Les Français baissent la garde face aux risques climatiques, mais montent au créneau sur les prix de l’assurance habitation. C’est le paradoxe révélé par le baromètre 2025 de L’olivier Assurance. En effet, seuls 59% des sondés se disent inquiets pour leur logement en cas de catastrophe naturelle — un recul de 5 points depuis 2022. En revanche, 8 Français sur 10 redoutent une hausse de leur prime d’assurance habitation. Ce décalage révèle une tendance préoccupante : à force de privilégier les enjeux financiers immédiats, de plus en plus de ménages renoncent à s’assurer. Résultat, la part des non-assurés grimpe de 6 à 8%. Pourquoi cette méfiance envers l’assurance alors que les catastrophes se multiplient ?
Sommaire :
- Une inquiétude climatique en recul malgré la multiplication des risques
- L’émergence d’une nouvelle préoccupation : le coût de l’assurance habitation climatique
- Évolution des craintes : vers des préoccupations structurelles
- Méconnaissance persistante et déficit de transparence
- Solidarité climatique : un concept encore fragile
- FAQ – Assurance habitation face aux risques climatiques
Une inquiétude climatique en recul malgré la multiplication des risques
Face au climat, les Français affichent un curieux paradoxe. D’après le baromètre 2025 de L’olivier Assurance (réalisé en mars auprès de 1 001 adultes), seuls 59% se disent inquiets pour leur logement face aux catastrophes climatiques, soit 5 points de moins qu’en 2022. Pourtant, 8 sur 10 redoutent une hausse des tarifs d’assurance habitation. Résultat : la part des non-assurés grimpe de 6% à 8%, signe d’une inquiétude financière qui prend le pas sur la protection du patrimoine.
Des chiffres qui interrogent sur l’évolution des perceptions
Le recul de 5 points de l’inquiétude climatique entre 2022 et 2025 interroge la perception collective des risques. En effet, cette baisse ne reflète en rien une amélioration de la situation — bien au contraire. Elle survient alors même que les catastrophes naturelles recensées par les assureurs sont en hausse. Ce décalage s’explique sans doute par une forme d’accoutumance aux événements extrêmes, ou par un recentrage des préoccupations sur les coûts de l’assurance plutôt que sur la protection du bien immobilier.
Ce fossé entre la réalité scientifique et la perception publique rappelle, plus que jamais, l’urgence de mieux communiquer sur les enjeux liés à l’assurance habitation climatique et à la gestion des risques environnementaux.
La stabilité paradoxale des sinistres déclarés
Paradoxalement, la part de Français déclarant avoir subi un sinistre climatique reste stable. Elle est autour de 9% sur cinq ans, selon l’étude YouGov. Or, Cce chiffre contraste avec le discours dominant sur la hausse des risques, largement relayé par les médias et les assureurs. Il suggère que la peur de l’assurance climatique repose davantage sur une perception généralisée que sur une expérience directe.
Mais, cette apparente stabilité cache d’importantes disparités régionales et une vulnérabilité croissante de certains territoires. Face à ces réalités contrastées, l’assurance habitation climatique doit évoluer pour mieux répondre aux enjeux locaux et à l’urgence de l’adaptation.
L’émergence d’une nouvelle préoccupation : le coût de l’assurance habitation climatique
La véritable révolution réside dans l’émergence d’une nouvelle inquiétude majeure. Les Français redoutent désormais davantage l’augmentation des cotisations que les dégâts eux-mêmes. Cette inversion des priorités transforme fondamentalement leur rapport à l’assurance habitation climatique et modifie les stratégies de gestion des risques domestiques.
Une crainte financière généralisée touchant tous les profils
Ainsi, 80% des Français s’inquiètent d’une possible hausse des prix d’assurance. Dans l’esprit des assurés, l’assurance habitation climatique devient d’abord une question de coût, avant d’être un levier de protection. En outre, cette préoccupation dépasse les clivages sociaux ou géographiques, touchant aussi bien propriétaires que locataires. Elle révèle une prise de conscience collective : le changement climatique pèse désormais concrètement sur le budget des ménages et la valeur du patrimoine immobilier.
Les conséquences concrètes du désengagement assurantiel
La pression financière se traduit déjà par des effets tangibles sur le marché de l’assurance habitation. En trois ans, la part des non-assurés est passée de 6% à 8%. Plus inquiétant encore : seuls 8% d’entre eux déclarent envisager de souscrire une assurance, contre 15% en 2022 — une chute de 7 points.
Cette tendance alimente une spirale dangereuse pour la résilience du secteur. Moins d’assurés, c’est une mutualisation des risques affaiblie, et donc un risque d’augmentation des primes pour ceux qui restent. Ce phénomène d’anti-sélection menace directement l’équilibre économique et la viabilité à long terme de l’assurance habitation climatique.
Évolution des craintes : vers des préoccupations structurelles
L’analyse des sinistres les plus redoutés montre une nette évolution dans la perception des risques climatiques. Les Français affinent leur vision, devenant plus précis et plus techniques face aux menaces pesant sur leur logement.
Le déclin relatif de la peur des incendies
En 2025, la peur des incendies recule nettement. Alors qu’ils inquiétaient 56% des Français en 2022, leur caractère anxiogène s’atténue. En cause : l’absence d’épisodes marquants depuis les mégafeux de 2022, qui avaient fortement frappé les esprits. Cette évolution des perceptions oblige l’assurance habitation climatique à s’ajuster, sans pour autant négliger un risque qui reste bien réel.
