Aller au contenu

Equipements

Comment l’habitat bas carbone et connecté s’impose-t-il en France ?

Comment l’habitat bas carbone et connecté s’impose-t-il en France ?

Alors que la transition énergétique se poursuit et que les attentes des ménages évoluent, les équipements électriques et connectés occupent une place croissante dans le logement. L’étude « Les Français face aux équipements électriques – 2025 », publiée par Promotelec, apporte un éclairage précis sur les usages, les perceptions et les besoins liés à cette transformation. Son enseignement principal est clair : l’habitat bas carbone et connecté devient progressivement une réalité, bien qu’il demeure freiné par des obstacles techniques, financiers et culturels. Cette enquête nationale montre comment les Français abordent les questions de sécurité électrique, de rénovation, d’objets connectés ou encore de mobilités électriques. Ainsi, elle révèle un paysage résidentiel en transition, parfois hésitant mais engagé vers une nouvelle étape.


Sommaire :


À retenir – l’habitat bas carbone et connecté

  • Les Français utilisent massivement l’électricité pour les usages domestiques, ce qui facilite l’évolution vers un habitat bas carbone et connecté.
  • Une part importante du parc résidentiel nécessite des rénovations, mais les freins financiers ralentissent fortement les projets.
  • La sécurité électrique reste un enjeu essentiel et insuffisamment maîtrisé, avec une connaissance limitée des normes et bonnes pratiques.
  • Les objets connectés progressent dans les foyers, surtout pour la maîtrise énergétique et la sécurité, même si leur diffusion reste minoritaire.
  • Les mobilités électriques renforcent le rôle du logement comme centre énergétique, favorisant un modèle d’habitat bas carbone et connecté.

Où en sont les Français dans l’habitat bas carbone et connecté ?

Un socle électrique solide pour accompagner la transition

Les usages électriques sont déjà largement ancrés dans les foyers. La majorité des ménages utilise l’électricité pour leurs besoins domestiques essentiels : la cuisson (66%), l’eau chaude sanitaire (34%) ou encore le chauffage (24%). Ce socle facilite la transition vers un habitat bas carbone et connecté. Car il permet l’intégration rapide d’équipements plus performants, de systèmes intelligents de pilotage ou de solutions d’optimisation énergétique.

Répartition des types d’énergie selon l’usage dans le logement
Répartition des types d’énergie selon l’usage dans le logement

Les données recueillies dans cette étude Promotelec montrent également une relation de confiance entre les ménages et leurs installations électriques. En effet, une large majorité considère que leur installation est fiable et adaptée aux usages du quotidien. Elle est aussi jugée suffisamment performante pour répondre aux besoins actuels. Cette perception renforce un climat rassurant. Elle constitue aussi un point d’appui important pour le déploiement de nouvelles technologies, car les utilisateurs se sentent en sécurité dans leur environnement domestique.

Une installation jugée sûre mais parfois vieillissante

Cette confiance générale n’empêche pas la présence de fragilités structurelles. En effet, un quart des Français estime que l’installation électrique de leur logement est vétuste. Ce chiffre, en progression, montre un besoin réel de modernisation. De plus, les logements anciens ou les installations vieillissantes doivent parfois être renforcés pour accueillir des équipements récents. C’est particulièrement le cas pour ceux qui nécessitent une puissance plus élevée ou une protection renforcée.

Par ailleurs, la diffusion d’équipements électriques plus énergivores s’accélère, qu’il s’agisse des pompes à chaleur, des climatiseurs fixes ou des bornes de recharge pour véhicules électriques. Dans ce contexte, la modernisation de l’installation devient indispensable. Le passage à un habitat bas carbone et connecté suppose donc un diagnostic précis du logement, puis une mise à niveau adaptée lorsque cela s’avère nécessaire.

Une aspiration réelle, mais une adoption encore progressive

L’étude montre que le logement idéal, selon les Français, se situe à la croisée de plusieurs attentes : confort, écologie, sécurité et technologies. Ainsi, près d’un tiers souhaite un logement confortable avec les commodités électriques actuelles. Une part presque équivalente privilégie un habitat écologique capable de produire sa propre énergie. Ces aspirations convergent vers la notion d’habitat bas carbone et connecté, pensé comme un modèle autonome, sobre et mieux piloté.

Cependant, l’adoption des objets connectés reste limitée. Certes, le taux d’équipement progresse, mais seule une minorité de foyers dispose aujourd’hui d’un système de vidéosurveillance, d’un interphone connecté ou de capteurs intelligents. Les bénéfices sont connus, mais plusieurs freins subsistent, notamment les coûts, la perception de complexité et les questions liées à la cybersécurité.

