Aller au contenu

Energie

Pourquoi les impayés de factures d’énergie explosent-ils en 2024 ?

Pourquoi les impayés de factures d’énergie explosent-ils en 2024 ?

La précarité énergétique s’aggrave en France. Le médiateur national de l’énergie révèle une hausse alarmante des impayés de factures d’énergie pour la quatrième année consécutive. En 2024, plus de 1,2 million d’interventions ont été menées à la demande des fournisseurs, entre limitations de puissance et coupures d’électricité ou de gaz. Alors que la trêve hivernale s’achève, cette flambée traduit une situation financière de plus en plus critique pour de nombreux foyers. Cet article explore les causes profondes de cette crise, les chiffres-clés et les solutions envisagées pour limiter les conséquences sociales de cette spirale inquiétante.

Sommaire :

Hausse record des interventions pour impayés de factures d’énergie

Une quatrième année consécutive de hausse

L’année 2024 marque un tournant inquiétant pour la précarité énergétique en France. Le médiateur national de l’énergie alerte sur une nouvelle hausse de 24 % des interventions pour impayés de factures d’énergie. Soit 1 246 166 interventions sur l’ensemble du territoire. Ces chiffres confirment une dynamique négative depuis 2021, où les conséquences de l’inflation énergétique, de la crise économique post-COVID et des tensions géopolitiques (notamment la guerre en Ukraine) continuent de se faire sentir.

Entre 2023 et 2024 :

  • Coupures d’électricité : +14 % (203 767 en 2024 contre 179 185 en 2023)
  • Coupures de gaz : +20 % (105 176 en 2024 contre 87 870 en 2023)
  • Limitations de puissance (électricité) : +25 % (937 223 en 2024 contre 736 296 en 2023)

Hausse record des interventions pour impayés de factures d’énergie

Une explosion des limitations de puissance

Cette mesure technique permet de réduire la puissance disponible dans un logement à 1 kVA, limitant l’usage des appareils électriques. Près de 75 % des interventions en 2024 sont des limitations de puissance. Bien que moins brutales qu’une coupure totale, elles entraînent une grande précarité dans les foyers concernés.

« Une réduction de puissance est vécue comme une véritable contrainte. Elle empêche l’usage du chauffage, du chauffe-eau ou même de l’électroménager de base », précise Olivier Challan Belval.

Un indicateur fort de la précarité énergétique en France

Une population sous tension

Le baromètre Énergie-Info 2024 du médiateur national de l’énergie montre une forte inquiétude :

  • 85 % des foyers se disent préoccupés par leur facture.
  • 75 % restreignent volontairement leur consommation de chauffage.
  • 30 % souffrent du froid chez eux.

Ces chiffres traduisent une perte de confort, mais surtout une vulnérabilité croissante. La précarité énergétique, définie par l’INSEE comme la situation d’un ménage qui consacre plus de 10 % de ses revenus à l’énergie ou souffre du froid, concerne aujourd’hui environ 12 millions de personnes en France.

Une dégradation rapide des situations financières

Les causes de cette explosion des impayés de factures d’énergie sont multiples :

  • Hausse des tarifs réglementés de l’électricité (+9,8 % en février 2024 selon la CRE)
  • Fin progressive du bouclier tarifaire instauré en 2021
  • Recul du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires

« La hausse du prix de l’énergie, combinée à la fin du bouclier tarifaire, fragilise des ménages déjà proches du seuil de précarité », souligne Olivier Challan Belval.

Les logements mal isolés, un facteur aggravant

Les passoires thermiques : une réalité massive

En France, 5,8 millions de logements sont classés F ou G, selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE). Ces logements, souvent occupés par les ménages modestes, présentent :

  • Une consommation annuelle supérieure à 450 kWh/m²
  • Une perte thermique importante par les toitures, murs et fenêtres
  • Des systèmes de chauffage obsolètes et énergivores

Dans ces conditions, même une consommation modérée entraîne des factures élevées, souvent impossibles à honorer.

Une spirale d’endettement énergétique

Un logement mal isolé = une consommation excessive = une facture plus lourde = un risque accru d’impayé. Cette spirale de précarité énergétique est renforcée par le fait que ces logements se trouvent majoritairement dans le parc locatif privé, où les occupants n’ont pas la main sur les travaux.

« Il faut briser cette chaîne d’injustice énergétique. Vivre dans une passoire thermique, c’est être condamné à payer plus pour se chauffer moins », insiste le médiateur.

Des réponses encore insuffisantes face à une crise durable

Un chèque énergie à renforcer et automatiser

Le chèque énergie, principal outil de soutien financier, concerne environ 5,6 millions de foyers. Son montant moyen est de 150 € par an, ce qui reste insuffisant au regard de la hausse des prix. De plus, depuis 2024, son attribution n’est plus complètement automatisée, ce qui a exclu certains bénéficiaires potentiels.

Le médiateur plaide pour :

  • Un retour à l’automatisation complète
  • Une revalorisation du montant
  • Une extension aux foyers modestes non éligibles actuellement

Rénovation thermique : un levier structurel

Les aides publiques comme MaPrimeRénov’, le prêt avance rénovation ou les programmes territoriaux doivent être amplifiés. La France s’est fixé pour objectif la rénovation de 500 000 logements par an — un rythme encore trop lent selon les associations environnementales.

Garantir un accès minimum à l’électricité

Enfin, le médiateur propose de garantir un socle minimal d’électricité toute l’année, même en cas d’impayés. Une mesure qui s’inspire de ce qui existe en Belgique ou en Allemagne.

« L’électricité est un produit de première nécessité. Il est temps d’instaurer une garantie d’accès minimal, comme cela existe pour l’eau. »

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire