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Rénovation

Conflit entre rénovations individuelles et collectives en copropriété

Conflit entre rénovations individuelles et collectives en copropriété

L’Association AFAST tire la sonnette d’alarme sur un problème croissant dans le domaine de la rénovation énergétique des copropriétés. En effet, poussés par les récentes contraintes réglementaires, de plus en plus de propriétaires bailleurs se lancent dans des travaux de rénovation énergétique de leurs appartements. Sans se soucier, par ailleurs, du projet global de leur copropriété. Cependant, ces initiatives individuelles risquent de compromettre l’émergence de projets collectifs, pourtant plus performants et économiques. Face à ce constat, l’AFAST interpelle les régulateurs et propose des solutions concrètes afin d’accélérer la rénovation énergétique des copropriétés.

Un tiers des logements français concernés par la rénovation énergétique en copropriété

Selon les derniers chiffres, un tiers des logements en France se trouvent dans des immeubles d’habitation collective. La rénovation énergétique de ces copropriétés représente donc un enjeu majeur pour atteindre les objectifs de transition énergétique du pays.

Conflit entre rénovations individuelles et collectives en copropriété
Cependant, l’Association AFAST alerte sur un problème croissant. Comment régler le conflit entre les rénovations individuelles et les projets de rénovation globale des copropriétés ?

Des aides financières qui peuvent entrer en concurrence

Pour rappel, l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat) propose deux dispositifs d’aide à la rénovation énergétique :

  • MaPrimeRénov’. Un parcours accompagné pour les maisons individuelles et certains appartements. Ainsi, les propriétaires s’engagent à améliorer l’efficacité énergétique de leur habitation d’au moins deux étiquettes.
  • MaPrimeRénov’ Copropriété. Un dispositif spécifiquement dédié aux copropriétés. Elles doivent atteindre un seuil de 35 % d’amélioration énergétique. Et, depuis le 1er janvier, il faut franchir un seuil de 50 % pour obtenir une subvention supplémentaire.

Toutefois, selon l’AFAST, ces aides sont susceptibles de financer les mêmes travaux. Voire de désengager les copropriétaires ayant déjà réalisé une rénovation individuelle. D’ailleurs, au premier trimestre 2024, l’ANAH observe une augmentation significative des créations de comptes (+25% pour les Parcours Accompagnés). Et, cela, malgré une baisse des engagements.

Des rénovations individuelles précipitées qui compromettent les projets collectifs

Sous l’impulsion des récentes contraintes réglementaires, notamment sur la location des passoires thermiques, certains propriétaires bailleurs se lancent dans des travaux de rénovation énergétique de leurs appartements. Cela leur permet de gagner rapidement en performance énergétique.

“ Malheureusement, ces travaux pourraient limiter voire entraver l’émergence de projets collectifs. Car les copropriétaires auront déjà engagé des frais dans leur propre rénovation. Et ils n’auront plus la nécessité d’améliorer l’étiquette de leur logement”, explique Tanguy Dupont, président de l’AFAST.

Les rénovations collectives, plus performantes et économiques en copropriété

Pourtant, les professionnels s’accordent à dire que la rénovation globale des copropriétés est plus qualitative et économique que les travaux de rénovation énergétique en parties privatives.

“ Les travaux collectifs sont moins coûteux grâce aux économies d’échelle possibles et plus efficaces car réfléchis au niveau de l’ensemble du bâtiment”, souligne Tanguy Dupont.

C’est le cas, par exemple, d’une copropriété à Levallois-Perret (92), qui a choisi de se lancer dans une rénovation globale plutôt que de laisser chaque copropriétaire agir individuellement. Résultat : une baisse de 40% des consommations énergétiques et un gain de deux étiquettes DPE (de E à C) pour un coût maîtrisé grâce aux aides et aux économies d’échelle.

L’AFAST interpelle les régulateurs et propose des solutions

Face à ce constat, l’AFAST interpelle les régulateurs de la rénovation énergétique en copropriété et propose une solution concrète. Celle de soumettre à une validation en Assemblée Générale la réalisation de rénovations individuelles donnant lieu à une aide dans le cadre du Parcours Accompagné.

“Cela permettrait à l’Assemblée Générale de privilégier un projet collectif en cours au sein de la copropriété”, argumente Tanguy Dupont.

L’association insiste également sur le rôle clé de Mon Accompagnateurs Rénov’ (MAR), dont la prestation est obligatoire dans le cadre du Parcours Accompagné. En effet, ces derniers doivent s’assurer de l’obtention de l’accord de l’Assemblée Générale en amont du de?po?t de demande d’aide. Ensuite, ils accompagnent les particuliers en veillant à ne pas compromettre un éventuel projet de rénovation globale de la copropriété.

En alertant sur ce conflit d’intérêts et en proposant des solutions, l’AFAST espère ainsi contribuer à lever les freins à la rénovation énergétique des copropriétés. C’est un enjeu crucial pour atteindre la neutralité carbone du parc immobilier français.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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