ista France est le leader du pilotage et de l’individualisation des consommations énergétiques et d’eau au sein des copropriétés. À ce jour, l’entreprise équipe plus de 3 millions de logements en France. Cependant, malgré cette avancée notable, l’individualisation des frais de chauffage dans les copropriétés reste sous-exploitée. Découvrez l’interview de Laurent Sireix, président d’ista France, réalisée pour “Les Grands Entretiens” d’Immoweek, où il aborde les défis et solutions pour étendre ces services essentiels.
Sommaire :
- Quel est le rôle d’ista dans la transition vers une gestion plus économe et plus écologique des immeubles ?
- Pourquoi l’individualisation des frais de chauffage, ou IFC, n’est-elle pas plus répandue dans l’habitat collectif en France, contrairement à d’autres pays européens ?
- Comment l’individualisation des frais de chauffage peut-elle contribuer à réduire la consommation d’énergie en habitat collectif ?
- L’individualisation des frais de chauffage et d’eau implique également l’utilisation de données. Comment gérez-vous cette question délicate chez ista France ?
- Comment peut-on augmenter le nombre d’installations d’IFC ? Devons-nous sensibiliser davantage les syndics et les bailleurs ?
- Quels sont les retours des utilisateurs finaux et des gestionnaires d’immeubles ayant adopté les solutions d’individualisation des frais avec Ista France ?
- Pourquoi avoir signé une charte avec les professionnels de l’immobilier ?
- Quels sont vos principaux objectifs et défis pour 2024 chez ista France ?
Quel est le rôle d’ista dans la transition vers une gestion plus économe et plus écologique des immeubles ?
Laurent Sireix. ista joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des gestionnaires d’immeubles, principalement les syndics de copropriétés et les bailleurs sociaux. Notre mission principale est de mettre en œuvre la répartition des charges d’eau et de chauffage dans les immeubles collectifs. Cela représente le cœur de notre métier. Mais, notre rôle ne s’arrête pas là. En effet, nous nous engageons également auprès des consommateurs, les résidents des immeubles, pour les aider à maîtriser leur consommation. Nous utilisons pour cela les dernières technologies, afin de fournir un service complet et moderne.

Pour vous donner une idée plus concrète, ista c’est aujourd’hui 800 collaborateurs qui travaillent pour fournir nos services à près de 3 millions de logements. Nous gérons un parc de 6 millions de compteurs, dont 4,5 millions sont des compteurs intelligents. Ces dispositifs en télérelève sont à la pointe de la technologie et permettent d’offrir des services plus avancés, favorisant ainsi le développement durable et l’économie d’énergie.
Cette année, nous avons constaté une amélioration globale de la demande. Il est indéniable que la situation actuelle concernant l’énergie, notamment les hausses des tarifs, encouragent les consommateurs à rechercher des solutions pour réduire leurs dépenses. C’est dans ce cadre qu’ista intervient, en offrant son soutien, particulièrement dans les immeubles collectifs.
Enfin, je tiens à souligner que notre culture d’entreprise est reconnue puisque nous avons été nommés “top employeur” pour la dixième fois ! C’est une fierté pour nous et cela reflète notre engagement envers nos employés et nos clients.
Pourquoi l’individualisation des frais de chauffage, ou IFC, n’est-elle pas plus répandue dans l’habitat collectif en France, contrairement à d’autres pays européens ?
Laurent Sireix. C’est une question pertinente ! Certes, nos voisins européens, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark, ont largement adopté cette pratique. Dans ces pays, vous ne louez pas un logement sans avoir la possibilité de payer selon votre consommation réelle. En France, nous accusons un certain retard. Ainsi, plusieurs facteurs expliquent cette situation.
Tout d’abord, il a fallu du temps pour que la législation française s’adapte. Bien que plusieurs évolutions aient été enregistrées, la mise en place a été progressive. Heureusement, depuis novembre 2020, la réglementation est claire et impose l’individualisation des frais de chauffage dans les immeubles dotés d’un chauffage central. Cela concerne environ 5 millions de logements. Cette mesure est obligatoire, à l’exception des logements qui consomment très peu d’énergie, bien que ces derniers ne soient pas majoritaires.
Aujourd’hui, plus de 85% des logements français sont concernés par cette législation. La mise en œuvre est en cours, même si elle aurait dû commencer plus tôt. Rappelons qu’elle était initialement prévue par la loi sur la transition énergétique de 2016. Puis précisée par la loi Elan entre 2018 et 2019, avec les derniers textes réglementaires sortis en 2020. Idéalement, les logements auraient dû être équipés depuis fin 2020. Cependant, selon l’Observatoire du syndicat professionnel de la mesure, nous avons un taux d’équipement d’environ 42%. Cela indique une progression, certes, mais plus lente que nos voisins, même si une accélération a été notée ces deux dernières années.