La montée des préoccupations structurelles invisibles
En 2025, les problèmes d’étanchéité restent en tête des préoccupations : 62 % des répondants les jugent prioritaires, devant les fissures murales (58 %) et la déstabilisation des sols (56 %). Cette hiérarchie stable reflète une prise de conscience grandissante des dommages invisibles, mais coûteux liés au changement climatique. Contrairement aux sinistres soudains, ces dégradations progressives appellent une réponse spécifique de la part des assureurs.
Méconnaissance persistante et déficit de transparence
Malgré l’importance grandissante de l’assurance habitation climatique, les garanties restent mal connues. Ce manque d’information empêche les assurés d’évaluer correctement leurs besoins et freine les souscriptions éclairées. Un cercle vicieux de sous-assurance s’installe, accentuant la vulnérabilité face aux risques climatiques.
Un flou préoccupant sur les garanties climatiques
13% des Français ignorent encore totalement les risques couverts par leur assurance habitation — un chiffre stable depuis 2022. Certains sinistres restent particulièrement flous : seuls 42 % pensent être couverts en cas de problème d’étanchéité, 68 % pour les inondations, et 77 % pour les incendies. Trop souvent, les assurés découvrent les exclusions ou conditions spécifiques… une fois le sinistre survenu.
L’urgence de la pédagogie assurantielle
La transparence des contrats d’assurance habitation devient une priorité pour le secteur. Les assureurs doivent clarifier leurs garanties et simplifier leurs offres, notamment face aux nouveaux risques climatiques. À la clé : plus de confiance, et une souscription facilitée de protections réellement adaptées.
Cet effort de pédagogie doit porter sur plusieurs points clés :
- la différence entre garanties de base et optionnelles,
- les seuils de déclenchement des garanties « catastrophe naturelle »,
- et les modalités d’indemnisation.
Solidarité climatique : un concept encore fragile
La mutualisation des risques climatiques peine à mobiliser l’adhésion. Seuls 36 % des Français se disent prêts à payer un supplément pour un système solidaire d’assurance habitation. Ce chiffre met en lumière la faible appétence pour les mécanismes de solidarité, pourtant indispensables pour affronter collectivement les effets du changement climatique.
Résistance à l’effort collectif dans un contexte économique tendu
Cette réticence soulève plusieurs enjeux clés pour l’avenir de l’assurance habitation. En premier lieu, la priorité donnée aux contraintes budgétaires individuelles, dans un contexte d’inflation. S’y ajoute un manque de clarté sur le fonctionnement des mécanismes de solidarité existants, comme le régime des catastrophes naturelles. Enfin, l’absence de pédagogie sur les bénéfices collectifs de la mutualisation freine l’adhésion.
Le scepticisme repose aussi sur l’idée que l’effort solidaire profiterait surtout aux zones les plus exposées. Or, le système actuel repose déjà sur une solidarité nationale, avec un prélèvement de 12% sur les primes d’assurance. Une réalité encore trop méconnue, qui freine l’acceptation de nouvelles mesures.
Vers une assurance habitation climatique solidaire et équitable
Instaurer une véritable solidarité climatique passe par un effort inédit de communication et de transparence. Les assureurs doivent expliquer les bénéfices concrets de la mutualisation et garantir une utilisation équitable des contributions supplémentaires. Cela suppose aussi de développer des mécanismes incitatifs en faveur de la prévention des risques.
Au-delà de l’enjeu financier, c’est une culture du risque partagé qu’il faut bâtir. Pour rester soutenable face à l’intensification des aléas climatiques, l’assurance habitation française doit évoluer vers davantage de solidarité.
Source : Baromètre climat & assurance 2025, L’olivier Assurance, réalisé par l’institut YouGov en mars 2025 auprès de 1 001 personnes représentatives de la population française adulte. Comparaison avec une enquête identique menée en septembre 2022.
FAQ – Assurance habitation face aux risques climatiques
Pourquoi les Français s’inquiètent-ils moins des risques climatiques ?
Le baromètre 2025 révèle que seuls 59% des Français s’inquiètent pour leur habitation face aux catastrophes climatiques, soit 5 points de moins qu’en 2022. Cette baisse s’explique par un déplacement des préoccupations vers les coûts d’assurance habitation climatique plutôt que vers les risques eux-mêmes, et par une possible accoutumance aux phénomènes climatiques extrêmes.
Quels sont les principaux risques redoutés par les propriétaires ?
Les problèmes d’étanchéité (toitures, vitrages, infiltrations) arrivent en tête avec 62% des préoccupations, suivis par les fissures des murs (58%) et la déstabilisation des sols (56%). Les incendies, très craints en 2022 (56%), perdent de leur importance en l’absence d’épisodes récents marquants.
Combien de Français ne sont pas assurés contre les risques climatiques ?
La part des non-assurés a progressé de 6% à 8% entre 2022 et 2025. Plus inquiétant, seuls 8% des personnes non assurées envisagent de souscrire une assurance habitation climatique, contre 15% en 2022, révélant un désengagement croissant.
Les Français accepteraient-ils de payer plus pour la solidarité climatique ?
Seulement 36% des Français se disent favorables à un supplément sur leur contrat pour participer à la mutualisation des risques climatiques. Cette réticence s’explique par les préoccupations financières (80% craignent la hausse des prix) et le manque de transparence sur les mécanismes solidaires existants.
Quel est le niveau de connaissance des garanties climatiques ?
13% des Français ignorent totalement les risques couverts par leur assurance habitation. La méconnaissance est particulièrement forte pour les sinistres d’étanchéité (42% de couverture déclarée), les inondations (68%) et même les incendies (77%), soulignant un déficit de lisibilité des contrats d’assurance habitation climatique.