Face à la crise persistante du logement et de la construction neuve, les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme. C’est ce que révèle le baromètre MOV[E] 2024, dévoilé lors des 6èmes Assises Nationales du Logement et de la Ville. En effet, plus d’un professionnel sur deux se montre pessimiste quant aux perspectives des mois à venir. Parmi leurs principales préoccupations figurent l’évolution de l’investissement locatif, la simplification des normes et l’accession à la propriété. Pour faire face à cette situation d’urgence, ils attendent de l’État une mobilisation forte. Notamment via une pause et une simplification des normes, des aides à l’accession et un renforcement des dispositifs de soutien à la construction neuve.
Sommaire :
- Une profession inquiète lors des Assises Nationales du Logement
- Une profession engagée, mais en attente de soutien
- Le prix, facteur clé pour les ménages
Une profession inquiète lors des Assises Nationales du Logement
Les 6èmes Assises Nationales du Logement et de la Ville sont un rendez-vous annuel majeur pour l’ensemble de la filière du logement et de l’immobilier. Cette année, cet évènement a été marqué par la présentation du baromètre MOV[E] 2024. En effet, c’est une enquête exclusive qui a été réalisée en avril-mai 2024 par Batiactu Groupe auprès de 172 professionnels (promoteurs, constructeurs, bailleurs sociaux et privés, aménageurs). Elle révèle les préoccupations et les attentes des acteurs du secteur face à la crise persistante du logement et de la construction neuve.
Les sujets les plus préoccupants pour les professionnels de l’immobilier en 2024
Parmi les sujets les plus préoccupants :
- 75% des sondés citent l’évolution de l’investissement locatif privé,
- 73% la simplification des normes,
- 72% l’évolution de l’accession à la propriété, en particulier pour les primo-accédants.
Les professionnels se montrent également pessimistes quant à l’évolution des ventes dans le logement neuf (69%). À cet égard, la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) fait état d’une baisse de 21,5% des ventes au 1er trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023. Quant aux permis de construire, ils sont aussi une source d’inquiétude pour 63% des sondés, en écho aux chiffres du ministère de la Transition écologique. Puisque l’on observe une chute de 28,6% des autorisations de construire sur un an à fin février 2024.
Par ailleurs, ils sont partagés sur la massification de la rénovation énergétique des logements. En effet, 38% sont inquiets, 32% neutres et 30% confiants. Et, cela, malgré les objectifs ambitieux fixés par la loi Climat et Résilience qui vise à rénover l’ensemble du parc immobilier au niveau BBC (Bâtiment Basse Consommation) d’ici à 2050.
Le défi économique et social au cœur des priorités
Face à ces multiples défis, 39% des professionnels estiment que le défi économique et social doit être traité en priorité. En effet, il vise à proposer un logement abordable pour tous et à renforcer la mixité sociale, Enfin, le défi environnemental, avec un impact réduit et durable du logement, arrive en deuxième position (30%).
Une profession engagée, mais en attente de soutien
Malgré ce contexte difficile, les professionnels présents aux Assises Nationales du Logement ont souligné leur engagement sur plusieurs sujets clés. 78% estiment que l’évolution est positive en matière d’innovation. Comme en témoignent les nombreux projets de :
- construction hors-site,
- développement du BIM (Building Information Modeling),
- ou encore de l’utilisation de matériaux biosourcés.
De même, 70% des professionnels jugent positive l’évolution de la transition environnementale. Cette tendance se confirme notamment à travers les opérations exemplaires présentées lors du concours “Bâtiments Efficaces”. Un événement organisé conjointement par l’ADEME et le Plan Bâtiment Durable.
Cependant, ils attendent un soutien fort de la part de l’État. Lors des Assises Nationales du Logement, trois mesures prioritaires ont été identifiées :
- une simplification des normes et une pause normative (58%),
- des aides à l’accession à la propriété (54%),
- et un renforcement des dispositifs de soutien à la construction neuve (49%).
Les relations avec les collectivités locales sont également un point d’attention soulevé lors des Assises Nationales du Logement. 48% des professionnels jugent ces relations plus difficiles qu’avant, tant avec les services instructeurs qu’avec les élus. La loi 3DS (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Simplification), promulguée en février 2022, avait pourtant pour objectif de clarifier les compétences des collectivités en matière de logement et d’urbanisme.
Le prix, facteur clé pour les ménages
Au-delà des attentes exprimées lors des Assises Nationales du Logement, le baromètre MOV[E] 2024 révèle que le prix reste le facteur numéro un pour les ménages (72%). Surtout, dans un contexte de forte inflation et de resserrement des conditions d’octroi des crédits immobiliers.
Viennent ensuite la qualité d’usage (34%), avec des critères tels que la superficie minimale des pièces ou la double orientation, et le cadre de vie (32%). Ce qui inclut la proximité des transports, commerces, écoles et bureaux.
Sur le marché du neuf, le foncier (26%) et les taux d’intérêt (17%) sont identifiés comme les principaux facteurs d’évolution des prix, devant les normes (16%).
Les Assises Nationales du Logement ont ainsi souligné l’urgence d’agir pour répondre aux attentes des ménages. Ainsi, il est important de relancer durablement le secteur, en mobilisant l’ensemble des parties prenantes : État, collectivités, professionnels et associations. Un défi majeur pour les années à venir ! Il conditionnera la capacité de notre pays à garantir un logement abordable et de qualité pour tous.