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Santé

Qualité de l’air intérieur en France : progrès ou danger ?

Qualité de l’air intérieur en France : progrès ou danger ?

L’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI) publie des résultats encourageants. Son étude CNL2, menée de 2020 à 2023 sur 571 logements, montre une nette amélioration de la qualité de l’air intérieur. Mais, l’alerte reste de mise. Plus de 170 polluants ont été mesurés. Et 70% des logements dépassent encore les seuils pour les particules fines. En quinze ans, les concentrations de polluants ont pourtant baissé. Les COV chlorés chutent de 80% depuis 2003. Comment continuer à améliorer la qualité de l’air intérieur ? Cette étude propose des pistes concrètes pour protéger la santé des occupants.

Sommaire :

À retenir – Qualité de l’air intérieur

  • La qualité de l’air intérieur s’améliore globalement avec une baisse de 80% des COV chlorés en 15 ans
  • 70% des logements dépassent encore les seuils recommandés pour les particules fines PM2,5
  • L’étude CNL2 a analysé plus de 170 polluants dans 571 logements français représentatifs
  • Les mesures réglementaires et la sensibilisation du public expliquent cette amélioration progressive
  • Des défis persistent pour le radon (8% de dépassements) et le formaldéhyde (6% de dépassements)

Quels sont les principaux polluants mesurés dans l’air intérieur ?

Des substances variées sous surveillance

L’étude CNL2 a mesuré plus de 170 polluants atmosphériques dans l’environnement intérieur de 571 logements, répartis sur 321 communes et 84 départements. Parmi eux, les composés organiques volatils (COV) — comme le formaldéhyde, le toluène ou le benzène — figurent parmi les principaux contaminants domestiques surveillés. Ces substances proviennent essentiellement des matériaux de construction, des produits d’entretien et des activités de combustion. En outre, elles représentent un risque sanitaire omniprésent dans l’habitat.

Avec 1 516 personnes interrogées, l’étude permet d’extrapoler les résultats aux 29,7 millions de logements français. Un diagnostic approfondi qui éclaire la réalité de la pollution domestique à l’échelle nationale.

Focus sur les polluants prioritaires

Les composés organiques semi-volatils (COSV) — dont les phtalates et les retardateurs de flamme — s’imposent comme une préoccupation croissante pour la qualité de l’air intérieur. À leurs côtés, les particules fines PM2,5, le dioxyde d’azote (NO2) et le radon figurent parmi les polluants majeurs suivis de près. Cette approche exhaustive vise à mesurer l’exposition réelle des occupants à l’ensemble des contaminants atmosphériques. Ainsi, les mesures ont été menées sur sept jours consécutifs, dans le séjour et la chambre principale de chaque logement, garantissant un diagnostic précis de la qualité de l’air intérieur.

« Faute de valeurs de référence, pour de nombreuses substances les mesures d’exposition ne peuvent pas encore être interprétées en matière de risque sanitaire. La largeur du spectre des substances mesurées par la CNL2 permet aussi de mieux connaître l’exposome chimique, combinaison des différentes expositions et de leurs effets sur la santé, » soulignent Éric Vial et Julien Rogé, pilotes de l’OQEI.

Comment la qualité de l’air intérieur a-t-elle évolué en 15 ans ?

Une amélioration globale encourageante

La comparaison entre la première campagne CNL1 (2003-2005) et la CNL2 confirme une amélioration significative de la qualité de l’air intérieur. En effet, les concentrations de composés organiques volatils (COV) chlorés ont chuté de plus de 80%, notamment pour le 1,4-dichlorobenzène, le trichloroéthylène et le tétrachloroéthylène. Cette baisse spectaculaire résulte à la fois des mesures réglementaires et de l’évolution des pratiques industrielles.

Si la majorité des polluants ciblés reste détectée dans plus de 50% des logements, leurs concentrations moyennes ont nettement diminué. Un signal encourageant pour la prévention des risques sanitaires liés à l’air intérieur.

