Le gouvernement a officialisé le 9 juillet 2025 une modification majeure du coefficient d’énergie primaire, qui passera de 2,3 à 1,9 pour l’électricité dès janvier 2026. Cette décision, annoncée par Matignon promet de faire sortir près de 850 000 logements du statut de “passoire énergétique”. Mais, cette mesure soulève aussi des interrogations cruciales. Comment cette réforme DPE 2026 va-t-elle réellement impacter les propriétaires ? Les logements mal isolés resteront-ils énergivores malgré une meilleure étiquette énergétique ? Entre opportunité de relance du marché immobilier et risque de masquer les vrais problèmes énergétiques, cette réforme divise les professionnels du secteur de la transition énergétique.
Sommaire :
- Pourquoi la réforme DPE 2026 était-elle nécessaire ?
- Quels logements bénéficieront de la réforme du DPE en 2026 ?
- Comment cette réforme impacte-t-elle le marché immobilier ?
- Quelles sont les critiques majeures de la réforme DPE 2026 ?
- Que recommandent les experts ?
- FAQ – réforme du DPE au 1er janvier 2026
À retenir – réforme du DPE en 2026
- 850 000 logements électriques sortiront automatiquement du statut de passoire énergétique
- Coefficient d’énergie primaire réduit de 2,3 à 1,9 pour l’électricité dès janvier 2026
- 55% des DPE conserveront exactement la même étiquette malgré la réforme
- Seuls les logements F en bénéficieront vraiment, 68% passeront en classe E
- Les logements G restent interdits à la location, aucun assouplissement prévu
- Obligations réglementaires maintenues : audit énergétique, PPT, DPE collectif
- 44% des radiateurs électriques ne sont pas à inertie et restent peu efficaces
- Consensus d’experts : poursuivre les rénovations malgré l’amélioration artificielle des étiquettes
Pourquoi la réforme DPE 2026 était-elle nécessaire ?
Le Premier ministre a annoncé le 9 juillet une évolution importante de laméthode de calcul du DPE qui sera effective le 1er janvier 2026. Cette évolution permettra de corriger une inégalité de traitement pénalisant les logements chauffés à l’électricité. Concrètement, le coefficient d’énergie primaire de l’électricité passera de 2,3 à 1,9. Tandis que celui du gaz naturel restera inchangé à 1.
Cette réforme du DPE applicable en 2026 corrige ainsi une anomalie réglementaire persistante. Selon Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement et président d’Équilibre des Énergies, “cette réforme met fin à une absurdité réglementaire qui pénalisait arbitrairement les logements alimentés par une électricité décarbonée”. En effet, le coefficient actuel de 2,3 ne reflétait pas la réalité du mix énergétique français, où l’électricité reste décarbonée à près de 90%.
Cette réforme du DPE s’inscrit dans une logique de transition énergétique nationale. Brice Lalonde souligne que “la transition énergétique et la souveraineté industrielle passent par l’électrification“, accompagnées de “justice sociale pour les ménages”.
Quels logements bénéficieront de la réforme du DPE en 2026 ?
850 000 logements concernés, mais des gains limités
La réforme DPE 2026 touchera principalement les logements électriques parmi les 5,8 millions de passoires énergétiques actuellement recensées. Selon les données de l’ADEME établies entre juin 2021 et octobre 2024, 55% des diagnostics de performance énergétique conserveront exactement leur étiquette actuelle. Autre enseignement : seuls 16% des logements verront leur statut de passoire énergétique évoluer. Cela concerne uniquement des logements classés F, dont 68 % passeront en classe E.
Une amélioration inégale selon les classes énergétiques
Les données Hello Watt précisent que pour les logements actuellement en classe G, 40% remonteront en F, mais resteront techniquement des passoires énergétiques. Tandis que 60% demeureront en G. Ainsi, les propriétaires de biens G, soumis à l’interdiction de location depuis le 1er janvier 2025, ne bénéficieront d’aucun assouplissement réglementaire avec cette réforme DPE 2026. En revanche, les propriétaires de biens F, menacés d’interdiction en 2028, devraient voir leur situation s’améliorer.
Comment cette réforme DPE 2026 impacte-t-elle le marché immobilier ?
Un effet psychologique dangereux pour les copropriétés
Eric Houdet de Homapi, société spécialisée dans la transition énergétique des copropriétés, met en garde contre “l’effet anesthésiant” de cette réforme du DPE 2026. Il alerte : “Pour les copropriétaires, cette annonce pourrait ressembler à une bonne nouvelle. Plus besoin de travaux, notre étiquette remonte toute seule ! Faux espoir.” Cette illusion risque de retarder les véritables rénovations énergétiques indispensables.
