Le marché immobilier traverse une phase d’attente selon l’analyse des notaires publiée par Immonot. Malgré des taux d’intérêt stables et des prix globalement figés, les acquéreurs restent prudents. Les ventes ralentissent, les délais s’allongent et les stocks augmentent. Cette pause estivale, décrite par le professeur Bernard Thion, pourrait n’être qu’un simple report d’intentions avant un possible rebond à la rentrée. Entre prudence des vendeurs et contraintes des acheteurs, l’équilibre du marché immobilier est fragile, mais les fondamentaux demeurent solides.
Sommaire :
- Le marché immobilier en pause estivale
- Des prix stables, mais un optimisme en chute libre
- Les conseils des notaires : vendre avant d’acheter
- Des facteurs économiques à surveiller
- Vers un rebond à la rentrée ?
À retenir – Marché immobilier
- Les prix restent globalement stables, mais les prévisions de baisse augmentent.
- Les volumes de ventes reculent et les stocks de biens à vendre augmentent.
- 88% des notaires conseillent de vendre avant d’acheter un logement.
- Les taux d’intérêt sont stables depuis trois mois, favorisant le pouvoir d’achat.
- Une reprise du marché immobilier est attendue à la rentrée, sous conditions économiques favorables.
Le marché immobilier en pause estivale
Après un premier semestre 2025 marqué par une hausse modeste des prix (+1% pour les logements anciens, après -2,1% en 2024), le marché immobilier semble lever le pied. C’est ce que confirment les données du baromètre Immonot, basées sur une enquête nationale auprès de notaires. En effet, la stabilité des taux d’intérêt (OAT 10 ans à 3,20 %) et des prix n’a pas suffi à dynamiser les transactions.
En Seine-Maritime, un notaire résume la situation : « Volumes des ventes et prix en baisse, malgré la stabilité des taux d’intérêt, et délai de vente et stock de biens en hausse ». Pourtant, cette pause estivale n’est pas une surprise. Car en juillet 2024, le marché avait déjà connu un ralentissement similaire, avant de repartir à l’automne. La question reste de savoir si l’histoire va se répéter.
Des prix stables, mais un optimisme en chute libre
Les prévisions recueillies par Immonot dressent un constat clair. 54% des notaires estiment que les prix resteront stables dans les deux prochains mois, contre 46% qui prévoient une baisse. C’est une proportion qui a quasi doublée en deux mois (24% en mai 2025).
L’optimisme, lui, dégringole : seuls 3,1% des notaires se disent confiants contre 34,2% auparavant, tandis que les pessimistes bondissent à 43,8%. En cause : un déséquilibre croissant entre offre et demande.
Du côté des vendeurs, 55% déclarent ne pas être pressés et préfèrent attendre une meilleure opportunité. Alors que 15% cherchent à revendre rapidement après une mutation à titre gratuit. Enfin, 30% conditionnent un nouvel achat à la revente de leur résidence actuelle.
Chez les acheteurs, un tiers sont primo-accédants avec une contrainte de mensualité maximale, un autre tiers dépend de la revente préalable de leur bien.
Les conseils des notaires : vendre avant d’acheter
Dans ce contexte incertain, 88% des notaires interrogés recommandent de vendre avant d’acheter, afin d’éviter un blocage en cas de baisse de prix ou de délais rallongés. Cette stratégie est particulièrement valable pour le logement ancien, où la liquidité reste incertaine.
Toutefois, pour les terrains constructibles, les avis divergent. Ainsi, 45% conseillent la revente avant acquisition, 41% l’achat en premier, et 14% préconisent d’attendre. Ce flou s’explique par la préparation d’une loi sur la simplification du droit de l’urbanisme et du logement à l’Assemblée nationale, susceptible de stimuler la construction dans les prochaines années.
Des facteurs économiques à surveiller
Le marché immobilier évolue dans un environnement macroéconomique complexe. Les tensions commerciales internationales, notamment l’augmentation des droits de douane décidée par Donald Trump, et les politiques de rigueur budgétaire françaises (objectif de 40 milliards d’euros d’économies) risquent de peser sur l’activité et la confiance des ménages.
Pour autant, certains indicateurs sont encourageants : baisse des prix de l’énergie (-6,7 % sur un an), recul des coûts de communication (-12,1 %), inflation maîtrisée (hors transport et logement), et stabilité des taux d’intérêt depuis trois mois. Ces éléments peuvent soutenir le pouvoir d’achat immobilier si la tendance se confirme.
Vers un rebond à la rentrée ?
Historiquement, la rentrée de septembre marque un regain d’activité dans le marché immobilier, porté par les projets différés pendant l’été.
François-Xavier Duny, PDG du Groupe Notariat Services, observe : « Même si le marché marque une pause, les fondamentaux restent solides et l’attentisme pourrait annoncer une reprise dès la rentrée ».
Si les vendeurs ajustent leurs prix à la réalité du marché et que les acheteurs retrouvent confiance, un effet « coup d’accélérateur » pourrait se produire. Mais, cette reprise reste conditionnée à la stabilité des taux, au maintien de l’inflation sous contrôle, et à l’absence de chocs économiques majeurs.
