Un récent sondage exclusif intitulé “Copro, mon amour” réalisé par l’Institut IPSOS pour l’UNIS et PLURIENCE dévoile des résultats surprenants sur la perception des syndics de copropriété en France. Présenté le 10 avril 2025 lors d’un colloque célébrant les 60 ans de la loi relative à la copropriété, cette étude bouscule les idées reçues. Contrairement aux croyances populaires, le montant des honoraires du syndic de copropriété est souvent surestimé et la satisfaction globale des résidents est meilleure que prévue. Cependant, des défis persistent dans la relation entre copropriétaires et syndics, notamment en matière de communication et de compréhension des rôles respectifs. À ces enjeux, le secteur tente d’apporter des réponses concrètes et structurées.
Sommaire :
- Quelle est la perception du syndic de copropriété en France ?
- Les copropriétaires sont-ils satisfaits de leur syndic de copropriété ? Qu’attendent-ils vraiment ?
- Quels usages des outils numériques pour simplifier la gestion d’une copropriété ?
- Quelles actions en faveur de la transition écologique ?
- Vers une modernisation du métier de syndic de copropriété ?
Quelle est la perception du syndic de copropriété en France ?
Une connaissance inégale des rôles et missions
Le sondage IPSOS révèle une réalité contrastée concernant la compréhension du rôle du syndic de copropriété par les Français. Selon les données recueillies auprès de 1100 personnes âgées de 25 à 80 ans liées à une copropriété, 86% des interrogés affirment avoir une idée du rôle d’un syndic de copropriété. Parmi eux, 52% déclarent voir clairement quelles sont leurs missions et attributions, tandis que 34% n’en ont qu’une vague idée. En revanche, 14% des répondants reconnaissent ne pas avoir une idée claire du rôle d’un syndic de copropriété.
Cette méconnaissance est encore plus marquée concernant le Conseil Syndical, avec seulement 74% des personnes interrogées qui affirment en comprendre le rôle. Parmi ces derniers, 39% voient bien quelles sont leurs missions, contre 34% qui n’en ont qu’une vague idée et 26% qui avouent ne pas connaître leur fonction.
Les résultats bousculent les idées reçues. Ils mettent en évidence un décalage marqué entre les représentations courantes et la réalité du terrain.
« Le syndic est défaillant » ? Pas nécessairement : c’est souvent notre compréhension de son rôle qui est approximative. « Je n’aime pas ma copropriété » ? En réalité, c’est surtout que je la connais mal.
Honoraires de syndic : 40% des copropriétaires les ignorent
Un point particulièrement intéressant du sondage concerne la perception des honoraires versés au syndic de copropriété. Contrairement à l’idée répandue que “le syndic est cher”, le sondage démontre que de nombreux copropriétaires surestiment le montant réel des honoraires. Parmi les propriétaires dont le logement principal est en copropriété, 40% ne connaissent pas le montant mensuel correspondant aux honoraires du syndic pour leur logement. Seuls 35% affirment connaître précisément ce montant, et 25% approximativement.
La moyenne des honoraires mensuels déclarés s’élève à 141€, avec des variations importantes :
Ces chiffres suggèrent un manque de transparence ou de communication claire sur la structure des charges de copropriété.
« Le syndic est cher ? Non, le montant des honoraires du syndic est largement surestimé ». Cette perception erronée constitue l’un des principaux obstacles à une relation sereine entre copropriétaires et syndics.
Les copropriétaires sont-ils satisfaits de leur syndic de copropriété ? Qu’attendent-ils vraiment ?
Un niveau de satisfaction globalement positif
Concernant la satisfaction relative à la gestion par le syndic de copropriété, les résultats sont plutôt encourageants. Au total, 62% des résidents se déclarent satisfaits de la gestion de leur copropriété, dont 10% très satisfaits et 52% satisfaits. À l’opposé, 26% expriment leur insatisfaction, avec 18% d’insatisfaits et 8% de très insatisfaits. Il est intéressant de noter que 12% des répondants ne se prononcent pas.
Toutefois, en détaillant ces chiffres par statut d’occupation, on constate que les propriétaires sont légèrement plus satisfaits (66%) que les locataires (57%). Cette différence pourrait s’expliquer par l’implication directe des propriétaires dans les décisions de copropriété, notamment lors des assemblées générales.