Des obligations réglementaires inchangées
Malgré cette réforme, toutes les obligations demeurent : audit énergétique, plan pluriannuel de travaux (PPT), DPE collectif, interdiction de louer certaines classes énergétiques. Or, les échéances réglementaires ne sont pas reportées. De même, les prix de l’énergie ne seront pas réformés à la baisse. Ce qui maintiendra une pression économique sur les occupants.
Quelles sont les critiques majeures de la réforme DPE 2026 ?
L’association Coénove, qui rassemble les acteurs majeurs de l’efficacité énergétique, dénonce vivement cette réforme du DPE 2026. Jean-Charles Colas-Roy, président de Coénove, qualifie cette décision de “tripatouillage politique d’un outil scientifique”. La Cour des comptes, dans son rapport de juin 2025, rappelle que “l’existence d’un coefficient de conversion en énergie primaire plus défavorable pour l’électricité est le reflet de principes thermodynamiques” incontournables.
Coénove alerte sur l’impact social : “Alors que la précarité énergétique touche des millions de Français, le Gouvernement choisit de modifier un indicateur pour faire sortir artificiellement des logements de la catégorie des passoires, sans aucun gain réel pour les occupants.” Ainsi, cette approche risque de “dissimuler la précarité énergétique sans action réelle” et de “décourager les rénovations” nécessaires.
Par ailleurs, l’association met en garde contre une “surélectrification néfaste” qui pourrait accentuer les risques de défaillances lors des pointes électriques hivernales. En effet, cette électrification massive fragiliserait la sécurité d’approvisionnement du pays, particulièrement lors des pics de consommation.
Que recommandent les experts ?
L’urgence de poursuivre les rénovations techniques
“Une meilleure note n’efface pas la réalité des problématiques d’isolation thermique du logement et les surconsommations des anciens radiateurs type grille-pain”, explique Pierre-François Morin, Directeur de la rénovation énergétique d’Hello Watt.
Les données Hello Watt de juillet 2025 révèlent que 44% des radiateurs électriques ne sont pas à inertie, donc nettement moins efficaces énergétiquement. De plus, 50% des convecteurs “grille-pain” ont été installés avant 2014, contre 2020 pour les radiateurs à inertie.
Anticiper plutôt que subir les échéances
Pour Eric Houdet, “les vrais gagnants ne sont pas ceux qui attendent”. La réforme du DPE doit être perçue comme une opportunité d’accélérer les travaux de rénovation avec une vision plus juste, plutôt que comme une excuse pour reporter les investissements nécessaires. Il rappelle que “ceux qui anticipent reprennent le pouvoir” face aux défis énergétiques.
Des solutions concrètes pour les utilisateurs
Hello Watt propose des alternatives pratiques à cette réforme théorique. Leur application mobile, adoptée par plus d’un million d’utilisateurs, permet de connecter les compteurs Linky ou Gazpar pour un suivi détaillé de la consommation énergétique réelle. Les utilisateurs assidus enregistrent en moyenne une baisse de 15% de leur consommation grâce à ce suivi, selon l’étude Hello Watt 2022-2023 basée sur les données Linky et Gazpar.
FAQ – réforme du DPE au 1er janvier 2026
Quand entre en vigueur la réforme DPE 2026 ?
La réforme du coefficient d’énergie primaire entrera en vigueur le 1er janvier 2026. Le coefficient de conversion de l’électricité passera de 2,3 à 1,9, tandis que celui du gaz naturel restera inchangé à 1. Une consultation publique est prévue avant la publication de l’arrêté définitif en septembre 2025.
Mon logement classé F va-t-il automatiquement devenir E ?
Pas nécessairement. Selon Hello Watt, seuls 68% des logements actuellement classés F passeront en classe E grâce à la réforme du DPE. Cette amélioration ne concerne que les logements chauffés à l’électricité et dépend de leurs autres caractéristiques énergétiques.
Les logements G bénéficient-ils de cette réforme ?
Très peu. Pour les logements actuellement classés G, 60% resteront en G et 40% passeront en F – mais demeureront donc des passoires énergétiques. L’interdiction de location pour les logements G, effective depuis janvier 2025, ne sera pas levée par cette réforme.
Dois-je encore faire des travaux si mon DPE s’améliore automatiquement ?
Absolument. L’amélioration de l’étiquette énergétique ne change pas la réalité physique du logement. Les obligations réglementaires restent : audit énergétique, plan pluriannuel de travaux, DPE collectif. De plus, un logement mal isolé avec de vieux radiateurs “grille-pain” restera énergivore et inconfortable malgré une meilleure note.
Cette réforme DPE 2026 va-t-elle faire baisser ma facture d’énergie ?
Non, la réforme ne modifie que le mode de calcul théorique, pas la consommation réelle. Seuls de véritables travaux de rénovation (isolation, remplacement des équipements) peuvent réduire la facture. Hello Watt indique qu’un simple suivi de consommation énergétique permet déjà 15% d’économies, et remplacer une chaudière par une pompe à chaleur peut diviser la facture par deux.