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Energie

Photovoltaïque résidentiel : comment la France peut rattraper son retard européen

Photovoltaïque résidentiel : comment la France peut rattraper son retard européen

Le photovoltaïque résidentiel en France accuse un retard significatif par rapport à ses voisins européens. Puisque l’on compte seulement 1,6% des logements équipés fin 2022. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, notamment des prix d’installation élevés et un cadre réglementaire moins incitatif. Pourtant, l’exemple de pays comme les Pays-Bas ou la Belgique, où près d’un logement sur cinq est équipé de panneaux solaires, montre qu’un développement rapide est possible. En s’inspirant des mesures mises en place par ces pays leaders, telles qu’une TVA réduite ou des aides ciblées, la France pourrait accélérer considérablement le déploiement du photovoltaïque résidentiel. Cet article explore les obstacles actuels et propose des solutions concrètes pour stimuler ce secteur crucial de la transition énergétique.

Sommaire :

État des lieux du photovoltaïque résidentiel en Europe

Des disparités marquées entre les pays

Le développement du photovoltaïque résidentiel varie considérablement d’un pays à l’autre en Europe. Ainsi, les Pays-Bas dominent le classement avec 20% des logements équipés, suivis de près par la Belgique avec 16%. La Pologne se classe troisième avec 7,3% des logements équipés. À l’opposé, la France et l’Espagne ferment la marche avec respectivement 1,6% et 1,2% de logements équipés.

État des lieux du photovoltaïque résidentiel en Europe
Ces chiffres révèlent un écart considérable entre les pays leaders et les retardataires. Par exemple, l’Allemagne, bien que quatrième du classement, compte 1,8 million d’installations résidentielles. Soit trois fois plus que la France en valeur absolue.

Les facteurs de développement

Contrairement aux idées reçues, l’ensoleillement n’est pas le facteur déterminant. Le prix de l’électricité et le coût des installations jouent un rôle bien plus important. Dans les pays où l’électricité est chère, comme au Royaume-Uni, l’incitation à s’équiper en panneaux solaires est plus forte.

Selon le baromètre Hello Watt des prix de l’électricité en Europe, au 1er janvier 2023, le prix du kWh dépassait 47 centimes dans la plupart des pays étudiés. Mais, il restait inférieur à 21 centimes en France et en Espagne. Cette différence explique en partie le retard de ces deux pays dans le développement du photovoltaïque résidentiel.

Les obstacles au développement du photovoltaïque résidentiel en France

Des prix d’installation élevés

En France, le coût moyen d’une installation de 6 kWc s’élève à 16 600 €. Soit près du double des prix observés aux Pays-Bas et en Belgique. Cette différence s’explique en partie par un marché moins mature et une concurrence moins forte entre les installateurs.

Les obstacles au développement du photovoltaïque résidentiel en France
Une étude réalisée par Hello Watt en avril 2024 a comparé les prix moyens d’une installation de 6 kWc dans différents pays européens :

  • Pays-Bas : 8 500 €
  • Belgique : 8 250 €
  • Allemagne : 12 000 €
  • France : 16 600 €

Ces écarts de prix ont un impact direct sur la rentabilité des installations et, par conséquent, sur l’attractivité du photovoltaïque pour les particuliers.

Un cadre réglementaire peu incitatif

La France se distingue par une TVA à 20% pour les installations supérieures à 3 kWc, alors que ses voisins européens ont mis en place des taux réduits, voire nuls. De plus, les démarches administratives, comme la déclaration préalable de travaux, sont particulièrement complexes en France.

Selon un rapport du Sénat publié le 23 février 2023, les délais de signature des contrats de rachat d’électricité auprès d’EDF OA sont “plus importants que prévu” dans le contexte d’une “augmentation importante des demandes de contrat d’achat”. Or, ces retards administratifs peuvent décourager de nombreux particuliers d’investir dans le photovoltaïque.

Les mesures qui ont fait leurs preuves chez nos voisins européens

Une fiscalité avantageuse

Plusieurs pays ont mis en place une TVA réduite ou nulle sur les installations photovoltaïques. L’Allemagne, par exemple, a supprimé la TVA sur les systèmes solaires résidentiels jusqu’à 30 kWc en janvier 2023, comme le rapporte PV Magazine dans un article du 8 décembre 2022.
TVA installation photovoltaique selon les pays
Aux Pays-Bas, la TVA sur les panneaux solaires (matériel et installation) est passée de 21% à 0% depuis le 1er janvier 2023. Cette mesure a été mise en place pour compenser la fin progressive du système de facturation nette. Ce qui permettait aux particuliers de déduire de leur facture l’électricité excédentaire injectée dans le réseau.