Quels besoins de rénovation pour accélérer la transition ?

Des travaux nécessaires dans un parc résidentiel souvent ancien

Le parc immobilier français est en grande partie vieillissant. Beaucoup de logements nécessitent des travaux de rénovation, qu’il s’agisse de l’enveloppe du bâtiment, de l’installation électrique, du système de chauffage ou de la ventilation. Deux ménages sur cinq estiment que leur logement nécessite des travaux importants et plus d’un sur deux a déjà réalisé des rénovations majeures au cours des quinze dernières années.

Obstacles et motivations à la rénovation énergétique
Obstacles et motivations à la rénovation énergétique

Les travaux les plus fréquents portent sur l’isolation, avec une priorité donnée à l’isolation intérieure ou extérieure. Cette tendance confirme que l’amélioration du confort thermique reste un enjeu majeur pour les ménages. Or, l’amélioration de l’isolation est directement liée à la transition vers un habitat bas carbone et connecté. Car elle permet de réduire les besoins énergétiques et d’optimiser l’efficacité des systèmes de chauffage ou de climatisation intelligents.

Le frein financier, principal obstacle identifié

Le coût des travaux constitue aujourd’hui le frein numéro un à la rénovation. En effet, de nombreux propriétaires ont renoncé à leurs projets en raison de la baisse des aides publiques et de l’incertitude entourant les dispositifs disponibles. La prime CEE, par exemple, reste mal connue ou mal comprise. Ainsi, seule une part restreinte de ménages y a effectivement recours.

Les données montrent par ailleurs une forte demande pour une rénovation plus accessible. Une large majorité estime indispensable que les travaux deviennent financièrement abordables pour tous. Cependant, seuls un quart des répondants jugent cela probable à court terme. Ce décalage entre les attentes et la réalité révèle les limites structurelles du système d’aides actuel.

De plus, l’absence d’un cadre financier stable et lisible complique la transition vers un habitat bas carbone et connecté. Celle-ci implique souvent un investissement initial important : isolation performante, mise aux normes électriques, installation de systèmes connectés, production photovoltaïque ou encore solutions de stockage.

Des attentes convergentes sur le confort thermique

Les attentes liées au confort sont clairement identifiées. En effet, la majorité des propriétaires qui prévoient des travaux souhaitent améliorer le confort thermique en hiver, notamment pour limiter les pertes de chaleur. Ils cherchent aussi à mieux supporter les épisodes de chaleur estivale, devenus plus fréquents.

Pour répondre à ces besoins, plusieurs solutions intelligentes existent : stores connectés, thermostats programmables, systèmes de gestion de la climatisation ou capteurs de température. Ces équipements contribuent à réduire la consommation d’énergie tout en améliorant le confort quotidien. Toutefois, leur intégration dans un logement suppose une installation électrique conforme, une rénovation préalable si nécessaire, et parfois la mise en place d’équipements complémentaires.

Sécurité électrique : un pilier sous-estimé de l’habitat bas carbone et connecté

Une perception positive, mais des lacunes significatives

La sécurité électrique est un élément essentiel de l’habitat moderne. La majorité des Français estime que leur installation est sûre. Cependant, cette perception ne reflète pas toujours la réalité. En effet, une part importante du parc résidentiel présente encore des équipements vieillissants ou non conformes aux normes actuelles.

Connaissance des normes électriques - habitat bas carbone et connecté
Connaissance des normes électriques

De plus, la connaissance des normes reste limitée. Plus de la moitié des ménages ignorent qu’il existe une norme de référence pour les installations électriques. Et, une large majorité ne connaît pas les six points clés de mise en sécurité. Pourtant, la maîtrise de ces règles est indispensable pour garantir la sécurité du logement, surtout dans un habitat qui devient progressivement plus électrifié et connecté.

Les 6 points clés que doit respecter une mise en sécurité électrique :

  1. Présence d’un disjoncteur général facilement accessible.
  2. Protection de tous les circuits par un dispositif différentiel associé à une prise de terre
    (ce dispositif permet de détecter les fuites de courant et de protéger l’ensemble de l’installation).
  3. Présence d’un disjoncteur de protection contre les surintensités à l’origine de chaque circuit, adapté à la section des conducteurs (il s’agit des disjoncteurs du tableau électrique dont le calibre correspond à la section des fils).
  4. Présence d’une liaison équipotentielle dans chaque salle d’eau ou salle de bains, avec respect des règles d’installation autour de la baignoire ou du bac à douche.
  5. Absence de matériels électriques vétustes, inadaptés ou dangereux (prises cassées, fils dénudés, matériel obsolète, risques de contact avec des parties sous tension, etc.).
  6. Absence de câbles apparents ou dénudés, les fils doivent être protégés par des conduits, moulures ou plinthes isolantes.

