Depuis la crise du COVID, les impayés locatifs préoccupent de plus en plus les propriétaires bailleurs. Si l’étude d’Imodirect, spécialiste de la gestion locative en ligne, révèle une amélioration notable en Île-de-France et dans les grandes villes, elle met en lumière une situation bien plus préoccupante en province. Alors que l’inflation ralentit et que les marchés immobiliers s’adaptent, les loyers impayés continuent d’augmenter hors des grandes métropoles. Cette évolution soulève des interrogations : pourquoi observe-t-on une telle disparité ? Quels sont les risques pour les bailleurs et quelles stratégies peuvent être mises en place pour limiter ces difficultés ?
Sommaire :
- Un recul des impayés de loyers en Île-de-France et dans les grandes villes
- En province, une dégradation inquiétante des impayés locatifs
- La gestion locative professionnelle, une solution efficace ?
- Comment limiter les impayés locatifs en 2025 ?
Un recul des impayés de loyers en Île-de-France et dans les grandes villes
Une embellie fragile mais encourageante
Après plusieurs années marquées par une montée en flèche des impayés de loyers, notamment entre 2020 et 2021, la situation semble se stabiliser dans les grandes villes. En effet, à Paris et en Île-de-France, le taux d’impayés de plus d’un mois est passé de 3,58 % en janvier 2024 à 3,43 % en janvier 2025. De manière similaire, dans les dix plus grandes villes hors de la région parisienne, ce taux a reculé de 3,60 % à 3,49 % sur la même période.
Cette tendance se retrouve également dans les données sur les relances de paiement. Comme l’illustre le graphique ci-dessous, les relances à J+1, J+5, J+10, J+15, J+20 et J+30 ont connu un net ralentissement à Paris et en Île-de-France. Ce qui suggère une meilleure capacité des locataires à payer leurs loyers rapidement.
Les raisons de cette amélioration
Plusieurs facteurs expliquent cette légère amélioration. D’une part, la baisse de l’inflation en 2024 a permis un rééquilibrage entre le pouvoir d’achat des ménages et le coût des loyers. D’autre part, les critères de sélection des locataires se sont renforcés, limitant ainsi les risques d’impayés. De plus, la professionnalisation croissante de la gestion locative a permis d’anticiper et de gérer plus efficacement ces situations.
Cependant, cette embellie demeure fragile. En comparaison avec la période pré-COVID, les taux d’impayés restent encore bien supérieurs. Rappelons qu’en mars 2020, ce taux n’était que de 0,89 % en Île-de-France et de 0,92 % dans les grandes villes hors de cette région.
En province, une dégradation inquiétante des impayés locatifs
Des chiffres en forte hausse
Contrairement aux grandes métropoles, les villes moyennes et les zones rurales connaissent une détérioration marquée. Le taux d’impayés de loyers de plus d’un mois a franchi la barre des 4 % en 2025, contre 3,80 % en 2024 et seulement 1,25 % avant la crise sanitaire.
En effet, les courbes montrent une hausse des relances à J+5 et J+10 en province. Ce qui illustre une accumulation des retards de paiement. En 2020, seulement 6,12 % des locataires nécessitaient une relance à J+5. Ce chiffre atteint aujourd’hui près de 20 %, traduisant une aggravation des retards.
Pourquoi une telle disparité avec les grandes villes ?
L’augmentation des impayés de loyers en province s’explique par plusieurs phénomènes combinés. D’une part, le pouvoir d’achat y reste limité, notamment dans les zones où l’emploi est plus fragile. Malgré la baisse de l’inflation, les salaires n’ont pas suivi la hausse du coût de la vie. Ce qui accentue les difficultés des ménages à honorer leurs loyers.
D’autre part, le marché locatif y est plus tendu. Dans certaines villes, les logements abordables se font de plus en plus rares. Face à cette pénurie, les locataires n’ont souvent d’autre choix que de consacrer une part excessive de leurs revenus au paiement du loyer. Or, cette situation fragilise leur budget et augmente considérablement le risque d’impayés.
Enfin, les propriétaires particuliers, qui gèrent eux-mêmes leurs biens, sont souvent moins préparés à gérer ces situations, contrairement aux agences spécialisées.
« En province, la baisse de l’inflation n’a pas encore eu d’impact sur le volume des impayés, mais nous espérons observer, comme en Île-de-France et dans les grandes villes, une amélioration prochaine. » – Arnaud Hacquart, fondateur d’Imodirect.
La gestion locative professionnelle, une solution efficace ?
Des écarts significatifs entre autogestion et gestion professionnelle
Les chiffres fournis par Imodirect mettent en évidence un contraste frappant entre les logements en gestion professionnelle et ceux gérés en direct par les propriétaires.
On observe une tendance similaire pour les relances à J+5, où les logements en gestion professionnelle affichent des taux bien inférieurs.
Pourquoi les gestionnaires professionnels réduisent-ils les impayés ?
Cette différence s’explique par plusieurs facteurs. Une agence comme Imodirect applique des critères de sélection plus rigoureux, évitant ainsi les profils à risque. Elle assure également un suivi systématique des paiements, relançant dès le premier retard et prenant rapidement des mesures adaptées.
Comme le souligne Arnaud Hacquart, fondateur d’Imodirect : « Louer un bien ne s’improvise pas. Une mauvaise sélection des candidats peut avoir des conséquences financières désastreuses. »
Comment limiter les impayés locatifs en 2025 ?
Des précautions à prendre pour les bailleurs
Face à ces défis, les propriétaires doivent adopter des stratégies adaptées. Il est essentiel de sélectionner rigoureusement les locataires, en exigeant des revenus stables et en vérifiant les antécédents de paiement. Par ailleurs, la gestion locative professionnelle apparaît comme une solution efficace, avec des résultats démontrés en matière de réduction des impayés.
L’importance des assurances et des suivis réguliers
Souscrire une assurance loyers impayés peut aussi être une solution pertinente, surtout en province où les risques sont accrus. Enfin, il est crucial d’anticiper les difficultés en instaurant un dialogue avec les locataires dès les premiers retards afin d’éviter une aggravation de la situation.
Conclusion
L’étude d’Imodirect met en évidence un marché locatif à deux vitesses. D’un côté, les grandes villes enregistrent une légère amélioration, bien que fragile. Tandis que de l’autre, la province subit une aggravation préoccupante des impayés de loyers. Cette situation impose aux propriétaires d’être particulièrement vigilants et d’adopter des mesures préventives.
En cela, la gestion locative professionnelle se distingue comme une réponse efficace pour réduire ces risques, avec des taux d’impayés bien inférieurs à ceux observés en autogestion. L’année 2025 sera décisive pour observer si ces tendances se confirment ou si des ajustements seront nécessaires pour rééquilibrer le marché locatif.