Des aides ciblées et des prêts avantageux

La Belgique propose des prêts à taux zéro pour les ménages modestes et intermédiaires. En effet, ces prêts, appelés Rénopack en Wallonie et VerbouwLening en Flandre, permettent de financer des travaux de rénovation énergétique, y compris l’installation de panneaux photovoltaïques.

Quant à l’Allemagne, elle offre des prêts à taux bas via le programme KfW 270 pour les travaux de rénovation énergétique, incluant les installations photovoltaïques. Ce programme, géré par la banque publique Kreditanstalt für Wiederaufbau, permet aux particuliers de bénéficier de taux d’intérêts réduits et d’une subvention de remboursement du prêt.

Les recommandations pour booster le photovoltaïque résidentiel en France

Réformer la fiscalité

La première mesure serait d’abaisser la TVA à 5,5% pour toutes les puissances d’installations photovoltaïques résidentielles. Cette uniformisation encouragerait les projets plus ambitieux, adaptés aux besoins énergétiques croissants des Français.

Selon les calculs d’Hello Watt, cette mesure permettrait de réduire le coût moyen d’une installation de 6 kWc d’environ 1 800 €, la ramenant à 13 700 €. Bien que ce prix reste supérieur à celui observé dans d’autres pays européens, il représenterait une amélioration significative pour le marché français.

Simplifier les démarches administratives

La suppression de la déclaration préalable de travaux pour les installations photovoltaïques réduirait considérablement les délais administratifs. De même, une simplification du système d’obligation d’achat permettrait d’accélérer la mise en service des installations.

En Allemagne, par exemple, les revenus générés par la vente d’électricité solaire par des particuliers ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. Cette simplification fiscale pourrait être une source d’inspiration pour la France.

Protéger les consommateurs

Pour éviter les prix abusifs qui nuisent au développement du marché, plusieurs mesures pourraient être mises en place :

  • L’interdiction de la vente en porte-à-porte
  • L’extension du délai légal de rétractation aux ventes en salons et foires
  • L’interdiction des crédits pour les montants trop élevés

Ces mesures s’inspirent de la loi de juillet 2020 qui a interdit le démarchage téléphonique dans le secteur de la rénovation énergétique. Elles viseraient à protéger les consommateurs contre les pratiques commerciales agressives et les prix excessifs.

Perspectives pour le photovoltaïque résidentiel en France

Malgré son retard, la France montre des signes encourageants. Selon les données d’Enedis, en juillet 2024, le pays comptait 872 000 installations photovoltaïques résidentielles. Ce qui marque une progression significative par rapport aux 600 000 installations de fin 2022. Cette croissance, stimulée par la baisse du prix des panneaux et la hausse du prix de l’électricité, laisse espérer un rattrapage dans les années à venir. Par ailleurs, le cabinet LCP Delta prévoit en 2024, +1M logements équipés sur le territoire français et + 2.7 M d’ici 2030. En France, les installations solaires et de stockage ont fait un bond en 2023, mais gagnent lentement du terrain. L’augmentation des prix de l’énergie et la baisse des tarifs d’achat d’électricité ont incité les ménages à l’autoconsommation de l’énergie photovoltaïque.

L’objectif fixé par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) est d’atteindre une capacité installée de 35,1 à 44 GW de solaire d’ici 2028. Pour atteindre cet objectif ambitieux, le segment résidentiel aura un rôle crucial à jouer.

Pour maintenir cette dynamique, la France doit s’inspirer des meilleures pratiques de ses voisins européens. En combinant des mesures fiscales incitatives, des aides ciblées et une simplification administrative, le pays pourrait rapidement combler son retard et devenir un acteur majeur du photovoltaïque résidentiel en Europe.

La transition vers une énergie plus verte et plus locale est un enjeu crucial pour l’avenir. Le photovoltaïque résidentiel représente une opportunité unique pour les particuliers de participer activement à cette transition tout en réduisant leur facture énergétique.

Comme le souligne un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), “ le solaire photovoltaïque distribué pourrait transformer la façon dont l’électricité est générée et consommée”.

Il est temps pour la France de libérer tout le potentiel de ses toitures et de faire briller le soleil sur son avenir énergétique.

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Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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