Comment l’individualisation des frais de chauffage peut-elle contribuer à réduire la consommation d’énergie en habitat collectif ?
Laurent Sireix. Historiquement, les résidents d’immeubles avec chauffage central ne pouvaient pas payer leur chauffage en fonction de leur consommation réelle, contrairement à d’autres types de logements. Maintenant, grâce à l’individualisation des frais, cela change. Cette mesure a un double effet : elle responsabilise et motive les occupants. De plus, elle les incite à adopter un comportement plus économe. Parce qu’ils savent que leur facture reflétera directement leur consommation.
Les études et notre expérience en Europe, où plus de 30 millions de logements sont équipés depuis des décennies, confirment l’efficacité de ce système. En effet, on observe en moyenne une réduction de 15% de la consommation, selon l’ADEME. Cela représente un gain direct pour le pouvoir d’achat des individus, ce qui est particulièrement significatif dans le contexte économique actuel.
Un impact environnemental et économique
De plus, cette réduction de consommation entraîne une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, à l’échelle macroéconomique, une fois tous les logements concernés équipés, nous prévoyons une économie de 2 millions de tonnes de CO?. Ce qui équivaut à retirer un million de véhicules de la circulation. Cela correspond aussi à la consommation de chauffage de toute l’agglomération lyonnaise.
Un autre aspect important est la réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, notamment le gaz. C’est un avantage majeur pour la France. Du point de vue des copropriétaires et des gestionnaires, cela instaure une plus grande équité. Choisir de chauffer son appartement à 25 degrés est une décision individuelle, comme le choix de réduire sa consommation pour économiser. Ces économies deviennent tangibles et réelles.
En outre, quand on individualise les frais de chauffage, les gains liés à la rénovation énergétique d’un logement sont directement perceptibles par les occupants. L’individualisation est donc un levier essentiel pour la rénovation énergétique, en commençant par le chauffage central. Les syndics jouent un rôle déterminant dans ce processus et c’est une première étape vers d’autres rénovations énergétiques.
L’individualisation des frais de chauffage et d’eau implique également l’utilisation de données. Comment gérez-vous cette question délicate chez ista France ?
Laurent Sireix. Chez ista France, la protection des données a toujours été une priorité absolue. D’ailleurs, nous avons été pionniers dans l’adoption de solutions de télérelève dont les données sont systématiquement cryptées.
De plus, nous maintenons une tradition rigoureuse en matière de protection des données. Nous disposons, par exemple, d’un référent RGPD au sein d’Ista France, une personne spécifiquement chargée de cette mission. Enfin, au niveau de notre direction, nous avons mis en place un “privacy board”. C’est un comité que je préside et qui, avec d’autres collaborateurs, examine régulièrement nos pratiques et investissements pour renforcer la sécurité des données ou pour réviser nos processus.
En effet, nous prenons cette responsabilité très au sérieux. Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ? Prenons l’exemple d’un résident équipé d’appareils télérelevés. Ce résident peut accéder à ses données quotidiennes grâce à des codes personnels. Tandis qu’un gestionnaire immobilier n’a pas accès à ces informations, sauf si le résident a donné son consentement explicite.
Ainsi, nous veillons scrupuleusement à ces principes dans tous nos développements informatiques. À cet effet, nos innovations et développements sont conçus avec une approche “privacy by design”. C’est-à-dire que la protection des données personnelles est intégrée dès la conception de nouveaux outils numériques pour assurer la confidentialité des informations de nos clients et de leurs occupants.
Comment peut-on augmenter le nombre d’installations d’IFC ? Devons-nous sensibiliser davantage les syndics et les bailleurs ?
Laurent Sireix. Exactement, c’est une question clé. L’année dernière, une mission parlementaire flash a été dédiée aux économies de CO? dans le secteur des immeubles collectifs. Et, concernant l’individualisation des frais de chauffage, les conclusions ont souligné un manque de communication. La réalité est que bon nombre de personnes ignorent l’existence ou le fonctionnement de ces dispositifs.
Alors, que devons-nous faire ? Nous devons renforcer la communication. Chez Ista, nous avons lancé des campagnes digitales destinées aux copropriétaires pour les informer et les éduquer sur ces dispositifs. De même, nous nous attachons à expliquer le fonctionnement des répartiteurs de frais de chauffage et à mettre en avant leurs avantages. En parallèle, nos équipes prennent le temps de dialoguer avec les syndics de copropriété, en leur expliquant les procédures d’installation.
De plus, l’année passée, nous avons collaboré avec le Syndicat de la mesure pour lancer une campagne radio. L’objectif était de sensibiliser le grand public à l’importance de l’individualisation des frais de chauffage, dans l’espoir de susciter leur intérêt et de les encourager à en demander l’application.
