Le marché locatif français est en pleine mutation. Le baromètre tension locative publié par Manda pour le troisième trimestre 2024 en révèle les tendances clés. Certaines grandes métropoles, comme Paris et Lyon, conservent un niveau de tension élevé. En revanche, d’autres régions enregistrent des variations marquées. Ces différences sont révélatrices d’un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande. Ce rapport met en lumière les facteurs économiques et sociaux qui influencent la dynamique locative : inflation, hausse des loyers et freins à l’accès à la propriété. Quels enseignements tirer de ces évolutions ?
Sommaire :
- Un marché locatif marqué par des tensions persistantes
- Zoom sur les grandes métropoles : Paris, Lyon, et au-delà
- Facteurs clés de la tension locative en 2024
- Solutions et perspectives pour un marché locatif plus équilibré
Un marché locatif marqué par des tensions persistantes
En 2024, le marché locatif français présente des disparités frappantes, mais une constante demeure : la tension. Selon le baromètre tension locative de Manda, les biens se louent en un temps record. Et, le plus souvent, en moins de deux semaines. À Paris, les annonces attirent en moyenne 60 candidatures. Cette demande est toujours élevée malgré un recul de 53 % par rapport à l’année précédente. Rennes et Bordeaux suivent avec des scores similaires, soulignant une saturation du marché.
Ce déséquilibre repose sur des facteurs économiques et structurels. L’inflation et la hausse des taux d’intérêt freinent l’accès à la propriété. Par conséquent, les ménages sont contraints de prolonger leur location. De fait, cette situation limite l’offre de logements disponibles. De plus, elle accroît la pression sur le marché locatif, même dans un contexte de baisse globale des candidatures.
Méthodologie de calcul du baromètre de la tension locative
L’étude de Manda repose sur une analyse approfondie de 2600 annonces internes publiées entre le T3 2023 et le T3 2024, ainsi que sur 100 000 annonces externes issues de plateformes telles que Seloger et Leboncoin.
Le baromètre de la tension locative utilise un score, évalué sur une échelle de 1 à 10, pour mesurer la compétitivité du marché locatif dans une région. Ce score se base sur deux indicateurs clés : le nombre de candidatures par annonce et le temps médian de publication des annonces. Ainsi, plus une annonce attire de candidatures et reste en ligne peu de temps, plus le marché est jugé tendu. De sorte qu’un score élevé, proche de 10, reflète un marché très compétitif, où la concurrence entre candidats est forte et les logements se louent rapidement.
Zoom sur les grandes métropoles : Paris, Lyon, et au-delà

Paris : une tension structurelle
Malgré une baisse notable des candidatures, Paris reste l’épicentre de la tension locative avec un score de 8/10. En effet, la capitale combine des loyers élevés, des projets ambitieux comme le Grand Paris et une forte attractivité pour les étudiants. D’ailleurs, ces derniers représentent 57 % des candidats au troisième trimestre 2024, contre 46 % au trimestre précédent.
Cependant, cette demande étudiante ne compense pas entièrement la baisse globale. Puisque les candidatures ont chuté de 53 % par rapport à 2023. Le marché parisien reste néanmoins ultra-compétitif, alimenté par une offre réduite et un coût de la vie élevé.
Lyon : un recul de l’attractivité
Selon le baromètre de la tension locative, Lyon affiche également un score de 8/10. Pour autant, sa demande locative s’effrite, en particulier chez les jeunes. Les candidatures des moins de 24 ans sont passées de 28 % en 2023 à 21 % en 2024, conséquence directe des loyers élevés et du contexte économique. Ainsi, les logements se louent rapidement, mais la rareté de l’offre renforce la concurrence et freine les mouvements.
Les autres métropoles : entre dynamisme et mutations
À Marseille, la demande au sein des Bouches-du-Rhône a bondi de 44 % en périphérie, attirant les locataires en quête de logements plus abordables. À Bordeaux et Rennes, les tensions persistent avec un temps de publication médian de 6 à 7 jours seulement. Selon le baromètre de la tension locative, ces villes illustrent une situation paradoxale. Car la demande chute, mais l’offre reste insuffisante pour satisfaire les besoins des candidats restants.
Facteurs clés de la tension locative en 2024
Les contraintes économiques
Les taux d’intérêt élevés freinent les achats immobiliers. Ainsi, ils poussent les ménages à rester locataires. En parallèle, l’inflation grève le pouvoir d’achat, particulièrement pour les jeunes actifs. À Nantes, par exemple, les loyers élevés découragent les candidats et contribuent à une chute de la demande de 51 %.
La saisonnalité et la rétention locative
La rentrée dynamise traditionnellement le marché locatif, mais cette tendance reste limitée en 2024. Le vieillissement de la population locataire et la baisse de la mobilité exacerbent les tensions. Dès lors, les logements se louent rapidement, mais les mouvements restent faibles, empêchant une rotation saine de l’offre.
Les disparités régionales
Certaines régions comme Nancy se démarquent par une moindre tension. Selon le baromètre des tensions locatives, son score est de 3/10. La ville offre un marché favorable aux locataires, avec seulement quatre candidatures par annonce. À l’inverse, des villes comme Rennes ou Lille connaissent une forte concurrence malgré un recul de la demande.
Solutions et perspectives pour un marché locatif plus équilibré
Stimuler l’offre de logements
Face à une offre insuffisante, des mesures de construction ciblées sont essentielles. Le développement de logements intermédiaires ou sociaux pourrait atténuer les tensions, notamment dans les grandes métropoles.
Renforcer les dispositifs d’aide
Des aides ciblées, comme les garanties locatives pour les jeunes, pourraient améliorer leur accès au logement. De plus, la simplification des démarches administratives pour les locataires et propriétaires est également cruciale.
Encourager la mobilité géographique
La mise en avant des villes moyennes, où les marchés sont plus accessibles, pourrait équilibrer la demande. À Nancy, par exemple, les candidats bénéficient de conditions plus favorables, avec un délai moyen de 20 jours pour trouver un logement.