L’adaptation climatique n’est plus une option, c’est une urgence ! Alors que la température moyenne en France a déjà grimpé de +1,7 °C depuis 1900, les projections annoncent un réchauffement pouvant atteindre +4 °C d’ici 2100. Dans ce contexte, nos villes doivent se réinventer pour rester vivables. Le Cerema apporte des réponses concrètes pour lutter contre la surchauffe urbaine et les îlots de chaleur. Quelles stratégies adopter pour construire des territoires plus frais, plus verts, plus résilients ?
Sommaire :
- L’urgence de l’adaptation climatique face aux îlots de chaleur urbains
- Repenser les espaces publics pour l’adaptation climatique
- L’adaptation climatique des bâtiments publics
- Lutter contre le retrait-gonflement des argiles par l’adaptation climatique
- FAQ – Adaptation climatique des territoires
L’urgence de l’adaptation climatique face aux îlots de chaleur urbains
Un climat qui se réchauffe, des villes qui suffoquent
Depuis 1900, la température moyenne en France a augmenté de +1,7°C. En outre, cette évolution s’accompagne d’épisodes de chaleur plus fréquents et plus intenses, particulièrement en milieu urbain. Le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) accentue les écarts thermiques. En ville, les températures restent élevées la nuit, empêchant le corps de récupérer. Ce stress thermique chronique fragilise les plus vulnérables : personnes âgées, malades chroniques, enfants…
D’après les données LCZ du Cerema, plus de 5 millions d’habitants vivent dans des quartiers très exposés aux fortes chaleurs. Une réalité qui appelle des aménagements urbains adaptés pour limiter les effets de l’urbanisation sur le climat local.
LCZ : un outil précieux pour anticiper les vagues de chaleur
Pour mieux évaluer les risques climatiques, le Cerema propose l’outil « Zones climatiques locales – LCZ ». Cet outil gratuit permet de cartographier la sensibilité thermique des territoires. Plus de 12 000 communes françaises sont désormais analysées, couvrant 44 millions d’habitants.
Dans les grandes villes de plus de 400 000 habitants, le constat est alarmant. En effet, 2 millions de personnes vivent dans des zones à forte ou très forte sensibilité à la chaleur. Cela représente la moitié de la population exposée identifiée par l’outil.
Grâce à LCZ, les collectivités peuvent :
- repérer rapidement les quartiers les plus vulnérables,
- prioriser leurs actions d’adaptation,
- et intégrer la dimension climatique dans l’urbanisme local.
Un outil stratégique pour faire face à l’intensification des épisodes de chaleur et préserver la qualité de vie en ville.
Les réseaux de froid, une solution d’adaptation efficace
Le Cerema met également en lumière un autre constat grâce à son outil “EnRezo”. Celui-ci révèle un net déséquilibre entre les réseaux de froid et de chaleur en France. En effet, le pays ne dispose que de 43 réseaux de froid, qui alimentent 1 600 bâtiments, contre plus de 1 000 réseaux de chaleur desservant près de 50 000 bâtiments. Les zones à “fort potentiel” représentent 2,5 TWh de besoins et plus de 20 000 bâtiments selon l’analyse nationale.
Repenser les espaces publics pour l’adaptation climatique
Comme l’explique Annabelle Ferry, Directrice Territoires et Villes au Cerema : « Garantir des villes vivables et agréables, c’est dès à présent un enjeu d’équité sociale et, pour demain, un facteur déterminant pour habiter nos villes ».
L’adaptation climatique des espaces publics nécessite une approche systémique combinant solutions vertes, grises et douces.
La végétalisation, levier central de l’adaptation urbaine
Face à l’intensification des vagues de chaleur, la végétalisation s’impose comme une solution incontournable. Entre 2019 et 2023, le projet CoolParks, piloté à Nantes avec la Métropole et l’ADEME dans le cadre du programme Modeval-Urba, en a apporté la preuve.
En effet, l’étude a révélé des écarts de température allant jusqu’à 7,6°C entre un parc densément boisé et un espace majoritairement asphalté. L’étude nantaise a porté sur 15 parcs parmi les 204 que compte la ville. Elle offre ainsi un éclairage concret sur les bénéfices climatiques de la végétalisation, en particulier dans les quartiers les plus exposés à la chaleur.
SESAME : un outil pour guider les choix d’aménagement
Pour accompagner les collectivités, le Cerema propose l’outil SESAME, qui aide à choisir les essences végétales les plus adaptées. Il s’appuie sur le principe du « 3-30-300 » :
- 3 arbres visibles depuis chaque logement,
- 30 % de couverture arborée dans le quartier,
- 1 espace vert à moins de 300 mètres de chaque habitation.
Un référentiel simple et efficace pour intégrer la nature dans l’urbanisme.
Transformer les cours d’école en îlots de fraîcheur
L’exemple de Figeac illustre parfaitement l’adaptation climatique participative. 40% de la cour (800 m² sur 2 000 m²) ont été désimperméabilisés avec création d’espaces végétalisés incluant une noue d’infiltration.
Fabien Calmettes, Directeur des services techniques de Figeac, témoigne : « Ce nouvel espace est envisagé par l’équipe pédagogique comme un outil au service des apprentissages ».
