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Energie

Baromètre énergie-info 2024 : la précarité énergétique persiste

Baromètre énergie-info 2024 : la précarité énergétique persiste

Le baromètre énergie-info 2024, enquête annuelle réalisée par le médiateur national de l’énergie, révèle que la précarité énergétique reste un enjeu majeur en France. En effet, les résultats montrent que les consommateurs sont toujours confrontés à des factures d’énergie élevées et à des difficultés pour se chauffer correctement. Toutefois, certains dispositifs, comme le chèque énergie, apportent une aide ciblée aux ménages les plus précaires. Enfin, le baromètre souligne un essoufflement des efforts en faveur d’une consommation d’énergie plus vertueuse pour l’environnement.

Sommaire :

Baromètre énergie-info 2024 : la précarité énergétique légèrement moins préoccupante

Des dépenses énergétiques relativement moins importantes dans les esprits

Selon le baromètre énergie-info 2024, les tensions sur l’énergie, largement relayées par les médias et les pouvoirs publics en 2022 et 2023, semblent désormais s’atténuer. En effet, le risque de pénurie paraît aujourd’hui écarté. Ce sujet est donc moins présent dans les esprits. De plus, l’inflation a touché d’autres secteurs, dont l’alimentation.
Des dépenses énergétiques relativement moins importantes dans les esprits
Ainsi, la lecture systématique des factures d’énergie diminue (55% en 2024, contre 61% en 2023). Et, la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation relativement moins important cette année (85%) que les deux années précédentes (89%).

Cependant, comme le souligne Olivier Challan Belval, médiateur national de l’énergie, “la part des consommateurs estimant que les factures d’énergie représentent une part importante de leur budget se stabilise à un niveau élevé de 82%.”

Des factures en hausse et des consommateurs pas toujours prévenus

Le baromètre énergie-info 2024 indique que 70% des foyers ont constaté une augmentation de leurs factures d’électricité. Elle est principalement due à l’augmentation des prix (86%). De même, 66 % des foyers utilisant le gaz ont constaté une augmentation de leurs factures. Cette hausse s’explique principalement par l’augmentation des prix, mentionnée par 87 % des ménages concernés. Cependant, leur fournisseur a prévenu seulement 56 % des consommateurs concernés. Pour autant, 78% des ménages mensualisés ont bien vu le montant de leurs mensualités augmenter.

“Cette situation a pu surprendre de nombreux consommateurs,” note Olivier Challan Belval.

Une légère baisse des restrictions de chauffage après cinq ans de hausse

Par ailleurs, la part des foyers ayant restreint le chauffage pour limiter leurs factures reste importante (75%). Toutefois, elle diminue après cinq années consécutives de forte hausse. De plus, ils sont également un peu moins nombreux cette année à rencontrer des difficultés pour payer leur facture (28%). Comme le souligne Olivier Challan Belval, “ces chiffres restent élevés et témoignent de la persistance de la précarité énergétique en France.”

Baromètre énergie-info 2024

Un tiers des ménages souffre du froid, une proportion en constante augmentation

Le baromètre énergie-info 2024 révèle que la proportion de foyers déclarant avoir souffert du froid a doublé entre 2020 et 2024. En effet, cette situation touche particulièrement plusieurs catégories de la population. Elle concerne 43 % des moins de 35 ans, 42 % des employés, 39 % des ouvriers et 37 % des locataires. La limitation financière est la principale raison de cette souffrance, suivie par la mauvaise isolation qui concerne davantage les locataires.

Selon les données de l’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE), près de 5 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique en France en 2024.

Le chèque énergie, une aide utile et ciblée

Ainsi, 24% des foyers interrogés ont bénéficié du chèque énergie. En outre, cette proportion reste plus élevée chez ceux qui en ont le plus besoin. Ce dispositif apporte donc une aide ciblée aux ménages les plus précaires.

Comme le rappelle Olivier Challan Belval, “le chèque énergie a été revalorisé en 2023 et 2024 pour faire face à la hausse des prix de l’énergie, passant de 150 à 200 euros pour les ménages les plus modestes” (article L.124-1 du code de l’énergie).

Un essoufflement des efforts pour une consommation d’énergie plus vertueuse

Des baisses de consommation principalement motivées par l’aspect financier

En effet, le baromètre énergie-info 2024 montre qu’en 2022 et 2023, l’augmentation des prix de l’énergie a préoccupé les ménages. Ce qui a entraîné une attention particulière sur leur consommation d’énergie. Parallèlement, l’impact de cette consommation sur le changement climatique est de plus en plus connu.

Dans ce contexte, de nombreux ménages estiment avoir déjà consenti des efforts significatifs, et une grande majorité d’entre eux se dit incapable d’en faire davantage pour l’hiver prochain. Ainsi, 40% des ménages disent avoir adapté leurs comportements pour réduire leur consommation d’énergie lors de l’hiver 2023. En outre, 45% déclarent déjà faire le maximum. Seuls 32% pensent réduire cette consommation en 2024 (en baisse de 3 points par rapport à l’intention en 2023). Notons que ces efforts sont deux fois plus souvent motivés par des raisons financières (88%) que des raisons écologiques (44%).

