Parler d’argent reste un tabou pour de nombreux Français, et encore plus au sein du couple. La 4e édition du Baromètre ViveS – Les femmes et l’argent, réalisée avec Viavoice en partenariat avec BoursoBank et Natixis Wealth Management, révèle des inégalités financières persistantes entre hommes et femmes. Dans 73 % des couples, l’homme perçoit le revenu le plus élevé, et les femmes restent moins enclines à gérer les finances du foyer. Pourtant, ces écarts ne semblent pas générer de tensions majeures. Alors, pourquoi la véritable égalité financière dans le couple semble-t-elle encore hors de portée ?
Sommaire :
- Les inégalités de revenus au sein du couple : un constat frappant
- Qui gère l’argent du couple ? Une répartition encore genrée
- Éducation financière : un levier essentiel pour l’égalité
Les inégalités de revenus au sein du couple : un constat frappant
Un déséquilibre persistant dans les salaires
En 2025, le fossé salarial entre hommes et femmes reste une réalité préoccupante. Selon le Baromètre ViveS, dans près de trois quarts des couples français (73 %), c’est l’homme qui gagne le plus. Ce chiffre illustre une asymétrie profonde qui, bien que moins visible au quotidien, structure les relations financières du couple.
L’écart salarial trouve son origine dans plusieurs facteurs bien identifiés. Tout d’abord, les femmes accèdent plus difficilement aux postes les mieux rémunérés. Elles sont également moins nombreuses à demander une augmentation. Puisque l’on observe que seulement 33 % des femmes osent réclamer une revalorisation de leur salaire, contre 50 % des hommes. Cette différence est encore plus marquée lors des entretiens d’embauche, où seules 32 % des femmes déclarent être à l’aise pour négocier leur salaire, contre 53 % des hommes.
L’impact des écarts de revenus sur l’indépendance financière
En outre, le fait que les femmes gagnent moins a des conséquences directes sur leur autonomie économique. Un revenu inférieur signifie une capacité réduite à épargner, investir et préparer son avenir financier. Pourtant, selon le baromètre, 84 % des femmes et 90 % des hommes estiment que cette disparité de revenus n’est pas une source de tension dans leur couple. Ce paradoxe montre à quel point la répartition genrée des revenus est intériorisée et peu remise en question.
Cependant, cette apparente acceptation masque une réalité plus complexe. Parmi les jeunes générations, les perceptions évoluent. Ainsi, 27 % des hommes de 25 à 34 ans et 19 % des femmes de 18 à 34 ans considèrent qu’un salaire féminin plus élevé pourrait créer des tensions. Cela suggère que les normes sociales autour des rôles financiers restent profondément ancrées. Aussi, pour parvenir à une véritable égalité financière dans le couple, il faudra un changement des mentalités et des pratiques économiques au sein des foyers.
Qui gère l’argent du couple ? Une répartition encore genrée
Les hommes aux commandes des décisions financières
L’inégalité ne se limite pas aux salaires. La gestion des finances du couple reste largement dominée par les hommes. Le baromètre montre que 25 % des hommes prennent en charge les placements financiers, contre seulement 7 % des femmes. D’ailleurs, les décisions concernant l’achat d’un bien immobilier suivent la même tendance. Puisque 12 % des hommes s’occupent seuls des investissements immobiliers, tandis que seulement 7 % des femmes en ont la responsabilité exclusive.
Les gros achats, tels que l’achat d’une voiture ou d’équipements coûteux, sont aussi une prérogative masculine. 15 % des hommes en assument seuls la gestion, contre seulement 7 % des femmes. À l’inverse, les dépenses du quotidien, comme les courses alimentaires ou l’achat de produits ménagers, sont principalement gérées par les femmes (18 % contre 9 % pour les hommes).
Une dépendance financière encore marquée
Un chiffre alarmant ressort de l’étude : 25 % des personnes en couple ne possèdent pas de compte bancaire personnel. Cette situation pose un risque important pour l’indépendance financière des femmes, notamment en cas de séparation ou de difficultés conjugales.
