Malgré un contexte politique instable et des conditions d’accès au crédit encore restrictives, le marché immobilier français connaît un regain d’activité au premier semestre 2024. La baisse des taux d’intérêt et des prix de l’immobilier redonne confiance aux acheteurs potentiels. Le courtier CAFPI observe une hausse significative des demandes de financement immobilier et des transactions. Cependant, des défis persistent. Pour y répondre, CAFPI propose quatre mesures d’urgence visant à stimuler le secteur du logement. Cette situation paradoxale entre optimisme et obstacles soulève des questions sur l’avenir du marché immobilier français.
Sommaire :
- Une reprise encourageante du financement immobilier
- Les prix de l’immobilier en baisse : une aubaine pour les acheteurs
- Le comportement des emprunteurs : optimisme malgré les incertitudes
- Les défis persistants du marché immobilier
- Le rôle croissant des courtiers dans le financement immobilier
- Le marché du crédit professionnel : une activité en pleine croissance
- Les propositions de CAFPI pour stimuler le marché du logement
Une reprise encourageante du financement immobilier
Le premier semestre 2024 marque un tournant pour le marché immobilier français. Après deux années difficiles, le secteur connaît un regain d’activité significatif. Selon les données fournies par CAFPI, la production de crédits immobiliers a atteint 9 milliards d’euros en avril 2024. Soit une hausse impressionnante de 30% par rapport au mois précédent. Cette reprise s’explique principalement par la baisse des taux d’intérêt, un facteur clé dans le financement immobilier.
Caroline Arnould, Directrice générale de CAFPI, souligne cette tendance positive : “Le taux moyen sur 25 ans est passé de 4,5% en décembre 2023 à 3,8% actuellement. Il retrouve ainsi son niveau de juillet 2023. Cette évolution facilite considérablement l’accès au financement immobilier pour de nombreux ménages français.”
Pour illustrer concrètement cette amélioration, prenons l’exemple d’un couple souhaitant acquérir un bien de 86 m². Au premier semestre 2024, ils devaient en moyenne emprunter 214 836 € et mobiliser 63 022 € d’apport, contre 242 301 € d’emprunt et 66 131 € d’apport un an plus tôt. Cette différence significative démontre l’impact positif de la baisse des taux sur la capacité d’emprunt des ménages.
Les prix de l’immobilier en baisse : une aubaine pour les acheteurs
Parallèlement à la baisse des taux, les prix de l’immobilier connaissent une tendance à la baisse. Selon les chiffres de la FNAIM (Fédération Nationale de l’Immobilier) cités dans le document CAFPI, au niveau national, les prix ont diminué de 3,8% entre juin 2023 et juin 2024.
Cette baisse est encore plus prononcée dans certaines grandes villes :
- Paris : -7,7%
- Bordeaux : -8,1%
- Toulouse : -5,9%
- Rennes : -7,1%
- Lille : -5,7%
Laura Martino, Directrice des Partenariats Bancaires et du marché PRO chez CAFPI, commente cette évolution : “ Cette situation crée des opportunités réelles pour les acheteurs. Le financement immobilier devient plus accessible, avec un montant moyen emprunté de 214 836 € au premier semestre 2024, contre 242 301 € un an plus tôt.”
Notons que cette baisse des prix, combinée à une progression des salaires désormais supérieure à l’inflation, améliore significativement le pouvoir d’achat immobilier des Français. En 2023, le montant des acquisitions immobilières représentait 5 années de revenus, contre 4 en 2025 selon les projections de CAFPI.
Le comportement des emprunteurs : optimisme malgré les incertitudes
Un sondage réalisé par CAFPI auprès de 1001 de ses clients entre le 11 et le 23 juin 2024 révèle un optimisme persistant chez les emprunteurs.
Caroline Arnould analyse ces résultats : “ 72% des personnes interrogées sont conscientes de la baisse des taux de financement immobilier. Plus encourageant encore, 37,4% pensent que les taux vont continuer à baisser et 26,3% qu’ils vont rester stables.”
