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Immobilier : une hausse alarmante des défaillances d’entreprises fin mars 2024

Immobilier : une hausse alarmante des défaillances d’entreprises fin mars 2024

Le secteur de l’immobilier en France traverse une période difficile, comme le révèle la dernière étude d’Ellisphere. En effet, à fin mars 2024, les défaillances d’entreprises ont bondi de 48,2% sur 12 mois glissants. Ainsi, elles atteignent le nombre préoccupant de 2 865. Cette hausse significative touche particulièrement certaines régions et activités. Cet article analyse en détail les chiffres clés de cette étude, les régions et activités les plus impactées. Il explore également les perspectives et les potentielles solutions pour endiguer cette vague de défaillances.

Sommaire :

Une tendance inquiétante des défaillances d’entreprises dans l’immobilier

L’étude d’Ellisphere met en évidence une tendance préoccupante dans l’immobilier en France. Toutefois, on constate que malgré la tendance globale à la hausse depuis 2017, il y a eu quelques années de diminution. Notamment en 2020 avec une forte baisse de 30,9% probablement liée à la crise sanitaire.

Evolution des défaillances d'entreprise dans l'immobilier
Cependant, les projections pour 2023 sont très préoccupantes. Puisque l’on attend une augmentation de 46,0% par rapport à 2022. Et, sur l’ensemble de la période 2015 à fin mars 2024, la diminution globale ne serait que de 1,9%. Ce qui confirme ainsi la tendance à la hausse du nombre de défaillances dans le secteur immobilier sur le long terme. Ces chiffres soulignent la fragilité croissante des entreprises de l’immobilier, qui peinent à faire face aux défis économiques et structurels du secteur.

Comme le souligne Max Jammot, responsable du pôle économique chez Ellisphere, “les activités de l’immobilier et particulièrement la promotion immobilière sont clairement sous tension. Le plan social annoncé par NEXITY est symptomatique et révélateur du malaise ambiant.”

Des disparités régionales marquées

L’étude révèle également des disparités importantes entre les régions françaises. Certaines d’entre elles sont particulièrement touchées par cette vague de défaillances d’entreprise. C’est le cas de l’Occitanie (+73,7%), de la Nouvelle-Aquitaine (+79,8%) et de l’Île-de-France (+73,3%). À l’inverse, d’autres régions semblent mieux résister, comme la Corse (-37,5%), le Grand Est (+11,1%) et PACA (+13,7%).

Ces écarts s’expliquent par des dynamiques locales différentes, liées notamment à l’attractivité économique, à la démographie et au marché immobilier propre à chaque territoire.

Comme l’explique Ellisphere, “les régions les plus impactées sont souvent celles où la concurrence est la plus forte et où les prix ont le plus augmenté ces dernières années, fragilisant les entreprises les moins solides.”

 

Défaillances dans l'immobilier par région
Ainsi, l’Île-de-France est la région la plus touchée en volume avec 676 défaillances (+73,3%). Notons que les prix de l’immobilier ont bondi de 32% dans cette région entre 2015 et 2023 selon les données des Notaires de France. Ce qui rend l’accession à la propriété de plus en plus difficile et fragilise les promoteurs et les agences.

Les activités de l’immobilier les plus impactées

Au-delà des disparités géographiques, l’étude d’Ellisphere met en lumière les activités de l’immobilier les plus touchées par les défaillances. Sans surprise, les agences immobilières arrivent en tête avec 1 064 défaillances (+109,9% en un an). Elles sont suivies par la location de terrains et d’autres biens immobiliers (781 défaillances, +10,5%).

Défaillances par activité de l'immobilier

Mais, c’est surtout du côté de la promotion immobilière que la situation est la plus préoccupante. En effet, les promoteurs de logements ont ainsi enregistré 147 défaillances (+58,1%). Tandis que ceux d’autres bâtiments en ont compté 18 (+50%).

La hausse du coût des matériaux et la pénurie de main d’œuvre pèsent, en effet, lourdement sur les marges des promoteurs. Selon la Fédération Française du Bâtiment (FFB), le coût de construction a augmenté de 12% en 2023. Tandis que le délai moyen de livraison des chantiers a bondi de 25%. Parallèlement, les taux d’intérêt des crédits immobiliers ont doublé en un an. Ainsi, ils sont passés de 1,5% en moyenne à 3%, rendant plus difficile le financement des projets.

L’âge de l’entreprise, un facteur de risque dans l’immobilier ?

L’étude révèle enfin que l’âge des entreprises est un facteur de risque important. Ainsi, les entreprises en 10 et 20 ans présentent les taux de défaillances les plus élevés, atteignant 31,2%. Cela suggère une corrélation directe entre l’âge de l’entreprise et la fréquence des défaillances. Les structures âgées de 5 à 10 ans et de 10 à 20 ans suivent avec des taux respectifs de 29,3% et 31,2%. Et, les plus récentes, de moins de 3 ans, affichent le taux le plus bas, à 9,4%.

défaillances selon l'âge de l'entreprise
Toutefois, on observe une augmentation alarmante des incidents, surtout pour les entreprises les plus jeunes. Puisque celles de moins de 3 ans ont vu leurs défaillances bondir de 252,6% récemment. Cette situation préoccupante appelle des mesures ciblées. Il faut soutenir les entreprises de l’immobilier, notamment en facilitant leur accès au crédit et en allégeant leurs charges. Un accompagnement spécifique des jeunes entreprises, plus vulnérables, pourrait aussi contribuer à endiguer cette vague de défaillances dans le secteur.

Comme le souligne Max Jammot, “ si la baisse des taux laisse entrevoir une amorce d’espoir, les problématiques de coût des matériaux, de rénovation de l’habitat, de disponibilité du foncier et donc d’accession à la propriété demeurent toujours prégnantes. Ce qui rent la situation particulièrement délicate pour les jeunes entreprises.”

Des solutions à trouver d’urgence

Face à cette situation alarmante, il est urgent de trouver des solutions pour soutenir les entreprises de l’immobilier en France. Pour résoudre ce problème efficacement, il faut commencer par renforcer l’accompagnement des jeunes entreprises. Par ailleurs, il faut également réfléchir à des mesures structurelles pour fluidifier le marché immobilier et réduire les coûts de construction, afin de redonner de l’air aux promoteurs et aux agences. Cela pourrait passer par une simplification des normes, une libération du foncier ou encore des incitations fiscales ciblées.

Enfin, il est essentiel de renforcer la formation des acteurs de l’immobilier. En effet, cela leur permettra de mieux appréhender les évolutions du marché. De plus, une professionnalisation accrue les aidera à s’adapter plus efficacement aux nouveaux défis du secteur. En cela, la digitalisation du secteur immobilier offre de nouvelles opportunités. Notamment, le développement des visites virtuelles et des outils de gestion en ligne permettent de gagner en efficacité. De plus, ces innovations renforcent la compétitivité des entreprises qui les adoptent.

C’est à ce prix que le secteur pourra retrouver une dynamique positive et durable. Car, il faut absolument éviter une nouvelle hécatombe d’entreprises dans les années à venir.

“ les acteurs de l’immobilier doivent impérativement se réinventer et innover pour surmonter cette crise et construire l’immobilier de demain.” – Max Jammot.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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