L’adaptation climatique des bâtiments publics
Le 3e Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) retient une trajectoire climatique de +2°C en 2030, +2,7°C en 2050 et +4°C en 2100. Face à ces projections, l’adaptation climatique des bâtiments devient urgente.
Pascal Berteaud, Directeur du Cerema, souligne : « Cette approche “haute couture” doit petit à petit faire émerger des solutions facilement déployables et économiquement viables ».
Confort d’été : un indicateur clé d’adaptation
Évaluer le confort d’été devient essentiel pour adapter les bâtiments et les espaces publics face aux pics de chaleur. L’expérimentation INFOMA, menée durant l’été 2024, met en évidence les solutions les plus efficaces.
Les résultats montrent qu’un cocktail d’actions ciblées réduit fortement le besoin en refroidissement :
- Horaires décalés : jusqu’à –50 % de besoins en climatisation,
- Brasseurs d’air : pour favoriser la ventilation naturelle,
- Végétalisation des abords : pour réduire l’exposition thermique directe.
L’outil RITE pour guider l’adaptation locale
Pour aider les collectivités et les acteurs du bâtiment, le Cerema a développé l’outil RITE.
Il permet d’évaluer rapidement les besoins d’adaptation climatique, en tenant compte :
- du type de bâtiment,
- des usages,
- et de l’environnement immédiat.
Une aide précieuse pour intégrer la résilience thermique dès la phase de conception ou de rénovation.
Le premier plan ABCD réalisé pour le Val-de-Marne démontre l’efficacité de cette méthode. Le plan intègre l’adaptation aux constructions neuves, les actions d’opportunisme lors de travaux ponctuels, et une programmation à court/moyen terme.
Lutter contre le retrait-gonflement des argiles
L’adaptation climatique doit traiter le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (RGA). Plus de 10,4 millions de maisons individuelles sont exposées, avec un coût de sinistralité atteignant 70% du régime catastrophes naturelles (1,5 Md€ par an sur 2017-2022).
Entre 2016 et 2020, la solution MACH+, testée sur une maison sinistrée, a démontré son efficacité à moindre coût : 15 000 € HT, soit un montant bien inférieur à celui d’un confortement traditionnel. Dans la continuité de cette expérimentation, deux projets soutenus par France 2030 – SAFE RGA et SEHSAR – approfondissent ces innovations. Ils prévoient l’instrumentation de 50 sites répartis sur l’ensemble du territoire, avec un suivi continu des évolutions sur une période de 5 ans.
FAQ – Adaptation climatique des territoires
Qu’est-ce que l’adaptation climatique exactement ?
L’adaptation climatique consiste à ajuster nos territoires, bâtiments et modes de vie pour faire face aux effets du changement climatique déjà observés et à venir. Contrairement à l’atténuation qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation climatique prépare nos villes à vivre avec +4°C d’ici 2100. Elle inclut la lutte contre les îlots de chaleur urbains, l’adaptation des bâtiments aux canicules, et la protection contre les phénomènes météorologiques extrêmes.
Comment diagnostiquer les besoins d’adaptation climatique de ma commune ?
Le Cerema propose plusieurs outils gratuits d’adaptation climatique. L’outil LCZ cartographie la sensibilité aux fortes chaleurs de 12 000 communes françaises. Il suffit de consulter le visualiseur cartographique en ligne pour identifier les quartiers les plus vulnérables. Pour un diagnostic plus poussé, les collectivités peuvent faire appel au Cerema pour des études personnalisées intégrant vulnérabilité climatique et sociale.
Quelles sont les solutions d’adaptation climatique les plus efficaces ?
Les solutions d’adaptation climatique les plus performantes combinent trois approches : solutions vertes (végétalisation, parcs urbains), solutions grises (réseaux de froid, matériaux adaptés) et solutions douces (modification des usages, horaires décalés). L’efficacité dépend du contexte local. Par exemple, un parc boisé dense peut réduire la température de 7,6°C par rapport à une zone asphaltée, selon l’étude CoolParks du Cerema.
Combien coûte l’adaptation climatique d’un territoire ?
Les coûts d’adaptation climatique varient selon l’échelle d’intervention. Pour un bâtiment, comptez 15 000 à 50 000€ (exemple : solution MACH+ à 15 000€ HT). À l’échelle d’un quartier, les projets oscillent entre 100 000 et 500 000€. Pour une ville entière, l’adaptation climatique représente 1 à 10 millions d’euros. Ces investissements restent inférieurs aux coûts de l’inaction : le retrait-gonflement des argiles coûte déjà 1,5 milliard d’euros par an en France.
Comment financer les projets d’adaptation climatique ?
Plusieurs dispositifs financent l’adaptation climatique. Le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) mobilise des fonds publics. France 2030 finance les projets de recherche comme SAFE RGA et SEHSAR. Les collectivités peuvent solliciter l’ADEME, les Agences de l’eau, ou la Banque des Territoires. La Mission Adaptation +4°C, co-pilotée par le Cerema, accompagne les territoires dans le montage financier de leurs projets d’adaptation climatique.