Lorsqu’un couple possède un compte commun, dans 43 % des cas, une seule personne échange avec le conseiller bancaire, et c’est plus souvent l’homme (46 %) que la femme (39 %). Cette asymétrie renforce le déséquilibre déjà existant et démontre que l’égalité financière dans le couple ne se résume pas à une question de revenus, mais également de contrôle et de gestion des finances du foyer.
Éducation financière : un levier essentiel pour l’égalité
Un manque de confiance et de formation
Le baromètre révèle un véritable déficit de confiance des femmes en matière de gestion financière. Seules 16 % d’entre elles investissent en Bourse, contre 23 % des hommes. Par ailleurs, 39 % des femmes déclarent ne pas investir par peur de perdre de l’argent, contre seulement 31 % des hommes. Ce manque de confiance est en grande partie lié à un déficit de formation.
« BoursoBank, en tant qu’acteur leader dans le secteur bancaire, s’engage à renforcer l’éducation financière. Nos efforts visent à rendre l’information accessible et compréhensible, afin que chacun puisse prendre des décisions éclairées et gérer ses finances avec confiance. Nous croyons fermement que la pédagogie financière est la clé pour bâtir un avenir économique solide et inclusif. Ensemble, nous œuvrons pour que la connaissance financière soit à la portée de tous », souligne Benoit Grisoni, directeur général de Boursorama.
Par ailleurs, l’étude montre que seulement 36 % des Français se disent intéressés par des formations pour mieux gérer leur argent. Parmi eux, les hommes et les CSP+ sont les plus demandeurs. En revanche, 60 % des femmes se disent intéressées par une formation sur la lecture de leur fiche de paie, contre 40 % des hommes.
Briser les tabous et favoriser l’autonomie financière
Ces chiffres montrent un besoin urgent de sensibilisation et d’accompagnement pour permettre aux femmes de prendre une place plus active dans la gestion de leurs finances et d’atteindre une véritable égalité financière dans le couple. Sans une meilleure maîtrise des outils financiers et une plus grande confiance en elles, les femmes risquent de rester en position de dépendance économique.
Audrey Koenig, directrice générale de Natixis Wealth Management, insiste sur cette nécessité : « La gestion de fortune prend tout son sens lorsqu’elle se conjugue avec responsabilité sociétale. Chez Natixis Wealth Management, nous partageons cette vision avec nos clients, nos collaborateurs et nos partenaires, à l’instar de ViveS, que nous accompagnons cette année dans l’édition de son baromètre sur les femmes et l’argent. Nous sommes profondément convaincus de la nécessité de briser les tabous au sujet de l’argent. Parler d’argent sans filtre, montrer le champ des possibles et développer une culture financière est essentiel, notamment pour encourager l’esprit d’entreprise, et ce, en particulier chez les jeunes femmes. »
Cet enjeu est crucial pour rééquilibrer les rapports financiers au sein du couple et garantir à chacun une autonomie économique réelle.
Conclusion
L’égalité financière dans le couple semble encore difficile à atteindre en 2025. Les femmes gagnent moins, négocient moins et gèrent moins souvent l’argent du foyer. Cette inégalité ne crée pas de tensions apparentes, mais elle limite l’indépendance économique des femmes et renforce leur vulnérabilité.
« Le Baromètre ViveS 2025 met en lumière les différences de gestion et de perception de l’argent entre les hommes et les femmes, qui traversent toutes les générations. Le couple reflète ces inégalités ancrées dans la société. Pour de nombreuses femmes, l’argent demeure une source d’angoisse, un domaine méconnu et perçu comme risqué, longtemps réservé à leur conjoint. C’est pourquoi l’un des engagements majeurs de ViveS est d’aider les femmes à dépasser cette appréhension et briser les stéréotypes », indique Sibylle Le Maire, directrice exécutive de Bayard et fondatrice de ViveS Média.
L’éducation financière apparaît comme une solution clé pour rééquilibrer la donne. Des formations adaptées, un accompagnement bancaire plus inclusif et une prise de conscience collective pourraient permettre à chaque individu, homme ou femme, de gérer son argent en toute autonomie. L’égalité financière dans le couple reste un défi. Mais, elle est plus que jamais essentielle pour garantir une véritable indépendance économique à toutes et tous.
