prescription médicale pour réaliser des audits de logement.

Un besoin d’information clairement exprimé

Le manque d’action s’explique en partie par un déficit d’information. 40% des répondants, pourtant directement concernés par les problèmes respiratoires, se déclarent peu ou pas du tout informés sur le sujet de la qualité air intérieur. Seulement 16% estiment être très bien informés, soulignant un besoin urgent de sensibilisation et d’éducation.

Un manque criant d'information et d'action

Ce manque d’information touche également les professionnels de santé. Comme le souligne un témoignage de l’enquête : “Les médecins sont peu informés et ignorent pour la plupart l’existence des CMEI, ils ne savent que prescrire des médicaments, rarement chercher des causes.”

Vers des solutions concrètes pour améliorer la qualité de l’air intérieur

Un appel à la sensibilisation

Face à ce constat, les participants à l’enquête expriment un besoin clair d’information et de sensibilisation. Ils souhaitent que le sujet soit davantage abordé dans les médias et par les professionnels de santé. À cet effet, 67% des répondants attendent des informations fiables de la part des professionnels de santé, tandis que 57% souhaiteraient être informés via des sites officiels.

Vers des solutions concrètes pour améliorer la qualité air intérieur
Plusieurs témoignages illustrent ce besoin :

  • “On ne parle pas assez de l’air intérieur et de sa qualité, on devrait nous informer plus des risques pour notre santé.”
  • “Sujet qui devrait être abordé par les médias de l’audiovisuel, (entre deux séries de pubs). Tellement important pour nous et malheureusement si peu pour eux.”
  • “Pour les proches aidants d’un enfant sujet à l’asthme, nous sommes toujours à la recherche d’infos.”

Le Programme Maison Saine : une initiative prometteuse

En réponse à ces attentes, Murprotec a lancé le Programme Maison Saine. Cette initiative vise à prévenir, sensibiliser et informer les particuliers, collectivités et professionnels sur les risques de l’habitat pour la santé. Le programme s’appuie sur trois axes principaux :

  1. La compréhension. Par le financement d’études et d’enquêtes dédiées à l’impact de l’habitat sur la santé.
  2. La sensibilisation. En diffusant des contenus informatifs via des webinaires, conférences et réunions d’information.
  3. L’action. Grâce au soutien d’associations, création d’un lien permanent avec le monde médical et accès aux dispositifs de traitement d’air pour certains patients.

Le programme mobilise également les 25 000 ménages bénéficiaires chaque année du diagnostic gratuit Murprotec à devenir “Ambassadeurs Maison Saine”. Et, cela dans le but de démultiplier la communication autour de la prévention.

Programme Maison Saine
Précisons que cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large de prise en compte de la qualité de l’air intérieur. Par exemple, depuis le 1er janvier 2023, le diagnostic de performance énergétique (DPE) intègre désormais un volet sur la qualité de l’air et le confort d’été.

Conclusion : vers une prise de conscience collective

L’enquête Santé & Habitation met en lumière un paradoxe inquiétant : une conscience générale des risques liés à la qualité air intérieur, mais un manque flagrant d’information et d’action concrète. Face à cette situation, il est crucial de multiplier les initiatives de sensibilisation et d’éducation.

Plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées :

  1. Renforcer la formation des professionnels de santé sur les enjeux de la qualité de l’air intérieur
  2. Intégrer systématiquement la question de l’environnement intérieur dans le suivi des patients atteints de maladies respiratoires chroniques
  3. Développer des campagnes de sensibilisation grand public, à l’instar de celles menées pour la sécurité routière ou l’alimentation saine
  4. Encourager l’innovation dans le domaine des capteurs de qualité de l’air intérieur accessibles au grand public

La qualité de l’air que nous respirons chez nous n’est pas un luxe, mais une nécessité pour notre santé. Il est temps que chacun, du simple citoyen aux autorités sanitaires, prenne la mesure de cet enjeu majeur de santé publique et agisse en conséquence. Comme le résume si bien un participant à l’enquête : “Ne restez pas sans savoir pour ne pas rester sans rien faire”.

En fin de compte, améliorer la qualité de l’air intérieur n’est pas seulement une question de confort, mais un véritable investissement dans notre santé et notre bien-être à long terme. Les résultats de cette enquête doivent servir de catalyseur pour une action concertée impliquant tous les acteurs de la société : pouvoirs publics, professionnels de santé, industriels, et citoyens. C’est seulement en travaillant ensemble que nous pourrons créer des environnements intérieurs plus sains pour tous.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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