Le marché du crédit immobilier amorce un tournant en mars 2025. Après une période de hausse des taux en 2023 qui avait fortement freiné l’accès au crédit, la tendance commence à s’inverser. La Banque centrale européenne (BCE), confrontée à une inflation désormais maîtrisée, poursuit l’assouplissement de sa politique monétaire en abaissant de nouveau ses taux directeurs. Parallèlement, les banques adaptent leurs conditions de prêt face à une demande qui repart à la hausse. Toutefois, l’environnement économique reste incertain, avec une remontée des taux d’emprunt d’État et une vigilance maintenue sur les critères d’octroi des crédits. Faut-il s’attendre à une véritable relance du marché en 2025 ?
Sommaire :
- Un marché du crédit immobilier en mutation : vers la fin du blocage ?
- L’impact de la baisse des taux de la BCE : un effet encore limité ?
- Vers une relance du crédit immobilier en 2025 ?
- Les perspectives pour les emprunteurs : une opportunité à saisir ?
Un marché du crédit immobilier en mutation : vers la fin du blocage ?
Depuis fin 2023, les taux d’intérêt des crédits immobiliers amorcent une baisse progressive après avoir atteint des niveaux historiques. En décembre 2023, ils avaient franchi la barre des 4 %. Un seuil qui avait fortement limité l’accès au crédit pour de nombreux ménages. Toutefois, en mars 2025, la tendance s’inverse. Puisque l’on observe des taux moyens désormais autour de 3 % sur 20 ans et une prévision de 2,70 % d’ici fin 2025 selon les estimations de CAFPI.
« Après un creux entre décembre 2023 et mars 2024 avec seulement 7 à 7,5 milliards d’euros de crédits émis chaque mois, le seuil des 10 milliards mensuels a été dépassé depuis octobre 2024 », analyse Caroline Arnould, Directrice générale de CAFPI.
L’évolution des taux a un impact direct sur le pouvoir d’achat immobilier des ménages. En 2023, le coût du crédit immobilier avait réduit la capacité d’emprunt, entraînant une baisse des transactions. Aujourd’hui, la donne change. Une baisse d’un point de pourcentage sur un crédit de 250 000 € peut générer jusqu’à 20 000 € d’économie sur le coût total du prêt.
Cette amélioration s’accompagne d’un regain de confiance chez les acheteurs. Selon un sondage interne de CAFPI, 94 % des accédants estiment que la baisse des taux constitue un levier essentiel pour concrétiser leur projet immobilier.
L’impact de la baisse des taux de la BCE : un effet encore limité ?
Le 6 mars 2025, la BCE a annoncé une nouvelle baisse de ses taux directeurs de 0,25 %. Ce qui marque ainsi la cinquième diminution consécutive. Cette politique vise à soutenir la croissance économique dans un contexte de faible inflation (+0,8 % sur un an en février 2025).
« La poursuite de l’assouplissement de la politique monétaire européenne devrait permettre aux taux de crédit immobilier de poursuivre leur baisse avec une perspective d’atteindre une moyenne de 2,70 % d’ici la fin de l’année », explique Caroline Arnould.
Toutefois, cette baisse des taux directeurs ne se répercute pas immédiatement sur les taux bancaires. En parallèle, les taux d’emprunt d’État, notamment l’OAT 10 ans français, ont fortement augmenté ces dernières semaines. Puisqu’ils sont passés de 3,15 % le 4 mars à 3,57 % le 6 mars. Cette remontée pourrait alors freiner la baisse des taux bancaires.
« La récente remontée des taux d’emprunt d’État, si elle est durable, pourrait à nouveau inciter certaines banques à augmenter leurs taux comme certaines l’avaient fait fin janvier », prévient Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.
Vers une relance du crédit immobilier en 2025 ?
Les premiers mois de 2025 confirment une dynamique plus favorable aux emprunteurs. Les volumes de prêts accordés repartent à la hausse. Ainsi, après avoir atteint un point bas début 2024, les montants de crédits octroyés ont progressé, dépassant 11,6 milliards d’euros en décembre 2024.
Par ailleurs, la baisse des prix immobiliers offre de nouvelles opportunités aux acheteurs. En 2023, une acquisition représentait 5 années de revenus, alors qu’en 2025, ce chiffre est tombé à 4 années, facilitant l’accès à la propriété.
Les perspectives pour les emprunteurs : une opportunité à saisir ?
Les emprunteurs disposent actuellement de conditions plus favorables, mais l’accès au crédit immobilier reste un défi. En effet, 55 % des candidats au crédit jugent encore les critères d’octroi trop stricts. Et, cela, malgré un assouplissement observé ces derniers mois.
« 57 % des emprunteurs CAFPI des trois dernières années envisagent de renégocier leur prêt pour réduire leurs mensualités ou la durée de remboursement », indique Caroline Arnould.
Conclusion
Le marché du crédit immobilier en mars 2025 affiche des signes encourageants. La baisse des taux, soutenue par la politique de la BCE, améliore la capacité d’emprunt des ménages et relance la demande. Toutefois, la remontée des taux d’emprunt d’État et la vigilance des banques sur les dossiers pourraient limiter l’impact de cette embellie. L’année 2025 s’annonce donc comme une période charnière, où les opportunités d’achat pourraient se multiplier, à condition que les emprunteurs remplissent les critères d’octroi toujours exigeants.
