Les installations électriques vieillissantes représentent un danger insidieux dans de nombreux foyers français. Selon le dernier baromètre de l’Observatoire National de la Sécurité Électrique (ONSE), pas moins de 83% des logements de plus de 15 ans présentent au moins une anomalie électrique. Pire encore, 90% des parties communes des immeubles d’habitation souffrent de défaillances similaires. Derrière ces chiffres alarmants se cachent des risques d’électrocution, d’incendie et de dommages matériels considérables. Cependant, l’ONSE propose des pistes de solutions pour remédier à ces risques électriques à domicile. À cet effet, l’observatoire met en lumière les principales anomalies à corriger et rappelle l’importance des diagnostics électriques réguliers.
Sommaire :
- Risques électriques à domicile : un danger caché qui menace la sécurité des Français
- Impact humain et économique des risques électriques
- Des solutions existent
Risques électriques à domicile : un danger caché qui menace la sécurité des Français
Les chiffres sont éloquents. Les risques électriques à domicile en France sont loin d’être négligeables. C’est pourquoi, l’Observatoire National de la Sécurité Électrique (ONSE) tire la sonnette d’alarme dans son baromètre 2024.
Environ 83% des installations électriques de plus de 15 ans dans les logements présentent au moins une anomalie. Or, cela représente une grande partie du parc immobilier français. Puisque sur les 36,8 millions de logements que compte le pays au 1er janvier 2023, environ 31 millions ont été construits avant 2008.
Qui plus est, la situation est encore plus préoccupante dans les parties communes des immeubles collectifs. En effet, 90% d’entre elles souffrent de défaillances électriques. Un chiffre d’autant plus inquiétant que la France compte 16,6 millions de logements collectifs.
Installations électriques : des anomalies multiples et récurrentes
Parmi les principales anomalies répertoriées dans les logements, on retrouve en tête de liste des prises de terre et installations de mise à la terre défectueuses (64%). Suivent ensuite :
- des anomalies sur les dispositifs de protection contre les surintensités (46%),
- des matériels électriques vétustes ou inadaptés à l’usage (41%),
- et des risques de contacts directs avec des éléments sous tension (34%).
Dans les parties communes des copropriétés, le constat est similaire. Toutefois, on note une prédominance des :
- matériels vétustes (85%),
- anomalies sur les dispositifs de protection contre les surintensités (72%),
- défauts au niveau des prises de terre (48%).
S’ajoutent à cela des risques non négligeables de contacts directs avec des éléments sous tension (28%) et des anomalies sur l’appareil général de commande et de protection (10%).
Or, ces défaillances peuvent avoir des conséquences dramatiques. Cela va des électrisations aux incendies dévastateurs. D’ailleurs, les zones considérées comme les plus à risque sont les salles de bains. Puisque cette pièce représente 22% des liaisons équipotentielles supplémentaires jugées défectueuses.
Impact humain et économique des risques électriques à domicile
Derrière ces statistiques se cachent des drames humains. Chaque année, on dénombre en moyenne 30 à 40 décès accidentels par électrocution. De même, il y a eu pas moins de 3 000 passages aux urgences pour des cas d’électrisations. Ces accidents touchent toutes les tranches d’âge. Toutefois, les plus jeunes paient un lourd tribut. Ainsi, une victime sur deux a moins de 15 ans. Et, deux sur trois ont moins de 24 ans.
Pour la plupart, ces électrisations et électrocutions se produisent à domicile (4 cas sur 5). En outre, les installations électriques mobiles comme les rallonges sont impliquées dans près de la moitié des accidents (47%). Ils sont suivis par les appareils électroménagers (22%) et les installations électriques fixes (11%).
Un coût financier important
Au-delà du drame humain, les conséquences économiques des risques électriques à domicile sont lourdes.
En 2021, pas moins de 286 000 déclarations de dommages électriques ont été enregistrées auprès des assurances. Ainsi, les trois principales causes invoquées sont :
- les surtensions (comme celles provoquées par la foudre),
- les surintensités (liées à une surcharge électrique),
- et les défaillances de composants.
Selon les estimations, entre 20 % et 35% des incendies d’habitation seraient d’origine électrique. Toujours en 2021, ces sinistres ont engendré 156 000 déclarations auprès des assurances, dont 68 500 concernaient les parties communes. Au total, les pompiers sont intervenus 68 500 fois pour des incendies d’habitation, qui ont fait 233 morts et 14 900 blessés.
Selon l’ONSE, le coût global lié aux dommages électriques, électrisations et électrocutions s’élève à environ 1 milliard d’euros par an. Si on ajoute les 3,9 milliards d’euros par an que représentent les conséquences économiques de l’ensemble des incendies d’habitation, l’addition est évidemment salée.
Des solutions existent pour prévenir les risques électriques à domicile
Face à ces chiffres préoccupants, il est urgent d’agir. En effet, les diagnostics électriques obligatoires (DEO) permettent d’identifier les anomalies dans les logements. En revanche, il n’existe aucun contrôle réglementaire pour les parties communes des immeubles d’habitation.
Promouvoir les diagnostics électriques aux parties communes
La généralisation des DEO aux parties communes semble donc une piste à explorer. En effet, ces contrôles réguliers permettraient de détecter les défaillances avant qu’un drame ne se produise. Cette démarche est d’autant plus essentielle que les logements récents ou rénovés récemment ont tendance à présenter moins d’anomalies dans leurs installations électriques.
> Consulter notre article sur : “Sécurité électrique : mise en conformité des installations en copropriété”
De même, il est essentiel de renforcer la sensibilisation des particuliers à l’importance des diagnostics et à l’entretien de leurs installations électriques. À cet effet, des campagnes d’information ciblées pourraient être lancées. En outre, des incitations financières pour la mise aux normes pourraient permettre de réduire significativement les risques.
Face à ces risques électriques à domicile omniprésents, les pouvoirs publics et les organismes de prévention ont un rôle crucial à jouer. Il est donc nécessaire de déployer sans attendre une réglementation, des contrôles renforcés et des campagnes de sensibilisation pour garantir la sécurité des Français au sein de leur foyer.
“ Il est important que les occupants aient conscience du rôle de l’installation électrique et de la nécessité de la sécuriser a minima en la faisant contrôler. Ce baromètre permet d’alerter les pouvoirs publics et les professionnels du bâtiment pour que nous agissions ensemble. En effet, il est primordial de faire vérifier son installation électrique et de prévoir de la faire rénover ! On fait des révisions régulières de sa voiture, pourquoi ne pas le faire aussi pour son installation électrique vieillissante ? ” – Florence Delettre, Directrice Générale de l’Association Promotelec.