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Rénovation des ascenseurs : un impératif pour une France accessible et durable

Rénovation des ascenseurs : un impératif pour une France accessible et durable

La France fait face à un défi de taille : la nécessaire rénovation de son parc vieillissant d’ascenseurs. Avec 40% des appareils âgés de plus de 25 ans, dont 25% de plus de 40 ans, ce sont des pans entiers de nos villes qui risquent de devenir inaccessibles. La rénovation des ascenseurs apparaît aujourd’hui comme un pilier essentiel pour construire une société inclusive. Ainsi, elle doit permettre à tous de se déplacer librement, quel que soit son âge ou sa condition physique. C’est aussi un levier indispensable de la transition écologique. Car, les ascenseurs rénovés consommant jusqu’à 70% d’énergie en moins. Face à l’urgence démographique et climatique, il est temps d’agir. La Fédération des Ascenseurs appelle à un vaste plan de rénovation des ascenseurs et formule des propositions concrètes aux pouvoirs publics et acteurs concernés.

Sommaire :

L’ascenseur, pilier de l’accessibilité universelle dans une société vieillissante

Dans une France qui comptera un tiers de seniors en 2030, la rénovation des ascenseurs est un enjeu crucial pour permettre le maintien à domicile et la mobilité des personnes âgées. Aujourd’hui, près de 50% des logements sociaux ne sont pas accessibles aux personnes en perte d’autonomie. Et, selon un rapport remis au gouvernement en 2021, 45% des plus de 80 ans vivent dans un HLM sans ascenseur. L’ascenseur est jugé essentiel par les Français pour accompagner les seniors (53%) ou les enfants en bas âge (41%), d’après un sondage Ifop pour la Fédération.

Pourtant, la France est sous-équipée avec seulement 9 ascenseurs pour 1000 habitants contre 17 en Italie ou 22 en Espagne. Un manque criant dans les immeubles, mais également dans de nombreux établissements recevant du public. Puisque 52% des Français pointent des carences dans les transports, 63% dans les écoles et universités, 65% dans les équipements sportifs.

Il est donc urgent d’intégrer la rénovation des ascenseurs aux grandes opérations de réhabilitation, en particulier dans les quartiers prioritaires. D’ailleurs, le rapport de la Fondation Jean Jaurès “Vieillir en logement social” insiste : “Compte tenu de l’ampleur de la transition démographique en cours, de nouvelles réhabilitations seront nécessaires à moyen terme pour rendre le bâti accessible.”

“La France est malheureusement sous-équipée, avec seulement 9 ascenseurs pour 1000 habitants contre 22 en Espagne. Résultat, de trop nombreux immeubles et établissements recevant du public restent inaccessibles. Il faut intégrer massivement la rénovation des ascenseurs aux opérations de réhabilitation, en priorité dans les quartiers populaires”, souligne Olivier Rouvière, président de la Fédération des Ascenseurs.

 

Rénovation des ascenseurs

Levons les freins au déploiement d’ascenseurs rénovés

Pour massifier la rénovation des ascenseurs, plusieurs freins doivent être levés. Au plan financier d’abord, en intégrant ces travaux aux aides existantes comme MaPrimeRénov’. Selon un sondage Ifop, 77% des Français souhaitent que les aides à la rénovation incluent les ascenseurs. En cela, la Fédération propose de répliquer les aides régionales comme celles d’Ile-de-France, en ciblant les ménages modestes.

Au plan juridique ensuite, en imposant un volet ascenseur dans les plans pluriannuels de travaux et diagnostics techniques. La Fédération demande aussi la création d’un registre national des ascenseurs pour mieux suivre les besoins.

En favorisant la construction en hauteur là où le foncier est rare, les ascenseurs contribuent aussi à limiter l’artificialisation des sols. Une contribution à l’objectif “Zéro Artificialisation Nette” que la Fédération propose de renforcer, en rendant obligatoire le R+4 partout où le PLU l’autorise.

