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Sécurité

Crue de la Seine à Paris : comment protéger les immeubles d’habitation ?

Crue de la Seine à Paris : comment protéger les immeubles d’habitation ?

Le risque de crue de la Seine est un sujet de préoccupation pour les immeubles d’habitation situés à proximité. En effet, lorsque la Seine déborde de ses berges, elle peut causer d’importantes inondations. Quels sont les risques encourus et comment les prévenir ? Que faire avant et après la crue ?

La crue de la Seine à Paris : une menace réelle

La Seine connaît régulièrement des crues, qui sont le résultat de l’accumulation d’eau provenant de précipitations et de la fonte des neiges. Lorsque cette accumulation est importante, le niveau du fleuve s’élève. Ainsi, il peut provoquer des inondations dans les zones situées en bordure du fleuve, notamment à Paris et dans sa région.

repère de crue de la Seine en 1910
Fontaine de Mars au 129-131 rue Saint-Dominique – Paris 7e

En 1910, une crue centennale a été enregistrée dans le bassin de la Seine

En 1910, une crue centennale a été enregistrée dans le bassin de la Seine. Cette crue a été causée par des précipitations anormalement élevées qui ont entraîné une montée rapide du niveau de l’eau. C’est, en effet, une crue d’une amplitude exceptionnelle qui n’a lieu qu’une fois par siècle en moyenne.

Crue de la Seine en 1910
Crue de la Seine en 1910 (Source : www.ecologie.gouv.fr)

Le pic de crue de la Seine à Paris atteignait alors 8,62 m le 28 janvier. La remise en service des différentes activités a duré deux mois. Les inondations de janvier 1910 font figure de catastrophe naturelle majeure pour Paris et sa région. Puisque l’on comptait 20 000 immeubles inondés dans la capitale, 30 000 maisons touchées en banlieue et 150 000 sinistrés. Les dégâts sont énormes, équivalant à un montant actuel de 1,5 à 2 milliards d’euros.

Le coût global pourrait alors atteindre 30 à 40 milliards d’euros

Aujourd’hui, le coût des dégâts directs d’une crue de même ampleur est estimé à 17 milliards d’euros. Mais, ce chiffre ne tient pas compte des dommages aux réseaux de transport, d’électricité, de télécommunications, etc. Ainsi, le coût global pourrait alors atteindre 30 à 40 milliards d’euros, selon l’OCDE. De plus, entre 4 à 5 millions de personnes seraient affectées à de divers degrés. Et, près de 170 000 entreprises seraient touchées.

Crue de la Seine de 1872 à 2018
Historique de la crue de la Seine

Depuis cette crue de la Seine en 1910, de nombreuses mesures ont été mises en place pour protéger la région parisienne contre les inondations. Mais, d’autres épisodes de crues se sont produits en 1924, 1955, 1982 et au printemps 2016 puis en 2018. Ainsi, les inondations de printemps se révèlent être aussi problématiques que les crues d’hiver.

Il existe donc un risque persistant de crue de la Seine à Paris entre les mois de novembre et mars. En cela, les inondations des années 2016 et 2018 ont mis en évidence l’importance stratégique du renouvellement urbain dans les zones inondables pour l’agglomération parisienne.

Trois caractéristiques pour décrire la crue de la Seine

Les crues de la Seine sont lentes et sont la conséquence directe de précipitations hivernales importantes sur les bassins versants de la Seine et de ses affluents. Plus particulièrement l’Yonne. Ainsi, La crue de la Seine à Paris progresse en moyenne de 50 cm par jour.

Trois caractéristiques permettent de décrire les crues :

  • la hauteur d’eau,
  • le débit,
  • la fréquence ou période de retour.

À Paris, la crue de la Seine est définie selon la hauteur d’eau mesurée à l’échelle du pont d’Austerlitz. À partir de 7 mètres, les conséquences sur la vie des Parisiens commencent à être très sensibles. Notons que les dernières crues qui se situent au-delà de 7 m remontent à 1955 (7,14 m) et 1924 (7,30 m).

En effet, à 8 mètres, certains quartiers sont totalement inondés, de nombreux services publics sont suspendus ou perturbés. Le retour complet à la normale peut prendre plusieurs semaines après la remise en état nécessaire des installations inondées.

Au-delà de 8 mètres, les crues les plus importantes connues sont la crue de 1910 (8,62 m) et celle de 1658. Il existe une occurrence sur cent chaque année de connaître une crue de la seine semblable à celle de 1910. En effet, ces crues au-delà de 8 mètres sont des crues centennales.

Le risque de coupure d’électricité en cas de crue de la seine

Le risque de crue de la Seine à Paris est surveillé par les autorités locales. Ces dernières mettent en place des mesures de prévention et de protection. Ainsi, en cas de crue majeure de la Seine, les postes de distribution d’ERDF situés pour partie dans les zones inondées seront mis hors tension. Ces mesures préventives visent à accélérer la réalimentation lors de la décrue.

Certains logements, même hors des zones inondables, pourraient donc être touchés. On estime à 335 000 le nombre de Parisiens qui seraient victimes de ces coupures.

Les logements collectifs sont particulièrement affectés lors de coupures électriques. En effet, les conséquences sont considérables. Puisque cela conduit à l’indisponibilité des ascenseurs, le non-fonctionnement des alarmes et des systèmes de sécurité contre les incendies. Mais, on peut aussi être privé d’eau potable faute d’alimentation électrique des surpresseurs, etc.

Un risque d’incendie accru

Les immeubles de Grande Hauteur (IGH) dépassant 50 mètres disposent de prescriptions spécifiques dans le domaine de la prévention et de la lutte contre l’incendie. Paris compte une vingtaine d’IGH concernée par le risque de crue de la Seine. Ils sont situés dans les 12 ème, 13 ème et 15 ème arrondissements.

En général, les installations techniques sont situées dans des zones susceptibles d’être inondées. Lorsque la sûreté des personnes est compromise, une évacuation est requise.

En situation de crue et/ou de coupures électriques, le risque d’incendie augmente par l’utilisation de matériels de fortune pour se chauffer et s’éclairer. La gravité de l’incendie augmente, elle aussi. Parce que les équipements techniques de sécurité sont inopérants et les conditions d’intervention des secours dégradées.

Risque d’inondation d’égouts et raccordement des immeubles

Tous les immeubles sont reliés au réseau d’égouts municipal par l’intermédiaire d’un branchement particulier. Ce branchement consiste en une galerie visitable murée. Elle relie le réseau privé de collecte des eaux usées et pluviales à l’ouvrage public. Les effluents transitent alors dans la canalisation du branchement particulier.

Le Service de l’Assainissement est chargé de l’entretien des parties du branchement situées sous la voie publique. Cependant, lorsque le branchement est accessible à partir de l’immeuble, la surveillance relève de la responsabilité de la copropriété. Dans le cas de branchements fermés à l’égout et accessibles uniquement depuis l’immeuble riverain, le propriétaire ou son mandataire est tenu de surveiller l’état de l’ouvrage.

Ainsi, lors d’une visite annuelle, il signalera sans délais au service de l’assainissement toute anomalie constatée. Sa responsabilité pourrait être engagée en cas de non-respect de cette obligation de visite. En revanche, seul ce Service peut procéder aux réparations nécessaires. À cet effet, les agents du service d’assainissement doivent pouvoir accéder à la partie du branchement incorporé au réseau public. L’accès doit être maintenu libre en permanence.

Les immeubles peuvent subir des inondations en sous-sol par remontée du plan d’eau de l’égout public

Les immeubles peuvent subir des inondations en sous-sol par remontée du plan d’eau de l’égout public. Ce dernier sera saturé par la crue si le réseau de canalisations est défaillant. Le risque est augmenté en période de pluie ou d’orange, mais également si l’immeuble se trouve situé dans une zone basse de Paris.

Les travaux sur réseau peuvent avoir pour conséquence une déviation des eaux vers d’autres ouvrages. Ces derniers se retrouvent alors en situation de surcharge. Au cas où une obstruction se produirait, il est nécessaire que le débouchage des conduites soit effectué depuis le domaine privé et non à partir de l’égout.

Pour éviter cette situation, il est important que les propriétaires d’immeubles vérifient régulièrement le bon fonctionnement de leur branchement particulier. De même, ils doivent prendre toutes les précautions nécessaires pour minimiser le risque d’inondation en cas de crue. Cela comprend notamment l’installation d’un dispositif anti-remontée à l’intérieur du bâtiment et l’utilisation de matériaux résistants à l’eau pour les sols et murs soumis à la menace d’inondation.

Quelles sont les instructions du règlement d’assainissement de Paris ?

Le Règlement d’Assainissement de Paris approuvé par le Conseil de Paris le 25 mai 1998 impose des obligations réglementaires aux propriétaires et occupants d’immeubles situés sur le territoire de la ville. Ces obligations sont conformes à l’ensemble des règlementations en vigueur. Notamment au Code de la Santé Publique et au Règlement Sanitaire Départemental modifié.

En effet, ce règlement définit les droits et obligations des usagers parisiens en matière de raccordement à l’égout et de rejet de leurs eaux usées ou pluviales. Il est important que chaque immeuble soit protégé avec efficacité contre les risques d’inondation. Le risque d’inondation concerne tout Paris. Toutefois, certaines zones sont plus exposées à cette menace et nécessitent une surveillance plus fréquente.

En cas de fortes précipitations, les hauteurs d’eau dans l’égout peuvent atteindre le niveau de la voie publique. Par conséquent, il est essentiel que l’usager étudie cette hypothèse afin que le réseau intérieur soit protégé contre tout reflux de l’égout public. Pour ce faire, les canalisations intérieures et leurs joints doivent être capables de résister à la pression correspondant au niveau fixé. De plus, tout appareil d’évacuation se trouvant à un niveau inférieur à la chaussée devra être équipé d’un dispositif anti-refoulement.