Comme le souligne Olivier Challan Belval, “la diminution de la consommation implique de multiples gestes : 6 en moyenne et en priorité éteindre les lumières. Elle passe aussi par la rénovation des logements et notamment des travaux d’isolation qui sont envisagés par 29% des foyers. En baisse par rapport à 2023 (32%), malgré le fait que 9 consommateurs sur 10 connaissent l’existence d’aides financières, en particulier MaPrimRenov.”

Un intérêt limité pour les offres d’énergie vertes

Par ailleurs, le baromètre énergie-info 2024 indique que 80% de la population connaît l’existence d’offres d’électricité verte et 46% de gaz vert. Cependant, le label Vertvolt de l’ADEME n’est connu que de 10% des ménages. Pour l’instant, seulement 60% des clients se disent prêts à souscrire à ces offres.

Comme le souligne Olivier Challan Belval, “ce faible intérêt pour les offres vertes peut s’expliquer par un manque de confiance dans ces offres et par une crainte d’une hausse des prix de l’énergie.”

Un manque d’attrait pour les offres incitant à réduire la consommation pendant les pics

Enfin, on constate que la moitié des foyers a entendu parler des offres visant à inciter à moins consommer pendant les pics de consommation. Ces offres proposent, par exemple, des prix plus élevés certains jours en hiver ou pendant les heures de pointe, entre 18h et 20h. Cependant, la majorité des ménages, soit 64 %, n’est pas prête à souscrire à ce type d’offre.

Pourtant, 48 % de la population utilise déjà des contrats heures pleines/heures creuses. Elle s’en sert notamment pour lancer des machines à laver (72 %) ou pour déclencher le ballon d’eau chaude lorsque le prix est plus bas (56 %). Ainsi, ces offres, prévues par l’article L.337-7 du Code de l’énergie, peinent à convaincre les consommateurs malgré leur potentiel pour réduire les tensions sur le réseau électrique.

Une liberté de choix du fournisseur ancrée dans les esprits

En effet, depuis cinq ans, la liberté de changer de fournisseur d’électricité ou de gaz est largement connue par la population (9 foyers sur 10 pour l’électricité comme pour le gaz). D’ailleurs, une majorité de foyers perçoit positivement l’ouverture des marchés. Cette perception est encore plus favorable en 2024 qu’au cours des années précédentes, atteignant 77 % contre 69 % en 2023. Cependant, 37 % des ménages jugent l’impact de cette ouverture sur les prix comme neutre, tandis que 40 % le considèrent comme négatif.

Une liberté de choix du fournisseur ancrée dans les esprits
La part de perception positive sur la qualité de service et sur les prix progresse cette année, mais reste minoritaire. À cet effet, le baromètre énergie-info 2024 montre que la possibilité de changer de fournisseur est jugée assez simple (79%, stable par rapport à 2023). Puisque la majorité des consommateurs savent comment procéder (73%, stable par rapport à 2023).

Depuis 2019, environ un foyer sur trois déclare avoir déjà changé de fournisseur. Mais, en ajoutant ceux qui ont envisagé et envisagent de changer, on atteint 50% de la population concernée par ce changement.

Olivier Challan Belval souligne que “cette liberté de choix, permise par la loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat, est un acquis important pour les consommateurs.”

Une notion de tarifs réglementés mal connue

Certes, la suppression des tarifs réglementés sur le gaz est maintenant derrière nous. De fait, la notion même de tarifs réglementés est moins présente à l’esprit. Ainsi, la notoriété des tarifs réglementés d’électricité chute de 10 points par rapport à l’an dernier, atteignant son plus bas niveau depuis 2020.

En effet, les Français savent que les tarifs réglementés d’électricité sont des tarifs fixés par les pouvoirs publics (85%), mais nombreux sont ceux qui pensent que ces tarifs sont proposés par l’ensemble des fournisseurs (57%). Pour 58% d’entre eux, les tarifs réglementés sur le gaz existent toujours, et 43% des foyers pensent que les tarifs réglementés d’électricité vont disparaître.

En 2024, un tiers des foyers estime que quitter les tarifs réglementés revient à réaliser des économies. Cette proportion est en forte hausse (de 19% à 32%) mais elle reste assez faible par rapport à la réalité actuelle du marché.

Comme le rappelle Olivier Challan Belval, “les tarifs réglementés de vente de gaz naturel ont pris fin le 1er juillet 2023, conformément à l’article L.445-4 du code de l’énergie, tandis que les tarifs réglementés de vente d’électricité sont maintenus jusqu’au 31 décembre 2025 pour les particuliers”.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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