L’Observatoire de la prévention de la dégradation des immeubles d’habitation à Paris vient de communiquer les résultats pour 2016 qui font ressortir 309 immeubles anciens fragiles. Ce sont pour l’essentiel des immeubles en copropriété, localisés dans les arrondissements du Nord-Est parisien.
À la suite de l’achèvement du plan de résorption de l’habitat indigne (2002-2010), la démarche de prévention commencée dès 2008 se poursuit. Son but est de prévenir la dégradation des immeubles anciens à Paris et d’éviter à de nouveaux immeubles de tomber dans la spirale de l’insalubrité. Comme les années précédentes, une analyse statistique a été réalisée visant à passer au crible les points de fragilité des immeubles parisiens, au travers d’indicateurs qui conduisent à définir une liste d’immeubles à surveiller. En 2016, un nouvel indicateur a été collecté, celui des interventions des sapeurs-pompiers de Paris sur des bâtiments. Il en ressort une notation à l’immeuble qui exprime une présomption de risque de dégradation.
309 immeubles à surveiller en 2016
En 2016 ces travaux font ressortir 309 immeubles anciens du parc privé qui présentent un risque de dégradation de leur bâti (344 en 2015). Ce sont pour l’essentiel des immeubles en copropriété, localisés dans les arrondissements du Nord-Est parisien (10e, 11e, 18e, 19e, 20e arrondissements). Les immeubles repérés comptent en moyenne 37 logements. Les grands immeubles sont peu présents, moins d’un immeuble sur 5 compte 50 logements ou plus, soit 52 immeubles.
Il s’agit majoritairement de copropriétés (78%). Parmi les 68 immeubles à surveiller en mono-propriété, environ la moitié appartient à des particuliers et l’autre moitié à des personnes morales. Parmi les copropriétés repérées, 60 ont déjà fait l’objet du plan d’éradication de l’habitat indigne mis en œuvre par l’Etat et la ville de Paris sur plus de 1000 immeubles parisiens. Ce qui démontre que malgré la réalisation de travaux d’amélioration aidés, ces copropriétés restent fragiles.
Intervention des sapeurs-pompiers sur des bâtiments
Au cours de l’année 2015, il y a eu 5382 interventions des sapeurs-pompiers sur des immeubles d’habitat privé dans tout Paris. Les principaux motifs sont : les feux (40%), odeur suspecte (16%), les fuites de gaz, d’eau ou de fluides (33%), les périls avec éboulement, effondrement ou matériaux menaçant de chuter (8%) et enfin les pannes d’ascenseur impliquant une personne (4%).
Pour autant, l’appel des pompiers est plutôt un signe de détresse de la part des occupants et n’a pas toujours un impact sur l’état du bâti. Les interventions des pompiers constituent un indicateur intégré à la démarche de prévention lorsqu’un immeuble a fait l’objet de 2 interventions dans la même année. Au final, parmi les 309 immeubles, 16 sont concernés par ce nouveau critère.
Comparaison des résultats entre 2015 et 2016
Entre 2015 et 2016, la liste des immeubles identifiés comme à surveiller s’est renouvelé de moitié : 51% des immeubles identifiés en 2016 ne figuraient pas sur la liste de 2015. Depuis 2008, le taux de renouvellement entre deux années de la liste des immeubles à surveiller en raison de leur risque de dégradation de leur bâti oscille entre 45% et 58%.
Les suites opérationnelles réalisées
En juillet 2015, 344 ont été signalés au service technique de l’habitat (STH). Sur les 140 nouveaux immeubles détectés, 127 ont fait l’objet d’une expertise complète comprenant les actions suivantes :
Un questionnaire envoyé aux syndics
En amont des visites réalisées par le STH dans chaque immeuble, chaque syndic ou propriétaire d’immeuble a reçu un questionnaire. L’objectif est d’informer les syndics et les propriétaires que leur immeuble fait l’objet d’un suivi. Il s’agit également de préparer la visite terrain en récupérant toutes les données utiles pour accéder aux différents bâtiments de l’immeuble et de connaître les éventuelles difficultés techniques, financières et juridiques auxquelles est confronté l’immeuble. Le questionnaire a eu un taux de réponse de 61%, il a permis de remonter des difficultés liées à la gestion de l’immeuble concernant la nécessité de travaux lourds, d’impayés de charges significatifs sachant que 26% des répondants cumulaient ces deux difficultés.
Une expertise technique
Un ingénieur et un inspecteur d’insalubrité du STH effecuent une expertise technique de l’immeuble et établissent un rapport. Au vu de l’ensemble des éléments recueillis, le STH décide d’une stratégie pour chaque immeuble. Ces actions liées à l’observatoire viennent s’ajouter au traitement quotidien des 5000 signalements faits par les Parisiens sur leurs immeubles en 2015. Au final, 29% des immeubles étaient ou sont passés dans un dispositif opérationnel récent.
Le repérage des copropriétés fragiles de l’ANAH
En complément de la démarche sur le parc privé potentiellement indigne, l’ANAH propose depuis 2013 un outil national de repérage des copropriétés fragiles avec comme objectif d’encourager la mise en œuvre d’actions préventives. Le résultat permet de classer les copropriétés en 4 classes selon leur degré de fragilité et peut être cartographié à la section cadastrale pour faire apparaître les secteurs qui cumulent le plus grand nombre de copropriétés fragiles. La carte sui superpose les résultats des deux démarches montre une bonne coïncidence entre la localisation des immeubles à surveiller en 2016 et des sections cadastrales qui regroupent le plus grand nombre de copropriétés qualifiées de « fragiles » par l’ANAH.