“Nous proposons une MaPrimeRénov’ Ascenseur. Il faut aussi imposer un volet ascenseur dans tous les plans de travaux et diagnostics techniques, et créer un registre national pour tracer les besoins. Enfin, rehausser le seuil de construction à R+4 lorsque le PLU le permet”, détaille le président de la Fédération.

La rénovation des ascenseurs, un atout pour la transition écologique

Un ascenseur rénové peut réaliser jusqu’à 70% d’économies d’énergie grâce à des technologies de pointe. Les anciens appareils électriques équipés de treuils avec réducteur consomment entre 4000 et 4400 kWh par an. Lors d’une rénovation, le groupe de traction est remplacé par une solution sans réducteur (gearless), associée à une nouvelle armoire de commande et à un variateur de fréquence.

D’autres améliorations permettent aussi d’optimiser la performance énergétique :

  • Des moteurs plus performants
  • Des dispositifs de mise en veille
  • La réinjection de l’énergie produite dans le bâtiment

Ainsi, après rénovation, ces ascenseurs peuvent économiser jusqu’à 70% d’énergie par rapport à leur consommation initiale. Remplacer un moteur des années 1980 par un système de traction moderne sans réducteur permet des gains considérables, de 4000 kWh/an à seulement 1200. C’est pourquoi, la profession demande que les travaux de rénovation des ascenseurs soient pleinement éligibles à MaPrimeRénov’.

L’ascenseur au cœur de l’économie circulaire

Ecoconception, utilisation de matériaux recyclés, tendance du low-tech qui privilégie la frugalité… Les fabricants d’ascenseurs sont pleinement engagés dans une démarche d’économie circulaire et de réduction de l’empreinte carbone. D’autant que 2/3 de l’impact environnemental d’un ascenseur intervient lors de sa fabrication.

Notons que le réemploi et la gestion des pièces détachées sont des axes essentiels. En effet, l’ascenseur intègre de nombreux matériaux à forte valeur ajoutée comme les métaux. Une pratique vertueuse que les professionnels appellent à faciliter, en levant certains obstacles juridiques et assurantiels. Adhérents à des éco-organismes, ils travaillent aussi à optimiser la gestion de leurs déchets en lien avec les filières de recyclage.

Des métiers d’avenir au service d’une mobilité vertueuse

Pour accompagner la nécessaire rénovation du parc, la filière ascensoriste prévoit des besoins de recrutement importants, de l’ordre de 1000 à 1500 postes par an dans les années à venir. Technicien de maintenance, installateur, chef d’équipe… Des profils variés sont recherchés, avec un taux d’employabilité de 100% à la clé.

Pour faire face à ces enjeux, la Fédération travaille avec les régions pour renforcer encore l’attractivité des formations. Elle vise la multiplication des CFA, la valorisation des diplômes comme le BTS Ascensoriste ou encore le Certificat de spécialisation. Autant de leviers pour attirer les talents de demain vers ces métiers techniques porteurs de sens, conciliant enjeux technologiques et relations humaines.

La Fédération appelle aussi à reconnaître officiellement le métier d’ascensoriste comme une profession en tension, ouvrant droit à des facilités d’embauche pour les professionnels étrangers. Et, cela, en particulier en Ile-de-France, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes. Un vivier de main d’œuvre qualifiée indispensable pour répondre aux besoins.

“Nous voulons attirer les jeunes vers ces métiers techniques et relationnels porteurs de sens. Nous appelons aussi à reconnaître l’ascensoriste comme un métier en tension, pour faciliter les embauches, notamment en Ile-de-France, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes”, conclut Olivier Rouvière.

Face à l’urgence sociale et climatique, la rénovation des ascenseurs est une priorité nationale. Les professionnels du secteur sont mobilisés et force de propositions. Mais, ils ont besoin du soutien des pouvoirs publics, à travers des incitations financières et un cadre juridique adapté. C’est à ce prix que la France pourra se hisser au niveau des meilleurs standards européens, au service d’une ville plus accessible, plus inclusive et plus durable. L’ascenseur a toute sa place dans le bâtiment du 21ème siècle.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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