Les Français prennent conscience de l’importance d’un habitat sain pour leur bien-être physique et mental. C’est ce que révèle le Baromètre des Bâtiments Sains 2024 du groupe VELUX. L’étude souligne un paradoxe. Bien que 90% des Français reconnaissent les risques d’un logement insalubre, un tiers d’entre eux estime ne pas vivre dans un habitat sain. Face à ce constat, des solutions émergent. La rénovation holistique des bâtiments pourrait améliorer la santé des occupants. Mais, aussi générer d’importants bénéfices économiques et environnementaux.
Sommaire :
- La prise de conscience des Français sur l’habitat sain
- Les critères d’un habitat sain selon les Français
- Les enjeux économiques et environnementaux de l’habitat sain
- Vers une politique de l’habitat sain
La prise de conscience des Français sur l’habitat sain
Le Baromètre des Bâtiments Sains 2024 du groupe VELUX révèle une prise de conscience significative chez les Français concernant l’impact de leur habitat sur leur santé. Selon cette étude, 90% des Français estiment qu’un logement insalubre présente des risques graves pour leur santé physique. Tandis que 88% jugent que cela affecte également leur santé mentale.
Catherine Juillard, Directrice Relations Institutionnelles et Bâtiments Durables chez VELUX France, souligne l’importance de cette prise de conscience : “Il est impératif de repenser nos espaces de vie pour qu’ils favorisent le bien-être mental et physique. Les bâtiments sains doivent devenir la référence.”
Cette préoccupation est particulièrement marquée chez les jeunes générations. Pour 48% des moins de 35 ans, un habitat sain est considéré presque aussi important pour la santé que la pratique d’une activité physique régulière (55%) ou des relations sociales positives (53%). Ce constat met en lumière l’évolution des priorités en matière de santé et de bien-être.
Un décalage entre aspirations et réalité
Malgré cette prise de conscience, l’étude révèle un écart significatif entre les aspirations des Français et leur situation réelle. Puisqu’un tiers des Français (32%) estime ne pas vivre dans un habitat complètement sain. Ce chiffre est encore plus élevé dans certaines catégories de la population :
- 42% des jeunes âgés de 25 à 34 ans
- 42% des catégories socio-professionnelles populaires
- 46% des locataires
Ces statistiques soulignent les inégalités persistantes en matière de logement et la nécessité d’actions ciblées pour améliorer la qualité de l’habitat. En particulier pour les populations les plus vulnérables.
La réalité est d’autant plus préoccupante que, selon le Baromètre, un quart des Français vit dans des logements où la qualité de l’air intérieur est insuffisante. À l’échelle européenne, plus de 30 millions de citoyens vivent dans des logements trop sombres. Ce qui peut avoir des répercussions significatives sur leur santé et leur bien-être.
Les critères d’un habitat sain selon les Français
Confort thermique et lumière naturelle en tête des priorités
L’étude VELUX met en évidence une vision holistique de l’habitat sain chez les Français.
Les principaux critères identifiés sont :
- confort thermique, été comme hiver (64%)
- lumière naturelle (60%)
- qualité de l’air intérieur (57%)
- aménagement intérieur (44%)
- confort acoustique (40%)
- résistance aux changements climatiques (38%)
La priorité accordée au confort thermique reflète les préoccupations croissantes liées au changement climatique. En effet, avec l’évolution des conditions météorologiques vers des étés plus chauds, la question de la santé dans les logements deviendra de plus en plus importante. Ainsi, il faudra éviter les problèmes de confort tels que la surchauffe, les maladies liées à la chaleur ou, pire encore, les décès provoqués par les excès de chaleur.
Des solutions innovantes plébiscitées
Face à ces enjeux, les Français montrent un vif intérêt pour les technologies innovantes améliorant le confort de leur logement :
- 51% sont intéressés par le réglage automatique du chauffage
- 42% plébiscitent la baisse automatique des volets en cas de fort ensoleillement
Ces chiffres indiquent l’importance de l’innovation dans le secteur du bâtiment pour répondre aux attentes des occupants en matière de confort et d’efficacité énergétique.