Des pratiques du quotidien à surveiller

Les comportements du quotidien peuvent accroître les risques électriques : laisser des chargeurs branchés en permanence, utiliser des équipements vétustes ou ne pas faire vérifier son installation régulièrement. Ces habitudes, communes et souvent perçues comme anodines, augmentent le risque de surchauffe, de court-circuit ou d’incident.

Un Français sur dix a déjà été confronté à un incident électrique. Ce chiffre, significatif, rappelle l’importance d’une installation conforme et d’un usage prudent. En particulier dans un contexte où la consommation électrique augmente avec la multiplication des appareils connectés.

Le rôle central des professionnels

Les professionnels du secteur jouent un rôle essentiel dans la modernisation du parc. La majorité des ménages les sollicite en cas de problème, ce qui montre la confiance accordée à leur expertise. Ils sont indispensables pour garantir la fiabilité d’un habitat bas carbone et connecté : installation de bornes de recharge, mise en conformité des tableaux électriques, pose de pompes à chaleur, conseils sur les objets connectés, maintenance préventive.

Objets connectés et mobilités électriques : vers un habitat bas carbone et connecté

Une diffusion encore limitée mais en progression

Les objets connectés s’installent progressivement dans les foyers. Ils sont utilisés en priorité pour la sécurité, notamment via la vidéosurveillance, les interphones ou les alarmes. Ils servent aussi à la gestion du quotidien, par exemple pour le chauffage, l’éclairage ou certains appareils électroménagers. Toutefois, leur taux de pénétration reste modeste. Dans la plupart des catégories, il demeure inférieur à 20%.

Diffusion des objets connectés
Diffusion des objets connectés

Cette progression s’explique par plusieurs bénéfices clairement identifiés. D’abord, les objets connectés permettent de réduire la facture énergétique. Ensuite, ils facilitent le pilotage à distance, le suivi de la consommation et l’automatisation de certains équipements. Ces fonctionnalités constituent un pilier de l’habitat bas carbone et connecté, car elles reposent sur une maîtrise plus fine des usages domestiques.

Les avantages identifiés par les ménages

Les Français reconnaissent largement l’intérêt des équipements connectés pour mieux maîtriser leur consommation. Ils identifient des bénéfices concrets, comme la capacité à réduire la facture d’électricité grâce au pilotage automatique, à ajuster le chauffage ou l’éclairage depuis un smartphone, ou à programmer certains usages en fonction des heures creuses.

La simplicité d’utilisation est également perçue comme un atout. Plus de la moitié des utilisateurs déclarent qu’il est facile de piloter un équipement connecté ou même plusieurs via une seule application. Cette perception positive favorise la diffusion progressive de ces systèmes.

Les mobilités électriques : un prolongement du logement

La montée en puissance des mobilités électriques modifie progressivement l’usage du logement. En effet, les vélos et les trottinettes électriques sont majoritairement rechargés à domicile, le plus souvent sur une prise standard. Les voitures électriques suivent la même tendance. Là encore, les ménages privilégient la recharge domestique, soit via une prise renforcée, soit grâce à une borne installée chez eux.

Recharge des nouvelles mobilités
Recharge des nouvelles mobilités

Cette évolution renforce donc la dimension énergétique du domicile. Le logement devient un véritable centre de gestion de l’énergie et s’intègre dans un modèle cohérent d’habitat bas carbone et connecté. Toutefois, la recharge des mobilités exige une installation électrique adaptée, un tableau correctement dimensionné et, parfois, la mise en place d’équipements spécifiques.

Au-delà des usages et des équipements, l’étude Promotelec montre que la transition vers un habitat bas carbone et connecté repose sur trois leviers essentiels : la modernisation des installations, la maîtrise des consommations et l’accompagnement des ménages. Les Français avancent progressivement, qu’il s’agisse de rénovation, de sécurité électrique ou de nouveaux usages numériques. Toutefois, la réussite de cette transformation dépendra autant de la capacité des foyers à s’équiper que du soutien technique et financier mis à leur disposition. Le logement devient ainsi un acteur à part entière de la transition énergétique et un espace clé pour préparer les usages de demain.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

Laisser un commentaire