La facture électronique s’impose comme le nouveau défi stratégique de l’immobilier. Selon Thibault Tiberghien, Directeur de marché tertiaire chez Orisha Real Estate, cette réforme réglementaire représente un enjeu “au moins aussi stratégique que le DPE”. Dès septembre 2026, toutes les entreprises devront recevoir des factures électroniques, avant d’être contraintes de les émettre en 2027. Cette transformation touche particulièrement l’immobilier, secteur générant un volume considérable de documents : honoraires, charges, quittances, travaux. Pourtant, cette contrainte légale cache une véritable opportunité d’optimisation. Comment les professionnels peuvent-ils transformer cette obligation en levier de performance ? Quels sont les enjeux techniques et économiques ? Cette analyse révèle pourquoi la facture électronique mérite une mobilisation immédiate des acteurs du secteur.
Sommaire :
- Un cadre réglementaire qui bouleverse la facture électronique
- Pourquoi le secteur immobilier est-il particulièrement exposé à cette réforme ?
- Les opportunités économiques de la facture électronique
- Les enjeux spécifiques du tertiaire avec la facture électronique
- Comment se préparer à la facture électronique ?
- Une révolution numérique qui dépasse la simple conformité
- FAQ – Facture électronique
Un cadre réglementaire qui bouleverse la facture électronique
La loi de finances 2024 fixe un calendrier précis pour la généralisation de la facture électronique. Elle s’inscrit ainsi dans la stratégie européenne de modernisation des échanges B2B.
Concrètement, à partir du 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être en mesure de recevoir des factures électroniques. Dans le même temps, les grandes entreprises et les ETI auront également l’obligation d’émettre leurs factures dans ce format. Puis, un an plus tard, en septembre 2027, cette obligation s’étendra progressivement aux PME et aux TPE.
Cette réforme s’appuie sur l’ordonnance n° 2021-1190 du 15 septembre 2021 et le décret n° 2022-1478 du 24 novembre 2022. Des textes qui définissent précisément les modalités techniques de cette facture. Selon le ministère de l’Économie, cette mesure vise à réduire la fraude à la TVA, estimée à 12,4 milliards d’euros en 2019.
Des échéances contraignantes pour tous les acteurs
Cette réforme de la facture impose une mobilisation immédiate des directions comptables, informatiques et opérationnelles. Selon une étude de la Direction générale des Finances publiques (DGFiP), 2,8 millions d’entreprises françaises sont concernées par cette obligation.
Les sanctions en cas de non-respect peuvent atteindre 15 euros par facture non conforme, avec un plafond de 15 000 euros par année civile. Pour un gestionnaire immobilier émettant 10 000 factures annuellement, le risque financier devient substantiel.
Pourquoi le secteur immobilier est-il particulièrement exposé à cette réforme ?
Le secteur immobilier génère un volume élevé et constant de factures. Une étude de la FNAIM révèle qu’un gestionnaire moyen traite entre 5 000 et 15 000 factures par an. Honoraires de gestion, appels de charges, quittancements, travaux, prestations externalisées, loyers, etc. La facture électronique concerne tous ces échanges financiers.
Thibault Tiberghien, Directeur de marché tertiaire chez Orisha Real Estate souligne que “le secteur immobilier, par la nature même de ses activités, est confronté à un volume élevé et constant de factures”. Cette spécificité rend la transition vers la facture électronique particulièrement sensible.
Une chaîne de facturation complexe à transformer
Cette réforme implique de revoir l’ensemble de la chaîne, depuis la production jusqu’à la conservation des factures. En effet, la facture électronique impose le respect de formats normés, tels que le XML ou le PDF/A-3. Ainsi que le recours à des plateformes certifiées par l’administration fiscale.
Par ailleurs, les formats acceptés incluent la norme européenne EN 16931 et le standard français Factur-X. Ces spécifications techniques, définies par l’AFNOR (Association française de normalisation), visent à garantir l’interopérabilité entre les systèmes. De plus, elle assure une transmission fluide et sécurisée des factures.
Les opportunités économiques de la facture électronique
Au-delà de l’obligation légale, la facture électronique offre des avantages opérationnels considérables. Une étude de PwC démontre que la dématérialisation complète réduit les délais de traitement de 70% et diminue les erreurs de saisie de 80%.
