L’analyse IFOP – leboncoin immo révèle une fracture nette. Certains départements comptent trois fois moins de logements bien notés (A à C) que les zones dynamiques. Ce DPE territorial met en lumière des écarts profonds entre les territoires. Et, pose la question de la justice climatique. Alors que le gouvernement prépare une réforme pour sortir 850 000 passoires énergétiques du statut critique, l’étude souligne que l’état du bâti, le dynamisme du marché et les prix influencent directement cette géographie énergétique. Des solutions émergent pour soutenir les zones les plus fragiles. Décryptage d’un enjeu clé pour l’équité et l’efficacité énergétique.
Sommaire :
- Quelles sont les fractures territoriales révélées par la géographie énergétique française ?
- Pourquoi les logements anciens pénalisent-ils le DPE territorial ?
- Comment le marché immobilier local détermine-t-il la performance énergétique ?
À retenir – DPE territorial et fractures énergétiques françaises
- Moins de 15% de logements bien notés dans la diagonale du vide contre plus de 50% dans le croissant fertile
- La réglementation thermique divise encore la France. Corrélation forte (+0,66) entre logements récents et performance énergétique
- Parc récent et télétravail post-Covid dopent les performances énergétiques
- Prix bas, revenus modestes et chauffage au fioul pénalisent les zones rurales
Quelles sont les fractures territoriales révélées par la géographie énergétique française ?
L’étude IFOP – leboncoin immo dresse une carte saisissante des inégalités énergétiques en France.
En effet, les données DPE territoriales mettent en lumière des écarts spectaculaires entre régions sur la performance énergétique des logements. Selon l’audit de Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’IFOP, dans la “diagonale du vide”, moins de 15% des logements obtiennent une étiquette A à C. Un signal d’alerte pour ces territoires où le parc immobilier reste énergétiquement fragile.
À l’opposé, le “croissant fertile” français — des départements méditerranéens au littoral aquitain — concentre plus de 50% de logements bien classés. Une dynamique qui confirme leur attractivité résidentielle et leur avance en matière de rénovation. Cette fracture énergétique territoriale dépasse le seul cadre immobilier. Elle interroge sur le déséquilibre du développement territorial et souligne l’urgence d’une politique d’aménagement plus équitable.

Le “croissant fertile” : une carte énergétique révélatrice
Le DPE trace les contours d’un “croissant fertile” énergétique, véritable zone privilégiée du territoire.
Cet espace s’étend du nord de la Bretagne à la frontière suisse, en passant par les littoraux atlantique et méditerranéen, la vallée du Rhône et la région toulousaine. Dans ces zones, plus de 40% des logements affichent une bonne performance énergétique, un chiffre qui frôle ou dépasse 50% selon les données leboncoin. Ce résultat s’explique par la présence importante de constructions postérieures à 1974, date des premières normes thermiques.
Comme le souligne Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’IFOP : “Ces zones concentrent une forte part de logements récents, attirent aussi bien des actifs en quête d’opportunités que des ménages recherchant une meilleure qualité de vie, un phénomène amplifié depuis la généralisation du télétravail.”
La diagonale du vide, défi du DPE territorial
À l’opposé du croissant fertile, la diagonale du vide incarne les difficultés énergétiques des zones rurales. Des Ardennes à la Lozère, ces départements accumulent les handicaps énergétiques, avec des taux alarmants de passoires thermiques. Ainsi, la Creuse, la Nièvre ou l’Orne affichent une forte proportion de logements classés F ou G. Ce qui témoigne d’une véritable précarité énergétique territoriale. En cause : un parc ancien, peu rénové, souvent construit avant 1974 et encore équipé de chauffage au fioul. Cette géographie du DPE territorial met en lumière l’urgence d’un accompagnement renforcé pour ces zones fragiles.
Comme le rappelle Aurélien Flament, directeur de leboncoin immo : “Il est essentiel d’éviter d’aggraver la crise du logement locatif dans certaines zones rurales ou peu dynamiques.”
Pourquoi les logements anciens pénalisent-ils le DPE territorial ?
1974 : l’année charnière du DPE français
La réglementation thermique de 1974 marque une véritable ligne de partage pour le diagnostic de performance énergétique (DPE) en France. Née après le premier choc pétrolier de 1973, la RT 1974 impose pour la première fois une isolation thermique minimale et la régulation du chauffage. Elle réduit ainsi la consommation énergétique des bâtiments de 25% par rapport aux standards des années 1950. C’est pourquoi, les logements construits avant 1974 pèsent lourdement sur le DPE des régions concernées. L’étude révèle une corrélation forte (+0,66) entre la part des logements récents et la performance énergétique territoriale.
Bien que d’autres normes aient suivi — RT 1982, RT 1988, RT 2000 —, 1974 reste la date charnière qui structure encore aujourd’hui la géographie contrastée du DPE en France.
Impact démographique sur le DPE
Le dynamisme démographique impacte directement le DPE régional. Les zones attractives ont massivement construit depuis les années 1970, améliorant ainsi leur performance énergétique moyenne.
Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Bordeaux ou Nantes concentrent actifs et retraités, stimulant la construction neuve, qui représente localement plus de 60% du parc résidentiel. Depuis la crise sanitaire, le télétravail amplifie ce mouvement, avec des gains de population supplémentaires dans ces territoires. Ces constructions récentes, conformes aux réglementations thermiques successives, dopent naturellement le DPE des zones dynamiques. À l’inverse, les territoires en déclin démographique restent pénalisés par un parc ancien peu renouvelé. Faute de demande de logements neufs, leur DPE reste bas, creusant encore les écarts énergétiques régionaux.
Comment le marché immobilier local détermine-t-il la performance énergétique ?
Le marché immobilier local influence directement le DPE territorial des départements.
Dans les zones dynamiques — Île-de-France, littoraux atlantiques et méditerranéens, vallées de la Garonne et du Rhône — la demande soutenue pousse les propriétaires à rénover leurs biens pour mieux les valoriser. Cette course à la performance énergétique améliore mécaniquement le DPE territorial.
À l’inverse, les marchés atones freinent la rénovation. Dans les territoires peu dynamiques, notamment la diagonale du vide, l’absence de perspectives de valorisation ou de revente décourage les investissements en rénovation énergétique. Résultat : un DPE dégradé, reflet d’un marché sans véritable moteur.
L’étude IFOP met en évidence ce lien en analysant le ratio d’annonces leboncoin rapporté au parc total de logements. Une démonstration chiffrée du rôle clé du dynamisme immobilier sur la qualité énergétique territoriale.
Prix immobiliers et DPE territorial : un cercle vertueux ou vicieux
La carte des prix de l’immobilier reflète fidèlement celle du DPE territorial. Dans les zones chères, la performance énergétique suit, formant un cercle vertueux. Île-de-France, littoraux atlantiques et méditerranéens, vallées du Rhône et de la Garonne… Partout, les prix au m² élevés coïncident avec un DPE performant. Cette corrélation s’explique par une demande forte qui rend rentable l’investissement énergétique.
À l’inverse, la diagonale du vide cumule prix bas et DPE médiocre, alimentant un cercle vicieux de précarité énergétique. Revenus modestes, parc ancien chauffé au fioul, coût élevé des rénovations : autant de freins durables à l’amélioration du DPE territorial. Dans ces territoires, l’absence de perspectives de valorisation dissuade l’investissement locatif, freinant toute dynamique de rénovation énergétique. Une situation qui creuse encore les inégalités territoriales en matière de performance énergétique.