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Paris interdit les boîtes à clés : quelles conséquences pour les locations touristiques ?

Paris interdit les boîtes à clés : quelles conséquences pour les locations touristiques ?

Depuis le 24 janvier 2025, les boîtes à clés sont interdites dans les rues de Paris. Ces dispositifs, largement utilisés par les propriétaires de locations saisonnières sur des plateformes comme Airbnb, permettent aux voyageurs d’accéder aux logements sans interaction avec l’hôte. La municipalité considère cette pratique comme un levier pour les meublés touristiques illégaux et une cause de nuisances pour les habitants. Avec cette nouvelle réglementation, Paris renforce sa lutte contre la location illégale et tente de préserver son marché du logement. Mais, quels impacts pour les propriétaires et les voyageurs ?

Sommaire :

Pourquoi Paris interdit les boîtes à clés ?

Une explosion des locations touristiques illégales

Selon les données de la mairie de Paris, sur les 95 000 logements meublés touristiques recensés dans la capitale, environ 25 000 seraient loués illégalement. En effet, le marché des locations de courte durée a connu une croissance exponentielle ces dernières années. D’après Statista, Paris compte 46 logements Airbnb pour 1 000 habitants. Ce qui fait de la Capitale l’une des villes les plus denses en meublés touristiques après Lisbonne.

Un impact direct sur la crise du logement

Or, la multiplication des logements touristiques réduit le nombre d’appartements disponibles en location longue durée, ce qui entraîne une hausse des loyers.

  • En 2023, le loyer moyen à Paris était de 1 043 € pour un logement de 53 m², soit une augmentation de 2,9 % en un an.
  • Entre 2015 et 2023, le prix moyen au m² à Paris a grimpé de 30 %, rendant l’accès au logement de plus en plus difficile.

La mairie de Paris espère ainsi freiner cette tendance en réduisant les facilités logistiques des locations saisonnières.

Une réglementation pour lutter contre les nuisances

Les habitants des quartiers touristiques se plaignent des allées et venues fréquentes, du bruit nocturne et du manque de contrôle sur les occupants des logements. L’interdiction des boîtes à clés à Paris vise aussi à réduire ces nuisances et à mieux encadrer les pratiques des propriétaires.

Une réglementation plus stricte contre les locations illégales

Le 24 janvier 2025, la mairie de Paris a publié un arrêté visant à interdire tout dispositif de stockage de clés sur le mobilier urbain. Voici un extrait du texte officiel :

“Il est interdit de fixer ou d’apposer sur le mobilier urbain des dispositifs de type boîtes à clés, boîtes de consignes avec accroche cadenassée et tout autre objet destiné à contenir un effet personnel sur le domaine public de la Ville de Paris.”

L’objectif est double :

  • Empêcher l’utilisation illégale du domaine public pour des intérêts privés.
  • Réduire l’offre de locations touristiques non déclarées.

En complément de cet arrêté, la ville de Paris a aussi réduit la durée maximale de location de 120 à 90 jours par an. Cette mesure s’inscrit dans la continuité de la loi Le Meur, qui vise à donner plus de pouvoir aux municipalités pour encadrer Airbnb et les meublés touristiques. Pour autant, Paris n’est pas un cas isolé. D’autres villes françaises ont déjà mis en place des restrictions similaires.

Paris interdit les boîtes à clés

Les sanctions en cas de non-respect de l’interdiction

Mise en demeure et délais impartis

Lorsque des boîtes à clés interdites sont repérées à Paris, la mairie applique la procédure suivante :

  1. Un autocollant est apposé sur la boîte, signalant son interdiction.
  2. Le propriétaire dispose de 15 jours pour la retirer.
  3. Passé ce délai, la boîte est considérée comme abandonnée et elle est alors retirée par les services municipaux.

Des amendes jusqu’à 3 000 €

Le non-respect de l’interdiction expose les propriétaires à des sanctions financières :

  • 1 500 € d’amende pour une première infraction.
  • 3 000 € en cas de récidive.

En complément, la mairie de Paris prévoit également des actions judiciaires contre les propriétaires ne respectant pas la réglementation.

Quelles alternatives pour les loueurs et voyageurs ?

L’accueil en personne

Face à l’interdiction des boîtes à clés à Paris, Airbnb encourage désormais un accueil en personne. Cette alternative séduit particulièrement les voyageurs, puisque 80 % d’entre eux affirment privilégier une remise des clés en main propre. Pour faciliter cette transition, la plateforme met en avant son système de “co-hôtes”, qui offre aux propriétaires la possibilité de déléguer la gestion des clés tout en assurant une arrivée fluide et sécurisée des locataires.

Le développement de consignes privées

Certaines entreprises spécialisées offrent désormais des solutions alternatives en proposant des boîtes à clés sécurisées installées en intérieur. Ces dispositifs peuvent être placés dans les halls d’immeubles, à condition d’obtenir l’accord du syndic. D’autres encore sont bien intégrés à des consignes situées dans des commerces partenaires. Ce qui permet ainsi aux propriétaires et aux locataires de disposer d’un point de retrait sécurisé et accessible.

Utilisation de serrures connectées

De plus en plus de propriétaires optent pour des serrures électroniques ou connectées qui permettent l’entrée par code ou smartphone, éliminant ainsi la nécessité des boîtes à clés.

Conclusion

L’interdiction des boîtes à clés à Paris s’inscrit dans une politique plus large de régulation des locations saisonnières. Avec des sanctions sévères, la mairie entend limiter l’essor des meublés touristiques illégaux et préserver son marché du logement. Les propriétaires doivent désormais s’adapter à cette nouvelle réalité en adoptant des solutions alternatives. Cette réglementation pourrait bien inspirer d’autres grandes villes en France et en Europe.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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