La situation économique de l’artisanat du bâtiment ne montre aucun signe d’amélioration. Au premier trimestre 2024, le volume d’activité du bâtiment a reculé de 1,5% en glissement annuel. Il poursuit ainsi la tendance baissière amorcée depuis 2023. Bien que la construction neuve enregistre un repli moins prononcé, les carnets de commandes continuent de se vider. Parallèlement, l’entretien-amélioration n’est plus épargné, avec une première baisse d’activité en un an depuis la crise sanitaire. Face à ces défis, la CAPEB confirme ses perspectives dégradées pour 2024 et appelle à des ajustements rapides des mesures gouvernementales.
Sommaire :
- Ralentissement continu de l’activité du bâtiment en 2024
- Réformes de MaPrimeRénov’ et perspectives de relance
- Rénovation et accessibilité, leviers pour le marché immobilier
Ralentissement continu de l’activité du bâtiment en 2024
Fléchissement de la performance énergétique
L’activité du bâtiment en 2024 témoigne d’un ralentissement notable, notamment dans le secteur de la performance énergétique. Après une hausse de 1,5 % au dernier trimestre de 2023, la croissance de ces travaux a plongé à seulement 0,5 % au premier trimestre de 2024. Ce ralentissement affecte directement l’activité en entretien-amélioration. En effet, ce marché affiche un recul de 0,5 % en glissement annuel, une première depuis la crise sanitaire.
Difficultés persistantes dans la construction neuve
La construction neuve continue de rencontrer des obstacles, avec un recul annuel de 3,5 % au premier trimestre 2024. Toutefois, on note que cette baisse est moins prononcée que celle du trimestre précédent (-4,5 %). Cependant, les carnets de commandes dans le secteur de la construction neuve sont fortement touchés. En effet, ils affichent seulement 74 jours de travail prévus. Cette situation représente une baisse notable de l’activité du bâtiment, marquant une réduction de 13 jours par rapport à l’année précédente.
Activité du bâtiment : carnets de commandes et trésorerie sous pression
La situation se complique avec la réduction continue des carnets de commandes. Cela se traduit par 13 jours de travail en moins en comparaison à l’année précédente. De plus, une proportion plus importante d’entreprises signale des besoins accrus en trésorerie. Ainsi, on observe une hausse de 5 points par rapport à fin 2023. Ce qui souligne les défis financiers auxquels les entreprises du bâtiment sont confrontées.
Réformes de MaPrimeRénov’ et perspectives de relance
La baisse de l’activité en entretien-amélioration est exacerbée par le ralentissement des travaux de performance énergétique. En effet, ces derniers passent d’une croissance de 1,5 % à seulement 0,5 %. Par ailleurs, la réforme MaPrimeRénov, effective depuis janvier 2024, qui encourage des rénovations globales plutôt que des interventions ponctuelles, a ralenti la croissance des travaux de performance énergétique, déjà en baisse.
Face à ce déclin, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) a milité pour des ajustements du dispositif MaPrimeRénov’. En cela, les réformes annoncées le 8 mars et applicables à partir du 15 mai visent à stimuler la rénovation énergétique. Ce nouvel élan pourrait redynamiser l’activité du bâtiment en seconde moitié de l’année.
> Consulter notre article sur : “Crise des artisans RGE : un obstacle à la rénovation énergétique”
Désormais, l’objectif est de garantir la durabilité de l’amélioration du dispositif MaPrimeRénov’ afin de faciliter la réalisation concrète et en grand nombre de rénovations importantes. À cet effet, la CAPEB s’engage résolument à promouvoir l’établissement d’un programme de travaux étalé sur plusieurs années. Ainsi, il bénéficierait progressivement d’aides financières accrues au fur et à mesure de l’avancement des travaux.
“ Ce premier recul de l’entretien-rénovation confirme ce que nous avions prédit et craint. Les mesures obtenues par la CAPEB le 8 mars dernier devraient permettre d’endiguer ce recul. Donnons-nous les moyens de ne plus nous retrouver dans la situation d’impasse, que nous avons connue. Nous devons travailler dès maintenant à la concrétisation du parcours de travaux pour 2025.” – Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
Rénovation et accessibilité, leviers pour le marché immobilier
Outre la rénovation énergétique, la CAPEB souligne l’importance de stimuler le marché de l’accessibilité des logements. Pour rappel, un tiers de la population française aura plus de 60 ans d’ici 2050. De plus, 85 % des seniors souhaitent vieillir chez eux. Dès lors, l’accessibilité devient un enjeu sociétal majeur.
Les efforts pour renforcer la rénovation pourraient également contribuer à répondre à l’objectif gouvernemental de créer un choc d’offres de logements. En effet, il faut assurer les conditions pour que l’activité du bâtiment, notamment dans le secteur artisanal, puisse s’épanouir à la hauteur de son potentiel. Car, c’est aussi garantir aux Français la possibilité de vivre mieux et plus longtemps dans des logements décarbonés et accessibles.
L’année 2024 confirme les difficultés prolongées pour l’activité artisanale du bâtiment, confrontée à un ralentissement généralisé et à des défis financiers importants. Les mesures récentes et les initiatives en faveur de la rénovation énergétique et de l’accessibilité pourraient cependant offrir des pistes de relance et de croissance durable pour le secteur.
“ Les défis liés à l’activité en entretien-amélioration sont nombreux et revêtent une importance cruciale pour notre société. Premièrement, il est essentiel de satisfaire les besoins des Français en logement. De plus, il faut accélérer la rénovation énergétique. Enfin, l’amélioration de l’accessibilité des logements reste une priorité absolue. Il y a des millions de logements à rénover et ces rénovations ne se feront pas sans les entreprises artisanales du bâtiment. J’en appelle au Gouvernement à poursuivre la mise en œuvre de dispositifs qui leur donnent la possibilité de répondre à ce potentiel colossal d’activité du bâtiment.” – Jean-Christophe Repon.