Alors que l’offre d’objets connectés visant à améliorer l’efficacité énergétique des logements se développe, l’UFC–Que Choisir rend publique une étude portant sur 23 sites internet de fabricants et distributeurs qui révèle les trop nombreux problèmes de connectivité entre produits et les graves défaillances au niveau de l’information des consommateurs.
De plus en plus d’entreprises issues aussi bien du secteur historique de la domotique (exemple : Somfy, Delta Dore, etc.), des équipements pour la maison (Atlantic, Schneider, Legrand, etc.), des fournisseurs d’énergie (Sowee, Engie, Direct Energie, etc.) que des secteurs plus récents des technologies de l’information et des télécommunications (Apple, Google, etc.) proposent aux consommateurs des objets connectés et des services associés afin d’optimiser la gestion du logement dans le but de maitriser la consommation d’énergie.
Le marché français des objets connectés doit encore faire ses preuves, il est jeune, il progresse rapidement mais son montant reste relativement faible. Selon l’observatoire de l’IFOP de 2015 environ 8% des ménages français possèderaient un objet connecté permettant de gérer l’énergie.
Un contexte de mise en œuvre de l’efficacité énergétique active
L’intérêt croissant des consommateurs pour les objets connectés est fortement associé à une meilleure connaissance de la performance énergétique du logement. L’installation de capteurs et d’outils de mesure permet d’affiner les audits énergétiques en vue de préconisations de travaux d’isolation mieux ciblées et d’autre part de contrôler la réalité des gains obtenus grâce aux travaux.
Par ailleurs, les objets connectés permettent d’informer, de suivre et de piloter les différents usages énergétiques pour optimiser les consommations. Ainsi, selon l’ADEME, l’utilisation d’objets connectés dans le logement peut permettre jusqu’à 25% de réduction de la consommation d’électricité. De plus, cette meilleure maitrise de la consommation d’énergie s’insère dans une logique de transition énergétique qui nécessite de rendre plus flexible la consommation d’énergie afin de s’adapter aux nouvelles contraintes de production.
La question de l’interopérabilité des objets connectés
Les objets connectés sans fil n’ont d’intérêt que s’ils sont capables d’interagir entre eux et avec l’utilisateur de manière simple. Pourtant, ces solutions restent difficiles à mettre en œuvre car il existe de plus en plus d’objets connectés sans fil dont les modalités de connectivité ne sont pas identiques. Ainsi, il existe une multitude de technologies de communication qui ne fonctionnent pas forcement ensemble et se font concurrence au niveau international (Wi-Fi ou Bluetooth, mais aussi Zigbee, Thread, z-Wave, KNX, X3d, Rfid, Lifi, NFC, etc).
En l’absence de standard de communication unique, les consommateurs doivent disposer de l’information utile sur le protocole de communication au moment de l’achat d’un objet connecté pour s’assurer de la compatibilité des appareils. Mais sur les 87 références, analysées par l’enquête UFC–Que Choisir, sur les 10 sites de distributeurs, on peut constater que seulement un peu plus d’un tiers des produits (35,6%) comporte une information claire sur le ou les protocoles de communication utilisés. Sur 64,4% des produits étudiés, l’information est partielle (20,7%), voire totalement absente (43,7%).
Comment éviter la captivité des consommateurs ?
Au-delà de la complexité technique, la multiplicité des protocoles non compatibles peut avoir des effets économiques importants pour les consommateurs. L’absence d’interopérabilité limite dans le temps l’évolution des fonctionnalités. De plus, les consommateurs qui s’engagent dans une offre d’efficacité énergétique connectée risquent, sans information suffisante sur l’offre compatible, de se retrouver captifs d’un protocole peu utilisé ou propriété d’un seul fabricant.
Un des moyens de réduire les risques de captivité du consommateur dans un protocole trop limité consiste à regarder l’offre complémentaire d’objets connectés compatibles qui permet d’étendre le nombre de fonctionnalités sans changer de protocole. Ce travail reste compliqué et fastidieux pour le consommateur. C’est ce que tend à démontrer cette étude car si certaines entreprises jouent le jeu de la transparence en fournissant une liste des produits compatibles, malheureusement cette pratique reste quasi-inexistante auprès des revendeurs.
Gestion des données personnelles : un manque de transparence
Les objectés connectés pour la maison vendus sur les sites en ligne comme par exemple les thermostats, les éclairages, ou les prises connectées, peuvent collecter de nombreuses données sensibles permettant de suivre les habitudes de vie des occupants d’un logement (exemple : un thermostat connecté permet de savoir les heures de présence et d’absence du consommateur).
Généralement, ces données peuvent être collectées, stockées voire analysées par une ou plusieurs entreprises (le fabricant de l’objet connecté, un prestataire de services, une société de marketing, etc.) ou reste chez le consommateur selon l’option technique choisie. L’information des consommateurs sur l’utilisation ou non des données collectées par un produit connecté est alors essentielle, d’autant plus que beaucoup de consommateurs ne connaissent pas réellement l’utilisation qui est faite de leurs données.
A ce sujet, l’information des consommateurs sur le site internet des distributeurs est inexistante et celle des fabricants reste trop générale. Il apparait évident que l’information faite par les distributeurs et les fabricants d’objets connectés sur la gestion des données personnelles n’est pas du tout adaptée.
Au vu de l’inquiétude des consommateurs sur la complexité de ces nouveaux produits, mais aussi de l’utilisation de leurs données personnelles, l’UFC-Que Choisir demande un renforcement de l’information précontractuelle. Dans cet objectif, il faudrait rendre obligatoire, pour les fabricants et les distributeurs, l’information sur le type de protocole de communication utilisé par l’objet connecté ; mettre à disposition avant l’achat, a minima sur le site internet du fabricant, la liste des produits compatibles. Enfin, il apparaît comme indispensable d’informer, avant l’achat, quant à la collecte des données personnelles et aux conséquences sur les fonctionnalités essentielles du produit d’un refus de cette collecte par l’utilisateur.