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Travail en CDD : Un frein à l’obtention d’un crédit immobilier

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Travail en CDD : Un frein à l’obtention d’un crédit immobilier

Alors que les contrats à durées déterminés représentent désormais 87% des embauches, seuls 3,5% des emprunteurs ont obtenu un crédit avec un CDD en 2016. Quelles solutions mettre en place pour sécuriser l’accès des jeunes à la propriété, même avec un CDD ?

 

87% des embauches ont été faites en CDD en 2015

Selon la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) 87% des embauches ont été faites en CDD en 2015. Pour les banques, deux freins majeurs viennent réduire l’accès au crédit. En effet, 70% des CDD sont signés sur des durées inférieures à un mois, et seuls 20% deviennent des CDI au bout d’un an contre 50% en 1982.

Dans ce contexte, on comprend qu’il reste globalement compliqué d’emprunter en CDD… « Par définition un CDD est un contrat qui prendra fin au bout de quelques mois alors que la durée initiale d’un crédit est de 20 ans en moyenne avec une durée de remboursement effective de 7 à 10 ans… Dans ces conditions, il est difficile pour les banques de prêter à long terme en ayant une visibilité à court terme seulement sur la pérennité des revenus qui permettront à l’emprunteur de rembourser sa mensualité », analyse Jérôme Robin président de Vousfinancer.

 

Analyse des dossiers au cas par cas

Les banques qui acceptent les CDD vont étudier les dossiers au cas par cas, en fonction du risque, du secteur d’activité, de l’activité des comptes mais également de l’ancienneté dans la banque. Dans l’hôtellerie, la restauration ou la santé par exemple, le CDD est bien souvent la norme…

« S’il s’agit d’une personne régulièrement en CDD notamment en lien avec le secteur d’activité dans lequel elle travaille, les revenus du CDD peuvent être pris en compte car considérés comme récurrents. Mieux, si l’emprunteur est en CDD depuis plus de 2 ans et que les comptes sont bien tenus le dossier aura plus de chance d’être accepté. En revanche, un jeune de 25 ans qui vient de décrocher son 1er emploi en CDD devra patienter avant de pouvoir souscrire un crédit. Parfois, il sera plus facile d’obtenir un crédit dans sa propre banque– ou dans celle de ses parents – car on a démontré sa capacité à être un bon client », analyse Sandrine Allonier, responsable des relations banques chez Vousfinancer.

Par ailleurs, certains CDD sont acceptés plus facilement. C’est le cas des contrats courts de la fonction publique (d’Etat, territoriale, hospitalière y compris les vacataires et contractuels), perçus comme des CDI pour les établissements bancaires. Ils peuvent même bénéficier d’offres spécifiques en termes de garantie ou encore de taux…

 

Garantir la période de « non CDI »

A ce jour, si 45% des emprunteurs sont des primo-accédants, l’âge du premier achat immobilier n’a pas évolué en 2016, en dépit de la baisse des taux qui a théoriquement resolvabilisé une partie des emprunteurs. Le premier achat immobilier s’effectue ainsi en moyenne à 32 ans, alors que l’âge moyen d’entrée sur le marché du travail est de 23 ans, soit près de 10 ans plus. Ce décalage est notamment lié au fait que 87% des embauches soient effectuées en CDD.

Ainsi chez Vousfinancer seuls 3,5% des clients ont obtenu un crédit en CDD en 2016, et souvent en étant en couple avec une personne en CDI. « Tant que les jeunes n’ont pas décroché un CDI, ils doivent, à raison, rester mobiles et peuvent difficilement se projeter dans l’avenir pour acheter un bien immobilier et se fixer à un endroit donné… Mais cette situation n’est que transitoire puisque qu’au final, 85% des Français travaillent en CDI. Il faudrait donc trouver le moyen de garantir la période de “non CDI”, le temps que la situation professionnelle se stabilise… », Analyse Sandrine Allonier.

Afin de faciliter l’accès à la propriété des jeunes, une solution serait donc de trouver le moyen de garantir la période de « non CDI » sous la même forme qu’une caution, après avoir bien sûr évalué le risque en fonction du profil de l’emprunteur.

Cela permettrait, sous conditions, aux jeunes emprunteurs de souscrire une garantie « spéciale CDD » financée par emprunt. Le coût de cette garantie serait dans l’idéal intégré dans le prêt – contrairement aux frais de notaire qui doivent être la plupart du temps financés avec de l’apport – et une partie serait remboursée au moment du passage en CDI, si elle n’a pas été utilisée. « Cette garantie permettrait à la banque d’assurer son rôle de préteur sans en assumer tous les risques tout rentable pour l’organisme acceptant de la mettre en place », conclut Jérôme Robin.

 

Manda R.

Manda R.

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