En 2023, la France comptait 3,1 millions de logements vacants, soit 8,2% du parc. Parmi eux, 1,1 million relevaient d’une vacance dite structurelle (plus de deux ans). Dans sa question écrite, le député Sébastien Huyghe attire l’attention sur cette crise et interroge le Gouvernement sur d’éventuels ajustements pour accélérer la remise sur le marché, notamment en zones tendues. La réponse ministérielle, publiée le 10 juin 2025, détaille les outils mobilisés depuis 2020 et leurs résultats. L’enjeu est double : mobiliser les logements vacants et éviter l’artificialisation en priorisant la reconquête du parc existant.
Sommaire :
- Quelle est l’ampleur du phénomène des logements vacants en France ?
- Quelles politiques publiques ont été mises en place depuis 2020 ?
- Pourquoi la remise sur le marché des logements vacants reste-t-elle difficile ?
- Quels outils numériques et incitations financières existent aujourd’hui ?
- Quelles solutions pourraient améliorer l’efficacité des actions ?
- Sources
Quelle est l’ampleur du phénomène des logements vacants en France ?
Les chiffres frappent. 3,1 millions de logements vacants en 2023 – soit 8,2% du parc – selon l’Insee. Plus inquiétant encore : 1,1 million sont vides depuis plus de deux ans. Dans les zones tendues, ces biens pourraient soulager une demande insatisfaite. Notons qu’un logement vacant est un bien inoccupé depuis au moins trois mois, selon la définition de l’Insee. Mais, on parle de vacance structurelle lorsqu’il est vide depuis plus de deux ans.
« La vacance structurelle représente un gâchis insupportable dans un contexte de crise du logement », dénonce le député Sébastien Huyghe dans sa question parlementaire.
En parallèle, la Fondation Abbé Pierre rappelle que 4,1 millions de personnes vivent dans des conditions précaires : hébergement d’urgence, logements insalubres ou surpeuplés. Ce qui illustre un décalage terrible entre l’offre théorique et besoins réels.
Quelles politiques publiques ont été mises en place depuis 2020 ?
Face à cette situation, le gouvernement a dégainé en 2020 le Plan national de lutte contre les logements vacants. L’objectif : remettre sur le marché 1,1 million de logements durablement inoccupés, dont 300 000 en zones tendues. Toutefois, ce plan s’inscrit dans une logique plus large. Celle d’atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN), de revitaliser les centres-villes et surtout de soutenir l’accès à un logement digne.
Par ailleurs, le ministère du Logement insiste sur la capacité désormais offerte aux collectivités de suivre et identifier précisément chaque logement déclaré vacant par les services fiscaux. En effet, la base LOVAC est un fichier national, mis gratuitement à disposition des collectivités depuis 2020.
Depuis le 1er janvier 2024, le gouvernement verse une prime de sortie de vacance dans le cadre du programme France Ruralités piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Cette aide complète les financements de l’Anah pour inciter les propriétaires à remettre sur le marché des logements inoccupés. En outre, elle cible en priorité les communes engagées dans des démarches de revitalisation comme les Opérations de revitalisation du territoire (ORT), les Opérations programmées d’amélioration de l’habitat en renouvellement urbain (OPAH-RU) ou les Programmes d’intérêt général (PIG). En 2024, les collectivités ont permis à 353 logements de bénéficier de cette prime. Le gouvernement analyse actuellement les retours du terrain afin d’évaluer son efficacité et d’ajuster le dispositif si nécessaire.
Pourquoi la remise sur le marché reste-t-elle difficile ?
Malgré les outils mis en place, les résultats déçoivent. Ces dispositifs peinent à produire des résultats significatifs à l’échelle nationale. Trois obstacles majeurs bloquent le processus :
- Les démarches administratives complexes découragent les propriétaires.
- Des aides financières jugées insuffisantes au regard du coût des travaux.
- Des logements vétustes, souvent aussi des passoires énergétiques.
Depuis 2020, à peine 22 000 logements ont retrouvé preneur ou ont été rénovés pour ne plus être classés comme passoires énergétiques.
Quels outils et incitations existent aujourd’hui ?
La lutte contre les logements vacants s’appuie sur trois leviers principaux :
- LOVAC, la base de données publique, permet aux collectivités de localiser précisément les biens vides.
- Zéro Logement Vacant (ZLV). Une start-up d’État, va plus loin. Elle aide à visualiser les données, repérer les passoires énergétiques et contacter directement les propriétaires. Résultat : 100 000 propriétaires approchés, 22 000 logements réhabilités ou reloués.
- Enfin, depuis le 1er janvier 2024, la prime de sortie de vacance encourage la remise en location dans le cadre du programme France Ruralités. Bilan : 353 logements reloués la première année.
Quelles solutions pour améliorer la situation ?
Dans sa réponse, le gouvernement identifie plusieurs pistes pour remettre les logements vacants sur le marché. Parmi elles :
- Mobiliser davantage les collectivités locales pour repérer et accompagner les propriétaires.
- Recourir à des leviers fiscaux ciblés, notamment dans les zones tendues.
- Adapter les dispositifs aux réalités locales et aux besoins des publics prioritaires, comme les étudiants ou les personnes âgées.
La simplification comme clé du succès
Mais, pour de nombreux élus, l’enjeu principal dépasse les incitations financières. Ils appellent à un changement de méthode, avec des démarches plus simples, des aides plus attractives et un suivi régulier des résultats afin d’ajuster rapidement les dispositifs. Ainsi, il faut rendre la remise sur le marché économiquement attractive et administrativement simple.
Un enjeu écologique autant que social
Au-delà de l’urgence sociale, la remise sur le marché des logements vacants répond à un impératif écologique. Chaque logement réhabilité, c’est une parcelle de moins à urbaniser. Le lien avec l’objectif de zéro artificialisation nette est direct : moins de constructions neuves, plus de valorisation du bâti existant.
Sources
- Question écrite n° 4226 – Sébastien Huyghe (Journal officiel, 18 février 2025) – Assemblée nationale.
- Insee – Données logement, vacance et mal-logement.
- Fondation pour le Logement des Défavorisés (Fondation Abbé Pierre) – 30e rapport sur l’état du mal-logement en France 2025.