Les administrateurs de biens et syndics doivent se préparer à relever de nouveaux défis à l’horizon 2025. Face à l’inflation et aux enjeux de rénovation énergétique, ils vont devoir se réinventer. Une opportunité pour les professionnels de l’immobilier qui vont devoir replacer la relation client au centre de leurs préoccupations. Alors quels seront les principaux moteurs de croissance pour ces professions ? Voici quelques éléments de réponse des experts de Xerfi Precepta.
Les administrateurs de biens et syndics vont devoir se réinventer
La période que nous vivons connait de nombreux bouleversements. Le contexte inflationniste actuel et les tensions sur le pouvoir d’achat des ménages risquent d’accentuer la fragilité financière d’une forte proportion de copropriétés.
Pour autant, les professionnels de l’immobilier bénéficient d’une bonne stabilité financière. En 2022, les administrateurs de biens et syndics enregistrent un chiffre d’affaires en hausse de 5% et un taux de résultat net de 9%. Ainsi, les perspectives s’annoncent prometteuses malgré le contexte économique incertain.
D’ailleurs, selon les prévisions des experts de Xerfi Precepta, leur activité augmentera de 5% par an en moyenne d’ici 2025.
Certes, les acteurs seront pénalisés par le recul attendu du nombre de transactions dans l’ancien. Mais, la hausse du parc de copropriétés et la revalorisation des honoraires de syndic seront les principaux moteurs de la croissance. En effet, sur ce marché, la concurrence des pure players reste faible.
Une offre parfaitement transparente et financièrement acceptable
Pour autant, la profession devra proposer une offre parfaitement transparente et financièrement acceptable. Ainsi, les services proposés par les syndics devront être personnalisés et leurs honoraires de gestion acceptables. À cet égard, la mise en place de la fiche d’information standardisée depuis janvier 2022 devrait les contraindre à une transparence croissante.
Par ailleurs, les professionnels de l’immobilier ont digitalisé une partie de leur offre. C’est le cas également pour les petits cabinets indépendants. Toutefois, les administrateurs de biens et les syndics doivent veiller à la qualité de leur communication vis-à-vis des clients. Ainsi, il est important de conserver des contacts physiques pour ne pas perdre en réactivité.
Les administrateurs de biens et syndics accompagnateurs de la transition énergétique
Pour rappel, la loi Climat et résilience, promulguée en août 2021, va accélérer la rénovation énergétique au sein des copropriétés et chez les bailleurs. En cela, les professionnels de l’immobilier ont un rôle essentiel à jouer. Ils doivent sensibiliser et accompagner leurs clients en matière de rénovation énergétique.
Toutefois, on peut s’attendre à un report des travaux dans les copropriétés au moins jusqu’à fin 2023. Faute de pouvoir réaliser les travaux nécessaires dans les « passoires thermiques », des propriétaires bailleurs opteront alors pour la vente de leur bien. Ce qui risque de peser sur le marché de la gestion locative.
Un mouvement de concentration qui touche tous les cabinets
L’expansion géographique des réseaux en France reste l’un des grands axes de développement. En particulier pour Emeria, nouveau nom de Foncia depuis le début de 2022.
En effet, le groupe a racheté 300 cabinets d’administrateurs de biens et syndics depuis 2016.
Outre les petits cabinets de quartier, Emeria a également acquis des groupes régionaux à l’image d’AGDA Immobilier et Billon Immobilier.
Cependant, la concentration en marche dans le secteur n’est pas le simple fait des grands groupes. Puisqu’une multitude de cabinets de quartier se rachètent régulièrement pour constituer des places fortes à l’échelle locale, voire départementale.
En revanche, le déploiement à l’international ne concerne qu’un nombre limité de groupes d’administrations de biens. Le plus développé est sans conteste Emeria en se portant acquéreur en mars dernier de FirstPort, premier syndic au Royaume-Uni.
Ce développement hors des frontières s’effectue par croissance externe, mais également via des partenariats. C’est le cas de Sergic qui s’est ainsi implanté au Maroc grâce à sa joint-venture avec Yamed Group, spécialiste local des services immobiliers.
Enfin, on observe que l’extension du portefeuille d’activités est aussi d’actualité chez nombre de professionnels. En cela, Citya Immobilier est très présent dans la franchise immobilière. Notons que le réseau est déjà détenteur de Guy Hoquet et Laforêt. Mais, le groupe a renforcé son emprise suite aux acquisitions de Century 21 et Nestenn.
Certains acteurs investissent par ailleurs le segment du Property Management, à l’instar d’Emeria, Nexity, Sergic, Lefeuvre Immobilier, GTF ou encore Immo City.
Emeria en tête parmi les 6000 cabinets recensés en France
Emeria représente environ 2,5 millions de lots gérés en 2022. Déjà présent dans huit pays, le groupe ambitionne de s’installer au Danemark, au Canada et aux États-Unis. Son objectif : couvrir la gestion de 3 millions de lots d’ici à 2026.
Par ailleurs, on note des disparités dans les stratégies de croissance chez les majors administrateurs de biens et syndics. Il semble que le nombre de lots soit en recul pour Nexity ADB et Immo de France. Tandis que Cytia et Sergic intensifient largement leurs tactiques de développement.
En effet, Emeria et Citya sont bien armés pour continuer à dominer le marché. Il leur faudra néanmoins trouver le juste équilibre entre industrialisation des services et offres plus personnalisées. Dans ce contexte, les cabinets de quartier resteront toujours les premiers acteurs du marché tricolore.
Une remise en question des acteurs en ligne et des pures players
On devrait par ailleurs assister à une structuration plus franche des acteurs en ligne aussi bien dans le domaine du syndic que de la gestion locative. Pour l’instant, ils ne rencontrent pas un vif succès auprès des Français.
Leur taux d’acceptation est encore modeste.De plus, leur potentiel de prise de marché est limité puisqu’ils ciblent en priorité les petites copropriétés. C’est pourquoi, les modèles économiques des start-up sont encore fragiles et peu d’opérateurs sont rentables aujourd’hui. Dans ces conditions, certains nouveaux entrants pourraient disparaître tandis que d’autres seront rachetés.