Des résultats variables selon les polluants

Le formaldéhyde enregistre une diminution de 28%, tandis que les particules fines PM2,5 reculent de 33%. De même, le benzène, classé parmi les polluants les plus préoccupants pour la santé, affiche une baisse de 47%. Ces résultats traduisent l’efficacité des politiques publiques déployées ces dernières années pour améliorer la qualité de l’air intérieur. D’autres COV suivent la même tendance, avec des réductions allant de 30% à plus de 80%.

En revanche, certains contaminants, comme le radon, restent stables. Un constat qui rappelle la nécessité de poursuivre les efforts de prévention sur l’ensemble des sources de pollution intérieure.

Qualité de l'air intérieur - Évolution des concentrations de polluants (CNL1 vs CNL2)
Évolution des concentrations de polluants (CNL1 vs CNL2)

Quels facteurs expliquent cette amélioration de la qualité de l’air intérieur ?

Les interdictions ciblées, moteur de l’amélioration de l’air intérieur

L’interdiction de certaines substances dans les produits de construction a joué un rôle clé dans l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. De même, L’étiquetage obligatoire des émissions polluantes incite les consommateurs à privilégier des matériaux moins nocifs, influençant directement la composition de l’air domestique. L’interdiction du tétrachloroéthylène dans les pressings illustre l’efficacité de ces approches ciblées, qui combinent action réglementaire et impact sanitaire mesurable.

Quels facteurs expliquent cette amélioration de la qualité de l'air intérieur ?

Les changements comportementaux

La prise de conscience des enjeux liés à la qualité de l’air intérieur a fait évoluer les habitudes de consommation. La baisse du tabagisme domestique, observée dans 20% des logements enquêtés, contribue à réduire la concentration des particules fines. Un effet direct des actions de prévention menées depuis 2005.

Comme l’expliquent Éric Vial et Julien Rogé, pilotes de l’OQEI : « Ces premiers résultats de la CNL2 illustrent parfaitement la vocation de l’OQEI, opéré par l’Anses et le CSTB, de mettre à disposition des connaissances fiables sur les environnements intérieurs pour alimenter l’action publique, la réflexion citoyenne et la communauté scientifique. »

Des campagnes nationales qui portent leurs fruits

Les Plans Nationaux Santé Environnement (PNSE) ont diffusé guides pratiques et supports d’information, renforçant cette prise de conscience collective. Des efforts qui commencent à se traduire par des changements concrets au sein des foyers.

Dépassements des seuils sanitaires dans les logements
Pourcentage de logements dépassant les valeurs sanitaires de référence selon l’étude CNL2

FAQ – Qualité de l’air intérieur

Quels sont les polluants les plus préoccupants dans nos logements ?

Les particules fines PM2,5 représentent le défi majeur avec 70% des logements dépassant les seuils. Le radon affecte 8% des logements, tandis que le formaldéhyde pose problème dans 6% des cas.

Comment la qualité de l’air intérieur a-t-elle évolué depuis 2003 ?

L’amélioration est significative : baisse de 80% des COV chlorés, 47% pour le benzène, 33% pour les particules fines et 28% pour le formaldéhyde. Cette évolution positive résulte des réglementations et changements comportementaux.

Quelles mesures ont permis cette amélioration ?

L’interdiction de substances nocives, l’étiquetage obligatoire des émissions, la baisse du tabagisme domestique et les campagnes de sensibilisation ont contribué à cette amélioration de la qualité de l’air intérieur.

Tous les logements français sont-ils concernés par cette pollution ?

L’étude montre que plus de 50% des logements présentent des polluants détectables. Cependant, les niveaux varient selon les régions, types de logements et habitudes des occupants.

Que faire pour améliorer la qualité de l’air intérieur chez soi ?

Privilégier des produits peu émissifs avec des normes environnementales strictes, assurer une ventilation mécanique efficace, réduire les sources de pollution intérieure et suivre les recommandations des plans nationaux santé environnement pour un habitat sain.

Isabelle DAHAN

Isabelle DAHAN

Rédactrice en chef de Monimmeuble.com. Isabelle DAHAN est consultante dans les domaines de l'Internet et du Marketing immobilier depuis 10 ans. Elle est membre de l’AJIBAT www.ajibat.com, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville. Elle a créé le site www.monimmeuble.com en avril 2000.

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