Les enjeux économiques et environnementaux de l’habitat sain
Des bénéfices économiques substantiels
L’investissement dans des bâtiments sains présente des avantages économiques considérables. Selon le Baromètre, en France, la rénovation énergétique d’ampleur des bâtiments résidentiels pourrait entraîner plus de :
- 750 millions d’euros d’économies pour le système de santé
- 660 millions d’euros d’économies pour la sécurité sociale
- 60 millions d’euros de contributions privées
- et la création de 316 000 emplois dans les secteurs du bâtiment et du génie civil
À l’échelle européenne, l’impact pourrait être encore plus significatif. Des environnements de travail plus sains pourraient ajouter 40 milliards d’euros par an à l’économie européenne pour chaque amélioration de 1% de la performance des employés.
Mariangiola Fabbri, Head of Research au BPIE, souligne : “Les bâtiments dans lesquels nous vivons jouent un rôle essentiel sur notre bien-être. Il faut élargir le cadre réglementaire pour inclure des indicateurs de santé et de bien-être dans le suivi des bâtiments.”
Un impact environnemental positif
L’habitat sain joue également un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique. En France, selon les données du rapport :
- Le secteur du bâtiment contribue à hauteur de 25% aux émissions de gaz à effet de serre du pays
- L’exploitation des bâtiments représente 47% de la consommation française annuelle d’énergie
La rénovation énergétique, en améliorant l’efficacité énergétique et en intégrant des matériaux durables, permet de réduire significativement cette empreinte carbone. De plus, environ 20 millions de logements en France ont été construits avant 1979. De fait, ils présentent souvent une mauvaise qualité de l’environnement intérieur. Ce qui souligne l’urgence de moderniser ces habitats pour les rendre plus sains et plus durables.
Vers une politique de l’habitat sain
Un cadre réglementaire renforcé
L’étude VELUX révèle que 83% des Français souhaitent un cadre réglementaire renforcé pour la construction et la rénovation de logements afin qu’ils soient sains. Cette demande est prise en compte au niveau européen avec la nouvelle directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD).
Cette directive vise à :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre
- Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments
- Assurer la santé et le bien-être des occupants
Le nouveau cadre des bâtiments sains présenté dans le Baromètre par BPIE intervient à un moment crucial pour la politique européenne du bâtiment et du climat. Il fournit un point de référence nécessaire aux gouvernements nationaux pour la mise en œuvre de l’EPBD.
Des actions prioritaires pour l’avenir
Le rapport propose plusieurs actions prioritaires pour promouvoir l’habitat sain. Ainsi, L’institut BPIE propose d’intégrer cinq dimensions interdépendantes pour repenser les standards d’un bâtiment sain :
- Amélioration de la santé mentale et physique
- Conception adaptée aux besoins humains
- Construction et gestion durables
- Résilience et adaptabilité
- Responsabilisation des acteurs
Ces dimensions se déclinent en 24 indicateurs spécifiques.
Parmi les préconisations, il est question d’intégrer les enjeux de santé, de développement durable et de résilience dans la politique de logement. En cela, la rénovation énergétique doit aller au-delà de l’efficacité énergétique pour inclure la qualité de l’air, le confort thermique, la lumière naturelle et l’usage de matériaux durables.
Par ailleurs, il est important de générer des données de haute qualité. Nous devons disposer de données complètes pour suivre l’état de santé des bâtiments et prendre des décisions éclairées. Actuellement, ces données sont parcellaires, ce qui freine l’évolution des politiques publiques.
L’engagement du secteur privé est également crucial. VELUX, par exemple, s’engage depuis plus de 10 ans à promouvoir la construction de bâtiments sains en Europe. Le projet expérimental de maison bas carbone Living Places à Copenhague démontre que des solutions existent déjà avec les matériaux et les technologies actuelles.
En conclusion, l’habitat sain représente un enjeu majeur pour la santé, l’économie et l’environnement en France et en Europe. La prise de conscience croissante des citoyens, couplée aux initiatives réglementaires et aux innovations du secteur privé, ouvre la voie à une transformation profonde du parc immobilier. Les bénéfices potentiels sont considérables, tant sur le plan individuel que collectif. Il est désormais crucial de passer à l’action pour concrétiser cette vision d’un habitat plus sain et durable pour tous.