Des attentes précises et différenciées
Les attentes prioritaires envers un syndic de copropriété varient selon le statut d’occupation du logement. Pour les propriétaires, les cinq priorités principales sont :
Pour les locataires, bien que la réactivité dans la gestion des urgences demeure la première attente (51%), les priorités suivantes diffèrent légèrement :
Ces différences reflètent les préoccupations spécifiques liées au statut d’occupation, les propriétaires étant davantage concernés par les aspects financiers et la valorisation de leur bien à long terme.
« Le couple Syndic/Conseil syndical ? Un binôme clé, soumis aux mêmes exigences de réactivité et d’information. »
Quels usages des outils numériques pour simplifier la gestion d’une copropriété ?
Une forte adhésion aux outils numériques
Le sondage met en lumière une tendance claire en faveur de la digitalisation de la gestion des copropriétés. En effet, une large majorité des résidents se montre favorable à l’utilisation d’outils numériques pour simplifier la gestion de leur copropriété. Plus précisément :
- 78% sont favorables au paiement en ligne (43% tout à fait favorables)
- 76% pour la gestion des incidents (33% tout à fait favorables)
- 76% pour les plateformes de communication (32% tout à fait favorables)
On observe également des écarts entre propriétaires et locataires. Puisque 52% des propriétaires sont très favorables au paiement en ligne, contre seulement 32% des locataires.
L’essor des assemblées générales virtuelles
Un autre aspect de cette révolution numérique concerne la tenue des assemblées générales. 52% des copropriétaires se déclarent favorables à la tenue de l’assemblée générale en visioconférence. Selon 76% des répondants, ce format permet une participation plus importante. Cependant, 75% estiment aussi que cela limite les débats. Ce qui peut être perçu comme un avantage ou un inconvénient selon les situations.
Plus de la moitié des sondés (56%) considèrent que les AG virtuelles permettent une meilleure légitimité des décisions. En revanche, certaines réserves existent : 39% pensent que ce format dégrade la relation entre copropriétaires, et 33% estiment qu’il nuit à la relation avec le syndic de copropriété.
Quelles actions en faveur de la transition écologique ?
Une prise de conscience insuffisante
L’un des constats les plus frappants du sondage concerne le retard dans la mise en œuvre de la transition écologique au sein des copropriétés. 38% des résidents n’identifient aucune action mise en place au cours des deux dernières années par leur copropriété. À l’opposé, seuls 7% identifient plusieurs actions dans ce domaine.
Ce pourcentage varie légèrement selon l’implication dans la vie de la copropriété :
Olivier SAFAR, Président de l’Unis IDF & Grand Paris, met l’accent sur cette problématique : « Un tiers des syndics du pays se situent en IDF, un tissu immobilier spécifique par sa densité et son ampleur. Les syndics de la région se doivent d’être exemplaires et en pointe des changements qui bousculent les habitudes. »
Un potentiel d’amélioration considérable
Face aux enjeux actuels liés au changement climatique et à la transition énergétique, le syndic de copropriété apparaît comme un acteur clé pour initier et coordonner des actions concrètes. Les mesures mentionnées dans le sondage (isolation thermique, individualisation des consommations énergétiques, tri sélectif, panneaux solaires, composteurs, géothermie) représentent autant de pistes d’amélioration pour les années à venir.
La faible proportion de copropriétés ayant mis en place ces actions révèle un important potentiel de développement dans ce domaine. Ce qui pourrait constituer un axe stratégique pour les syndics de copropriété soucieux de valoriser leur expertise et leur valeur ajoutée.
Vers une modernisation du métier de syndic de copropriété ?
Un métier d’avenir méconnu
Malgré son importance dans le paysage immobilier français, le métier de syndic de copropriété peine à susciter l’enthousiasme du grand public. Le sondage révèle que seulement 26% des personnes interrogées considèrent ce métier comme attractif ou d’avenir. Ce chiffre monte à 35% chez les copropriétaires, suggérant que la familiarité avec le rôle du syndic améliore sa perception.