Quels sont les retours des utilisateurs finaux et des gestionnaires d’immeubles ayant adopté les solutions d’individualisation des frais avec Ista France ?
Laurent Sireix. Tout d’abord, nous disposons de plusieurs exemples concrets et nous suivons continuellement la performance de nos systèmes, car c’est essentiel pour nous. Les retours montrent que les économies réalisées sont significatives. Selon l’étude de l’ADEME, la moyenne se situe autour de 15%, mais nos données indiquent souvent un chiffre supérieur, avoisinant les 20%. Aussi, il n’est pas rare de voir des résidences économiser plus de 25%. Et, dans certains cas, comme à Paris ou à Nantes, les économies ont même dépassé les 35%, surtout lorsque l’individualisation des frais est combinée à des rénovations.
> Consultez notre article sur : “Frais de chauffage : cas d’une copropriété qui réalise 35% d’économies”
Cette première étape qui consiste à l’installation de dispositifs de mesure permet de mesurer l’impact des rénovations ultérieures. Nos clients sont généralement très satisfaits. Une préoccupation de l’administration était de savoir si l’installation de l’IFC pourrait ralentir les rénovations énergétiques, étant donné les économies déjà réalisées. Heureusement, ce n’est pas le cas. Au contraire, les résultats encourageants motivent davantage les résidences à poursuivre leurs efforts en matière d’économie d’énergie. C’est un aspect très positif que nous observons et qui devrait se renforcer dans les années à venir, compte tenu de l’importance croissante de la rénovation énergétique.
Pourquoi avoir signé une charte avec les professionnels de l’immobilier ?
Laurent Sireix. Renforcer la sensibilisation sur l’individualisation des frais de chauffage auprès des professionnels est aussi un point important. L’accueil des professionnels de l’immobilier s’est nettement amélioré avec le temps. Notamment parce que la technologie et les services associés à l’individualisation des frais de chauffage ont considérablement évolué. Aujourd’hui, cette mise en place est devenue plus simple, plus efficace et mieux acceptée grâce aux outils digitaux qui facilitent le contrôle des consommations. Par exemple, concernant les compteurs d’eau, nous pouvons désormais envoyer des alertes en cas de fuites. Ce qui améliore significativement la relation entre syndics et copropriétaires.
Nous sommes ravis de contribuer à cette évolution et, de leur côté, les professionnels de l’immobilier nous ont suivis. Nous avons dialogué avec eux pour identifier les obstacles à surmonter afin de faire avancer la France dans ce domaine. Et, nous sommes parvenus à un consensus. En effet, cette charte a été signée à l’Assemblée nationale en décembre dernier, en collaboration avec la FNAIM, l’UNIS et le SNPI, les trois principaux syndicats du secteur.
Cette charte vise à s’engager collectivement pour équiper 75% des copropriétés en deux ans. Nous y voyons un intérêt commun. Surtout dans un contexte où les prix du gaz continuent de grimper. Nous devons fournir à nos concitoyens les outils nécessaires pour contrôler leur consommation. Après avoir collaboré pour rendre ces processus plus simples et plus efficaces, aucun grand obstacle ne se dresse plus devant nous ; notre tâche consiste maintenant à continuer nos actions de communication et à encourager l’adoption de ces solutions.
Quels sont vos principaux objectifs et défis pour 2024 chez ista France ?
Laurent Sireix. Nous opérons dans un marché encore insuffisamment équipé. Notre principal défi est donc de doter un maximum de copropriétés de systèmes d’individualisation des frais de chauffage. Pour ce faire, nous avons préparé nos équipes et nous disposons des composants et produits nécessaires. C’est un de nos enjeux majeurs.
Un autre défi majeur pour nous cette année concerne nos investissements significatifs dans la télérelève et le secteur digital afin de simplifier la vie de nos clients. En cela, on investit plusieurs millions d’euros aujourd’hui pour rendre nos solutions encore plus faciles à installer et à utiliser. Cela représente un enjeu important pour nous, non seulement pour cette année, mais aussi pour l’avenir.
D’ailleurs, notre démarche est en accord avec les demandes de simplification émises par le gouvernement. Notre rôle, dans ce contexte, est de simplifier autant que possible le travail du syndic. Ils ont déjà beaucoup à gérer ; nous visons à les soutenir plutôt qu’à leur créer des difficultés supplémentaires. Ainsi, avec nos nouvelles technologies et services, nous sommes confiants dans notre réussite. La simplification de l’expérience pour tous les utilisateurs de nos services est vraiment l’une des grandes priorités d’ista France en cette année 2024.
> “Les Grands entretiens”, un podcast Immoweek : interview Laurent Sireix
> Retouvez toutes les actualités de notre partenaire ista sur sa page dédiée.