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Travaux

Fissuration et effondrement de balcons : causes et solutions techniques

Fissuration et effondrement de balcons : causes et solutions techniques

Les balcons sont des éléments architecturaux appréciés, offrant un espace extérieur privé aux occupants des bâtiments. Cependant, ils sont souvent sujets à des pathologies qui peuvent avoir des conséquences graves, allant de simples fissurations à des effondrements spectaculaires. Dans cet article, retrouvez l’analyse de l’Agence Qualité Construction (AQC). Elle examine en détail les différents types de désordres affectant les balcons, en distinguant les problèmes structurels des désordres secondaires. Quelles sont les causes de ces pathologies ? Quelles bonnes pratiques mettre en œuvre pour prévenir la fissuration et l’effondrement de balcons ?

Sommaire :

Fissuration et effondrement de balcons : un fléau aux conséquences parfois dramatiques

Les balcons sont des espaces extérieurs privés très prisés des occupants des immeubles. Cependant, ces éléments en saillie sont particulièrement exposés aux intempéries et aux variations de température. Ainsi, ils subissent des écarts thermiques pouvant aller de -15°C en hiver à +60°C en été pour les parties les plus exposées au rayonnement solaire. Ils sont donc sujets à de nombreuses pathologies qui peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves. Cela va de simples désordres esthétiques à des effondrements spectaculaires mettant en danger la sécurité des personnes.

Fissuration et effondrement de balcons

Deux familles de pathologies distinctes

L’Agence Qualité Construction (AQC) distingue deux grandes familles de désordres affectant les balcons :

  • Les désordres structurels. Ce sont les plus graves, ils peuvent entraîner la ruine de l’ouvrage. Notons qu’ils représentent environ 11% des sinistres selon les statistiques de l’AQC.
  • Les désordres secondaires. Leurs conséquences sont moins dramatiques, mais néanmoins préoccupantes. Il s’agit des fissurations, éclatement du nez de balcon, infiltrations, efflorescences… De fait, ils constituent la grande majorité des sinistres rencontrés.

Fissuration et effondrement de balcons : les causes des désordres structurels

Des défauts de ferraillage souvent en cause

Selon l’AQC, la cause la plus fréquente (73% des cas) de fissuration et effondrement de balcons provient de défauts de ferraillage. En effet, il s’agit rarement d’erreurs de conception. Mais, le plus souvent, il s’agit d’une mauvaise lecture des plans de ferraillage sur le chantier.

En effet, il est important d’analyser les fissures en partie supérieure de la dalle, celles parallèles à la façade. Si elles présentent une ouverture supérieure à 0,3 mm, elles traduisent un problème de dimensionnement ou de positionnement des armatures. En effet, ces fissures révèlent soit un sous-dimensionnement des armatures, soit leur mauvaise disposition dans la hauteur de la dalle. Ainsi, elles favorisent la corrosion des aciers, dont la section peut être réduite de 30% en quelques années. Ce qui aggrave considérablement le risque d’effondrement.

L’incompatibilité entre phasage du chantier et type de structure

Certains effondrements de balcons spectaculaires en cours de chantier (8% des sinistres) ont eu pour origine une incompatibilité entre l’étaiement provisoire et le fonctionnement final de la structure. Notons que l’étaiement fait travailler le balcon comme un plancher. Ainsi, il nécessite des armatures en sous-face à hauteur de 2 cm/m. Mais, en phase définitive, le balcon fonctionne en console, avec des armatures en partie supérieure à hauteur de 3 cm/m. En cela, une fissuration en sous-face parallèle à la façade de 0,5 mm d’ouverture en est le signe annonciateur.

La pathologie des désordres secondaires

La fissuration, plusieurs cas de figure

Diverses fissurations affectent fréquemment les balcons :

  • En partie supérieure perpendiculaires à la façade, en l’absence de joints de fractionnement tous les 6 m
  • Horizontales à la jonction garde-corps béton / dalle du balcon. Cette fissuration provient du retrait (jusqu’à 0,5 mm/m) et de la dilatation différentielle (0,2 mm/m pour 50°C d’écart)
  • Verticales dans les garde-corps, par insuffisance d’armatures (section minimale de 2 cm2/ml) ou espacement excessif des joints (6 m maximum)
  • Horizontales entre dalles et garde-corps en cas de reprise de bétonnage avec un taux d’armatures de couture inférieur à 15 cm2/m.

L’éclatement des nez de balcons par corrosion des aciers

L’éclatement du béton en nez de balcon est provoqué par la corrosion d’armatures de diamètre supérieur à 10 mm et d’enrobage inférieur à 2 cm. Ainsi, il provient le plus souvent d’une armature de trop fort diamètre, mal enrobée par le béton.

Les infiltrations par les dalles et les seuils

L’apparition d’efflorescences et de stalactites en sous-face résulte de la percolation des eaux de pluie au travers de la dalle. À cet effet, l’étanchéité par système SÉL permet de s’en prémunir. Toutefois, les pentes doivent être supérieures à 1,5 %. Par ailleurs, notons que l’absence de décrochement d’au moins 2 cm entre balcon et plancher intérieur provoque des infiltrations par les seuils de portes-fenêtres.

Les règles de l’art pour prévenir les désordres

Pour éviter la fissuration et effondrement de balcons ainsi que l’apparition des pathologies décrites ci-dessus, l’AQC formule des recommandations :

  • Dimensionner les armatures selon les Eurocodes en fonction des charges d’exploitation (1,5 kN/m2 minimum en logement)
  • Positionner les armatures en partie supérieure avec un enrobage de 3 cm minimum
  • Prévoir des joints de fractionnement tous les 6 m
  • Apporter un soin particulier à la réalisation des pentes (1,5% minimum) et à l’étanchéité des dalles (SÉL)
  • Concevoir des seuils avec décrochement de 2 cm minimum tout en respectant l’accessibilité PMR
  • Soigner les enrobages en nez de dalle (3 cm minimum) et limiter le diamètre des aciers (10 mm maximum)
  • Ménager un espace de 2 cm entre les garde-corps rapportés et les façades
  • Respecter les dispositions parasismiques (continuité du ferraillage, liaisons)

En conclusion, pour prévenir les pathologies affectant les balcons, il est essentiel de respecter strictement les DTU (DTU 20.12, DTU 21) et les Eurocodes 1 et 2. Cependant, cela ne suffit pas. Une bonne coordination entre le BET structure et l’architecte s’avère également primordiale dès la phase de conception. Ainsi, ces points singuliers seront bien traités.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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