Selon l’AIFE (Association pour l’informatique financière et fiduciaire), une facture papier coûte 9,50 € en moyenne, contre 3,50 € pour une facture électronique. Cette différence de 6 euros par facture représente une économie potentielle de 63%.
Concrètement, pour un gestionnaire immobilier traitant environ 10 000 factures par an, le passage à la facture électronique permet de réaliser une économie de 60 000 euros par an. À plus grande échelle, ces gains se révèlent considérables. Et, à l’échelle du secteur, ils atteignent plusieurs centaines de millions d’euros.
Les enjeux spécifiques du tertiaire avec la facture électronique
Pour les gestionnaires de patrimoine tertiaire, cette facture ouvre la voie à une traçabilité renforcée. Cette évolution répond aux exigences croissantes de transparence des investisseurs institutionnels et des fonds d’investissement.
Dans un environnement marqué par des cycles longs et des engagements financiers importants, la facture électronique devient un levier de confiance. Un système fluide, sécurisé et conforme aux normes européennes rassure l’ensemble des acteurs. En parallèle, la réglementation ESG (Environnement, Social, Gouvernance) accentue cette exigence de transparence. Les critères de reporting financier intègrent désormais la qualité et la traçabilité des processus de facturation électronique.
Comment se préparer à la facture électronique ?
La préparation à la facture électronique nécessite plusieurs étapes essentielles.
Selon Thibault Tiberghien, “le choix d’un partenaire technologique certifié, l’intégration aux outils métiers, la formation des équipes et la cartographie des flux figurent parmi les premières étapes essentielles”.
Les plateformes certifiées incluent Chorus Pro (secteur public), mais aussi des solutions privées comme Docapost, Generix ou Ediware. Le choix dépend du volume de factures et des spécificités métier. L’objectif consiste à assurer une transition sans rupture d’activité.
La facture électronique s’inscrit alors dans une démarche plus large de digitalisation. Ainsi, elle prépare le secteur aux futurs enjeux technologiques : intelligence artificielle, blockchain, IoT (Internet des objets).
Une révolution numérique qui dépasse la simple conformité
La facture électronique ne se résume pas à une obligation légale. C’est une étape clé dans la digitalisation des pratiques immobilières. Dans un secteur encore alourdi par la complexité administrative, elle offre une vraie opportunité : simplifier, sécuriser et moderniser les échanges.
Mais, cette transformation ne va pas sans défis. Elle suppose de former les équipes et d’adapter les compétences. La maîtrise des outils numériques devient incontournable. Dès aujourd’hui, anticiper cette évolution, c’est prendre une longueur d’avance. Les professionnels qui s’y préparent dès maintenant gagneront en efficacité et en compétitivité. La facture électronique devient ainsi bien plus qu’un outil. C’est un véritable levier de différenciation et un signal fort de modernité pour les clients.
FAQ – Facture électronique
Quand la facture électronique devient-elle obligatoire dans l’immobilier ?
Dès le 1er septembre 2026, toutes les entreprises immobilières devront recevoir des factures électroniques. Les grandes entreprises et ETI devront également les émettre. En septembre 2027, cette obligation s’étendra aux PME et TPE du secteur.
Quels sont les coûts réels de la transition vers la facture électronique ?
Selon l’AIFE, une facture électronique coûte 3,50 € contre 9,50 € pour une facture papier. Pour un gestionnaire traitant 10 000 factures annuellement, l’économie atteint 60 000 euros par an, soit 63% de réduction des coûts.
Quelles sanctions risquent les professionnels non conformes ?
Les sanctions peuvent atteindre 15 euros par facture non conforme, avec un plafond de 15 000 euros par année civile. Pour un gestionnaire émettant de nombreuses factures, le risque financier devient significatif.
Comment choisir la bonne plateforme de facture électronique ?
Le choix dépend du volume de factures et des spécificités métier. Les options incluent Chorus Pro pour le secteur public, et des solutions privées comme Docapost, Generix ou Ediware. L’intégration aux outils métiers existants reste primordiale.
Pourquoi la facture électronique est-elle particulièrement importante en immobilier tertiaire ?
Elle apporte une traçabilité renforcée et une transparence accrue vis-à-vis des propriétaires institutionnels et locataires. Dans un environnement aux engagements financiers élevés, elle devient un gage de confiance pour toutes les parties prenantes.