Malgré le contexte politique incertain, 73% des sondés affirment que leur projet immobilier initial reste inchangé, contre seulement 65% lors du précédent baromètre en octobre 2023. Cette confiance se traduit par une augmentation des demandes de financement immobilier chez CAFPI.
Julien Langlade, Président de CAFPI, confirme cette tendance : “Nous observons une hausse significative des montages et demandes de financement à fin juin 2024 par rapport au premier semestre 2023, et ce malgré un environnement réglementaire inchangé.”
Les défis persistants du marché immobilier
Malgré ces signes positifs, des obstacles subsistent dans le secteur du financement immobilier. Le sondage CAFPI révèle que 85% des personnes interrogées jugent les conditions d’accès au crédit trop restrictives. Cette perception est probablement liée aux normes du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) mises en place début 2022. En effet, ces dernières ont durci les conditions d’octroi des crédits immobiliers.
Les prix de l’immobilier, bien qu’en baisse, sont encore considérés comme trop élevés par 38% des répondants. De plus, le contexte politique instable crée une forme d’attentisme chez certains acheteurs potentiels. Puisque 21,8% des sondés estiment que la situation politique actuelle pourrait décourager leur projet immobilier. Or, ces défis freinent une reprise plus vigoureuse du marché immobilier. En cela, ils soulignent la nécessité de mesures adaptées pour soutenir le secteur.
Le rôle croissant des courtiers dans le financement immobilier
Face à ces enjeux, le recours aux courtiers en financement immobilier gagne en importance. Ainsi, 68% des personnes interrogées estiment que l’accompagnement d’un courtier est indispensable dans le contexte économique actuel. Les raisons principales sont :
- l’obtention de taux attractifs (47%),
- le gain de temps (17%),
- l’obtention d’un financement (13%),
- et l’accompagnement par un expert (13%).
Notons que pour 72% des répondants, c’était la première fois qu’ils faisaient appel à un courtier. Ce sondage souligne une tendance croissante à recourir à ces professionnels pour naviguer dans les complexités du financement immobilier.
Le marché du crédit professionnel : une activité en pleine croissance
Le courtage en crédits professionnels connaît également une forte croissance.
Laura Martino précise : “CAFPI enregistre une augmentation de 17% de cette activité à fin mai 2024 par rapport à l’année précédente. Les principaux projets financés concernent l’investissement dans les murs professionnels (60%), l’achat de fonds de commerce (48%), et le financement de matériel ou de trésorerie (25%).”
Cette tendance reflète une dynamique entrepreneuriale soutenue en France, malgré un contexte économique encore incertain. Les taux moyens pour les prêts professionnels restent légèrement supérieurs à ceux des prêts immobiliers classiques (4,2% contre 4,0% au deuxième trimestre 2024). Mais, l’écart se resserre, ce qui rend le financement plus attractif pour les entrepreneurs.
Les propositions de CAFPI pour stimuler le marché du logement
Pour répondre aux défis du secteur, CAFPI propose quatre mesures d’urgence :
- Simplification des règles d’urbanisme et accélération du traitement des recours. Cette mesure vise à réduire les délais et les coûts liés à la construction de nouveaux logements.
- Création d’un statut unique du bailleur privé. Cette proposition cherche à restaurer l’attractivité de l’investissement locatif, notamment en autorisant l’amortissement fiscal.
- Abrogation des normes du HCSF en matière de crédit à l’habitat. CAFPI argue que ces normes empêchent les banques de tenir compte du potentiel de progression des revenus ou de la notion de “reste à vivre”. En cela, elles aggravent artificiellement la baisse de capacité d’emprunt des ménages.
- Relance des Prêts à Taux Zéro (PTZ). CAFPI souligne que le nombre de PTZ est passé de 123 000 en 2017 à une prévision de 40 000 en 2024. À cet effet, l’entreprise plaide pour une réouverture des critères d’éligibilité afin de retrouver des volumes supérieurs à 100 000 prêts par an.
Caroline Arnould conclut : “Ces propositions visent à faciliter l’accès au financement immobilier et à dynamiser le marché du logement. Elles sont essentielles pour surmonter les obstacles actuels et permettre à un plus grand nombre de Français de réaliser leurs projets immobiliers.”