Dans le détail, 5% des répondants trouvent ce métier tout à fait attractif, 21% plutôt attractif, et 23% sont ouverts à cette possibilité (“pourquoi pas”). À l’inverse, 32% ne le trouvent pas du tout attractif, et 19% ne se prononcent pas.
Etienne DEQUIREZ, Président de PLURIENCE, souligne à ce propos : « L’hyperspécialisation du métier de syndic, fort d’une nouvelle appétence des jeunes pour ce métier d’avenir, doit s’accompagner d’une nouvelle image. »
Les pistes d’action identifiées
Face à ces constats, plusieurs axes d’amélioration se dessinent pour l’avenir du métier de syndic de copropriété :
Clarifier les rôles pour restaurer la confiance. Il apparaît indispensable de mieux définir et faire connaître les missions respectives du syndic et du conseil syndical. Une clarification qui répond à un besoin croissant de proximité, d’écoute et de transparence exprimé par les copropriétaires.
Instaurer une pédagogie de la copropriété. La vie en copropriété reste complexe pour beaucoup de résidents. Il devient donc crucial de mettre en place une véritable pédagogie, accessible à tous, pour expliquer les droits, les devoirs, les règles de fonctionnement, mais aussi les leviers d’action à disposition des copropriétaires.
Réconcilier intérêt général et aspirations individuelles. Face à la faible participation aux assemblées générales, il est urgent de réintroduire un véritable sens de l’intérêt collectif. Cela passe par une valorisation de l’engagement citoyen à l’échelle de l’immeuble, tout en respectant les attentes spécifiques de chaque copropriétaire.
Professionnaliser le métier de syndic. Le syndic se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Il doit répondre aux exigences de gestion des copropriétaires tout en étant un relais des politiques publiques (transition énergétique, accessibilité, sécurité…). Une redéfinition de son statut et une montée en compétences sont nécessaires pour faire face à cette double responsabilité.
Repenser la communication. Enfin, l’amélioration de la communication entre les acteurs de la copropriété reste une priorité. Plus directe, plus régulière, plus claire : la communication est un levier essentiel pour restaurer la confiance, prévenir les tensions et favoriser l’implication de chacun dans la gestion de son lieu de vie.
La participation aux assemblées générales
La participation aux assemblées générales constitue également un enjeu important, avec seulement 56% des copropriétaires qui y participent régulièrement. Ce chiffre varie significativement selon l’âge, atteignant 70% chez les 65-80 ans, mais seulement 42% chez les 45-54 ans. Parmi les raisons de non-participation, le manque de temps (38%) et le manque d’intérêt (32%) dominent.
Concernant l’organisation pratique de ces assemblées, 64% des propriétaires estiment que le meilleur moment se situe vers 18-20h en semaine. Ce qui pourrait constituer une recommandation concrète pour les syndics soucieux d’améliorer la participation.
Conclusion
Le sondage “Copro, mon amour” dresse un portrait nuancé de la perception du syndic de copropriété en France. Si certains préjugés sont battus en brèche, notamment concernant la satisfaction globale et le coût réel des services, des axes d’amélioration importants demeurent.
La communication, d’abord, reste un enjeu central pour instaurer une relation de confiance durable avec les copropriétaires. Vient ensuite la nécessité d’une plus grande transparence dans la gestion, afin de rendre les actions du syndic plus lisibles et compréhensibles par tous. Par ailleurs, l’adaptation aux outils numériques s’impose comme une étape incontournable pour moderniser les pratiques et faciliter les échanges au quotidien. Enfin, l’accompagnement de la transition écologique devient un axe stratégique, en réponse aux nouvelles obligations réglementaires, mais aussi aux attentes croissantes en matière de performance énergétique.
Autant de défis que les syndics devront relever dans les années à venir, s’ils veulent répondre efficacement aux attentes des copropriétaires.
« Les 60 ans de la Copropriété coïncident avec une nouvelle donne. Ainsi, les contraintes budgétaires et environnementales du pays obligent les syndics à réinterroger les priorités de gestion de l’immeuble collectif privé, pour fournir un service performant, dans l’intérêt individuel et collectif. » Danielle DUBRAC, Présidente de l’Unis France.