Face à l’urgence climatique et à la flambée des coûts de l’énergie, l’efficacité énergétique des bâtiments devient un enjeu crucial. Ce secteur, représentant près de 15 % des émissions de gaz à effet de serre en France, est en pleine mutation. Selon l’étude de Xerfi, “Le marché de l’efficacité énergétique pour le bâtiment – Dynamiser la croissance face aux nouveaux enjeux de l’immobilier tertiaire et résidentiel”, le marché a doublé de taille depuis 2015 pour atteindre 7 milliards d’euros en 2024. Pourtant, malgré cette expansion, les acteurs peinent à surmonter un environnement marqué par des normes complexes et des attentes croissantes en matière de décarbonation. Cet article explore les défis rencontrés par ce marché en pleine transformation et les stratégies adoptées pour allier performance énergétique et durabilité.
Sommaire :
- Les enjeux de l’efficacité énergétique dans le bâtiment
- Efficacité énergétique des bâtiments : solutions technologiques et innovations
- Rôles des régulations et initiatives publiques
- Perspectives et stratégies des acteurs du marché
Les enjeux de l’efficacité énergétique des bâtiments
L’efficacité énergétique des bâtiments est au cœur des politiques climatiques et économiques en France. Avec 15 % des émissions nationales de gaz à effet de serre provenant des bâtiments tertiaires et résidentiels, leur transformation énergétique est essentielle. En effet, cette transition ne vise pas uniquement la réduction des émissions, mais également la maîtrise des coûts dans un contexte de hausse constante des prix de l’énergie.
Depuis 2015, le marché de l’efficacité énergétique a enregistré une croissance impressionnante. Puisqu’elle atteint 7 milliards d’euros en 2024. Cependant, selon Xerfi, cette progression s’est principalement appuyée sur deux moteurs : la flambée des prix de l’énergie et les politiques de sobriété des entreprises. Ces dernières, motivées par une volonté de réduire leurs factures, sont devenues des acteurs clés.
Par ailleurs, le rôle des gestionnaires de bâtiments publics et tertiaires est fondamental. Parce qu’ils sont soumis à des obligations réglementaires strictes.
Damien Callet, auteur de l’étude, précise : « Les bâtiments doivent conjuguer confort des usagers et réduction des consommations. Ce double objectif est au cœur des stratégies des entreprises et des collectivités. »
Cependant, cette transformation reste complexe. L’envergure des travaux, le besoin d’expertises multiples et la compréhension des nouvelles normes freinent souvent les investissements. Et cela, notamment pour les petits gestionnaires immobiliers ou les particuliers.
Efficacité énergétique des bâtiments : solutions technologiques et innovations
L’innovation est le levier principal pour répondre aux défis de l’efficacité énergétique des bâtiments. Les solutions technologiques offrent des perspectives prometteuses, tant pour réduire les consommations que pour améliorer la gestion des ressources.
L’intelligence artificielle (IA) et les outils connectés
Selon Xerfi, les solutions basées sur l’IA sont devenues incontournables. Elles permettent d’analyser finement les habitudes de consommation et de détecter les inefficacités. Les outils développés par des acteurs comme Deepki ou Purecontrol illustrent cette tendance. En effet, ces technologies sont capables d’autoréguler la consommation en fonction de paramètres comme la météo. De plus, elles optimisent automatiquement les performances énergétiques.
Les bâtiments transformés en hubs énergétiques
Avec l’essor des énergies renouvelables, les bâtiments deviennent des lieux de production, de stockage et de consommation d’énergie. Des initiatives telles que l’autoconsommation solaire ou l’installation de bornes pour véhicules électriques transforment les immeubles traditionnels en entités autonomes.
Damien Callet souligne que « ces innovations renforcent l’attractivité des bâtiments tout en apportant une réponse concrète aux enjeux climatiques. »
Les systèmes de pilotage avancés
Le décret BACS oblige désormais à intégrer des systèmes d’automatisation pour contrôler les équipements énergétiques. Ces outils connectés jouent un rôle crucial dans la gestion énergétique moderne. Tout d’abord, ils garantissent une gestion optimale des consommations en permettant un suivi précis et en temps réel des données. Ensuite, ils simplifient considérablement les démarches pour les gestionnaires, en automatisant certaines tâches et en rendant les processus plus fluides.
De plus, leur adoption connaît une forte progression, notamment dans les grandes entreprises et les bâtiments industriels. Ces acteurs y voient un moyen efficace d’améliorer leur rentabilité, tout en répondant aux exigences croissantes en matière de durabilité et de réduction des coûts énergétiques.
Rôles des régulations et initiatives publiques
Le cadre réglementaire est un moteur essentiel pour accélérer l’adoption des solutions d’efficacité énergétique des bâtiments. En France, des dispositifs ambitieux comme le Dispositif Éco Énergie Tertiaire (DEET) imposent des objectifs de réduction des consommations énergétiques pour les bâtiments tertiaires.
L’impact du DEET et du décret BACS
Ces régulations ne se limitent pas à des obligations. Ainsi, elles encouragent les entreprises à adopter des solutions innovantes et à effectuer des audits approfondis. Selon l’étude Xerfi, la demande pour ces pré-diagnostics et audits a explosé, notamment parmi les grands groupes.
Damien Callet précise : « L’obligation de réduire progressivement les consommations pousse les gestionnaires à repenser entièrement leurs stratégies énergétiques. »
Des incitations financières pour lever les freins
Les subventions et crédits d’impôt facilitent l’accès aux technologies coûteuses, comme les panneaux solaires ou les systèmes d’automatisation. Toutefois, Xerfi note que l’accès à ces aides reste complexe, ce qui limite leur portée. À cet effet, une simplification des démarches administratives est nécessaire pour inciter davantage de gestionnaires à entreprendre des rénovations.
Un besoin accru de coordination
De même, les acteurs publics et privés doivent collaborer pour structurer un marché encore fragmenté. Les collectivités locales, en particulier, jouent un rôle clé en soutenant des projets pilotes et en sensibilisant les petites entreprises et les copropriétés.
Perspectives et stratégies des acteurs du marché
Le paysage concurrentiel de l’efficacité énergétique des bâtiments est en pleine mutation. Les leaders historiques, comme SPIE, Dalkia ou Idex, voient leur position challengée par de nouveaux entrants : start-ups innovantes, majors du BTP et géants de la tech.
La diversification des offres
Pour répondre aux attentes des clients, ces entreprises proposent désormais des solutions intégrées, combinant diagnostic, installation et maintenance. Damien Callet note que « cette approche complète est un levier essentiel pour convaincre des clients souvent désorientés face à la complexité des normes et technologies. »
Le rôle des coopérations
Les alliances entre grands groupes et jeunes pousses technologiques redéfinissent les standards. Par exemple, des collaborations avec des acteurs de l’IA permettent d’innover plus rapidement. Par ailleurs, des solutions comme le thermostat connecté Nest, développé par Google, montrent comment la tech redessine les attentes des consommateurs.
Perspectives de croissance
Selon Xerfi, le marché devrait croître de 5% par an en moyenne jusqu’en 2027, atteignant plus de 8 milliards d’euros. Cependant, cette progression pourrait être freinée par des défis tels que la hausse des coûts des matières premières et la lente adoption des solutions dans les petites structures.
Pour garantir leur compétitivité, les acteurs devront démontrer l’impact concret de leurs solutions, tant en termes d’économies financières que de réduction des émissions.