Tout rejet d’eaux usées non domestiques requiert une autorisation spécifique. Celle-ci détermine alors la qualité des eaux et nécessite l’installation de systèmes de prétraitement (bac à graisse, débourbeur…). Ces derniers doivent être maintenus en bon état opérationnel en permanence.

Comment prévenir le risque d’inondation ?

L’État met en place des mesures de surveillance, de prévision et de transmission d’informations concernant les crues des cours d’eau. Elles font l’objet d’une procédure de vigilance spécifique.

Presque chaque année, les voies sur berges sont fermées pour quelques jours, voire pour plusieurs semaines, parce que la Seine déborde de son lit. Grâce notamment aux aménagements réalisés en amont (barrages réservoirs) et aux rehaussements des chaussées dans Paris, des crues qui autrefois inondaient les berges et les rues avoisinantes sont aujourd’hui maîtrisées et ont disparu.

Toutefois, si les mêmes conditions climatiques qu’en 1910 devaient se reproduire, il serait impossible d’y remédier avec des mesures techniques. Il est donc important de comprendre le risque encouru, de s’informer et d’adopter les bonnes pratiques.

Une surveillance renforcée par les services de prévision des crues

Ainsi, la Seine est surveillée par le Service de Prévision des Crues (SPC) du bassin hydrographique Seine moyenne (SMYL). Les bulletins de vigilance produits par le SPC SMYL sont accessibles au grand public sur le site : www.vigicrues.gouv.fr

Notons que depuis la mise en place obligatoire en 2006 de l’Information Acquéreur Locataire (IAL), les propriétaires et locataires sont informés de l’exposition aux risques de leur logement par leur contrat de location ou leur acte de vente.

Par ailleurs, vous pouvez consulter les cartes réglementaires du Plan de Prévention contre le Risque d’inondation (PPRI). Vous pouvez aussi consulter le guide d’évaluation de la vulnérabilité des bâtiments ou le guide « le bâtiment face à l’inondation » du Centre européen de Prévention des Risques d’Inondation (CEPRI).

Installer un dispositif de protection aux sorties d’évacuation d’eaux usées

L’installation d’un dispositif de protection aux sorties d’évacuation des eaux usées est une méthode efficace pour bloquer les voies de pénétration. En particulier lorsque le réseau d’assainissement est saturé par la crue.

Ce dispositif est constitué de vannes à clapet qui peuvent être fermées manuellement ou automatiquement. Cela permet de réduire la quantité d’eau usée circulant à travers le réseau, et donc de protéger les bâtiments contre les inondations.

De plus, cette mise en place permet également une meilleure gestion des eaux usées. Les vannes peuvent être utilisées pour garantir que seules les eaux propres sont évacuées vers le réseau public. Il est important que ce dispositif soit installé par un professionnel qualifié afin d’assurer son bon fonctionnement et sa durabilité. Par la suite, une surveillance régulière du bon état du système est nécessaire pour qu’il puisse remplir sa mission correctement et offrir une protection adéquate contre les inondations.

Que faire avant et après la crue de la Seine ?

Avant la crue

  • Faire évaluer les conséquences d’une inondation de sous-sols, notamment en cas de présence de parkings, de stockages de matériels ou d’archives, d’activités commerciales ou d’installations sanitaires.
  • Faire établir par un professionnel un audit visant à évaluer les faiblesses du bâtiment lors d’une crue majeure. Envisager des actions pour le rendre le moine vulnérable possible.
  • Faire exécuter les travaux préconisés par une entreprise spécialisée.
  • Veiller à ce que tous travaux de raccordement ou de plomberie sur les parties communes soient exécutés par un professionnel.
  • Veiller à ce que toute installation de prétraitement et dispositif anti-refoulement soient entretenus par un professionnel (clapets anti-retour, fosses et pompes de relevage, débourbeurs, bacs à graisse). Un contrat de maintenance est recommandé.
  • Avertir rapidement le service local d’assainissement de toute anomalie constatée dans le branchement particulier (joint défaillant, flaque d’eau, …) dans sa partie publique.
  • Vérifier les contrats d’assurance. Conserver des copies des papiers personnels, des factures, des contrats d’assurance dans un lieu sûr et hors d’eau. Il est même conseillé d’avoir des photos de ses meubles et des objets précieux. Vous pouvez aussi établir une liste de contacts utiles, préparer un pack d’urgence, etc.
  • Se renseigner sur les démarches d’indemnisation. Les autorités publiques doivent déclarer l’état de catastrophe naturelle pour que les personnes concernées obtiennent une indemnisation. La déclaration doit être envoyée à l’assurance dans un délai de 10 jours suivant la publication de l’arrêté officiel.

Après la décrue

  • Réaliser un état des lieux de votre logement afin de recenser les dégradations. Prendre des photos et faire des marques pour repérer la hauteur d’eau dans votre logement.
  • Contacter votre assureur pour qu’un expert soit mandaté.
  • Ne pas fumer ou allumer de flamme pour éviter tout risque d’explosion. Faites appel à des professionnels pour rebrancher les installations électriques.
  • Enfin, ne pas boire l’eau du robinet sana autorisation préalables des autorités.
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Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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